Permettra-t-il de dynamiser la filière, automobiles, camions et bus qui connaît un bouleversement mondial ?

Le cahier des charges

Le cahier des charges concernant l’automobile a été publié le jeudi 17 novembre 2022 n’étant qu’un texte juridique, l’important étant la réalisation sur le terrain, devant s’adapter à la profonde restructuration mondiale qui se dessine entre 2022/2030 de toute la filière automobiles, bus et camions. La vente au niveau intérieur est fonction du pouvoir d’achat, et pouvoir exporter où la concurrence est acerbe, l’on doit avoir des coûts compétitifs et répondre aux normes de la qualité.

Selon l’ étude réalisée par le magazine spécialisé Wards Auto, entre 2020/2021, il y a 1,42 milliard de voitures dans le monde, dont 1,06 milliard sont des voitures particulières et 363 millions des véhicules utilitaires. Mais la répartition mondiale est très inégale : rien qu’aux États-Unis, on compte une voiture pour 1,30 habitant. En Italie, on compte 1,3 véhicule par habitant. En Italie, il y en a un pour 1,45 et en France, au Japon et au Royaume-Uni, environ un pour 1,7 personne. En Chine, le ratio est d’une voiture pour 17 personnes, tandis qu’en Inde, il est d’une voiture pour 56 personnes. Il est évident qu’en Occident, le ratio est généralement plus faible. La question est de savoir ce qui se passerait si le monde entier avait des ratios comme ceux de l’Europe ou des États-Unis. Une utilisation excessive du pétrole entraînerait des pénuries de carburant et les émissions de CO2 monteraient en flèche, créant une situation insoutenable. Certains pays ont déjà pris des mesures pour endiguer la situation en appliquant des mesures telles que les programmes «no driving today» mis en œuvre et les restrictions à la conduite dans les grandes villes. Bien que certaines propositions aient plus de succès que d’autres, il ne fait aucun doute que la question commence à devenir une priorité et avec l’inévitable réchauffement climatique qui ne concerne pas seulement le par les voitures mais l’ensemble du système socio-productif, qui risque de bouleverser la vie sur terre, (le même modèle de consommation énergétique de par le dans le monde nécessiterait trois quatre fois la planète terre), la solution évidente est d’opter pour les énergies renouvelables et entre 2030/200 l’hydrogène vert pour l’industrie, l’agriculture, le BTPH et la promotion des transports publics (voir le débat Pr Abderrahmane Mebtoul Radio Beur/Fm Paris le 30/10/2022 17h sur l’Algérie et les enjeux géostratégiques et TV- LCP Paris chaîne parlementaire sur le réchauffement climatique et la sécurité mondiale a été diffusé le 31 octobre 2022 à 23h30 en présence de plusieurs experts disponible sur YouTube). La Chine s’est classée premier pays producteur d’automobiles au monde avec plus de 25 millions d’unités produites de janvier à décembre 2020. Les États-Unis et le Japon sont les deux suivants, avec respectivement 19 et 16,7 %. L’Union européenne dans son ensemble a réalisé 18 % de la production mondiale en 2020, contre 20 % en 2019. L’Allemagne se plaçant quatrième du classement des plus gros producteurs au monde, la France se classant 12e du classement. La Corée du Sud se retrouve au cinquième plus grand constructeur automobile au monde, cinq ans après l’avoir cédée à l’Inde. Dans cette conjoncture, nous assistons à des restructurations importantes de cette filière avec une concurrence vivace et des ententes entre grands groupes pour contrôler des espaces régionaux, pour atteindre le seuil de rentabilité, il faut au minimum une production entre 250 000 et 300 000 unités par an, avec les actuelles restructurations s’orientant vers de 400 000-500.000 unités /an pour les voitures individuelles et plus de 150 000 -200 000 par an pour les camions/bus. Aucun pays dans le monde n’a dix à vingt constructeurs c’est une aberration unique dans l’histoire, les USA ou les pays européens et asiatiques entre trois et cinq constructeurs. La situation du marché mondial de voitures est évolutive, ce marché étant un marché oligopolistique, fonction du pouvoir d’achat, des infrastructures et de la possibilité de substitution d’autres modes de transport notamment le collectif spécifique à chaque pays selon sa politique de transport, ayant connu depuis la crise d’octobre 2008 d’importants bouleversements, les fusions succédant aux rachats et aux prises de participation diverses. Nous observons deux tendances opposées qui sont en train de se produire en même temps : la localisation de la production sur certaines zones géographiques et sur certains pays et la délocalisation ; et pour ce qui est de la localisation de la production automobile mondiale, elle se concentre régionalement sur trois zones : l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. De plus, sur chacune d’entre elles, la fabrication est localisée sur certains pays. Ainsi, en Europe, les principaux fabricants sont l’Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l’Italie. En Amérique du Nord, la production se concentre majoritairement sur les Etats-Unis, et en Asie. Elle se trouve au Japon et en Corée du Sud. Pour les exportations mondiales d’automobiles, la concentration est encore plus élevée, puisqu’elle est limitée principalement à deux zones : l’Europe et l’Asie. Et que dans un futur proche avec la perte de compétitivité de certains pays au profit de certains pays émergents (Russie, Inde, Chine, Brésil), nous devrions assister à la réorganisation de la production mondiale de véhicules et de toute évidence, les usines qui se maintiendront sur chaque pays seront les plus compétitives, les priorités des dirigeants étant donc : technologie, innovation (robotisation) approche collaborative, meilleures stratégies de succès et environnement.

2. Qu’en est t-il pour l’Algérie ? Dans le cahier des charges, il est précisé que l’exercice effectif de l’activité de construction de véhicules est subordonné à l’obtention d’un agrément, délivré par le ministre chargé de l’Industrie, sur avis conforme d’un comité, composé, en plus d’un représentant du ministre chargé de l’Industrie (président), d’un représentant du ministre chargé de l’Intérieur et des Collectivités locales, un représentant du ministre chargé des Finances, un représentant du ministre chargé des Mines, un représentant, du ministre chargé du Commerce et un représentant du ministre chargé de l’Emploi, en tant que membres. Le constructeur de véhicules bénéficie du régime fiscal préférentiel prévu pour les matières premières importées ou acquises localement, ainsi que pour les composants acquis auprès de sous-traitants locaux, sur la base d’une liste quantitative établie au titre de chaque exercice fiscal, comme partie intégrante d’une décision d’évaluation technique délivrée par le ministre chargé de l’Industrie L’obtention de l’agrément est soumis une série de conditions à savoir que le constructeur devra établir en matière de construction les montants des investissements projetés, les modèles de véhicules à produire localement, l’accompagnement et l’homologation des sous-traitants locaux, le taux d’intégration minimal de 10%, au terme de la 2ème année, 20% au terme de la 3ème année et 30% au terme de la 5ème année et exporter durant la cinquième année . Et, dans le cas de non atteinte des taux d’intégration prévus, il est accordé au constructeur un délai supplémentaire de douze (12) mois avec une réduction de 25% du programme pluriannuel d’approvisionnement, diminué de ses stocks importés restants, non assemblés, devant disposer d’une unité de recherche, de développement et d’innovation dédiée, notamment à l’amélioration des process de production, au savoir-faire et au transfert technologique. En cas de cessation de l’activité, le constructeur est tenu d’assurer, à travers son réseau de distribution, la disponibilité de la pièce de rechange et accessoires d’origine ou de qualité équivalente homologuée par le constructeur propriétaire de marques, sur une durée minimale de cinq (5) ans. Pour les actions concrètes, l’article 29 du cahier des charges stipule qu’il n’y aura pas d’importation pour les véhicules diesel, ne sont autorisés à l’importation par les concessionnaires de véhicules neufs, dans la catégorie de véhicules de tourisme, que ceux équipés d’un moteur essence, électrique, hydrogène, hybride : essence/électrique, essence/hydrogène, ou GPL / GNC ou en être prédisposé, et dont les émissions de gaz sont conformes à la législation et à la réglementation en vigueur.
Dr Abderrahmane Mebtoul, professeur
des universités, expert international
(A suivre)