Le voyage en soi-même

Introspection

Se connaître pour mieux se comprendre et envisager l’avenir sous les meilleurs auspices, à la lumière de l’expérience de la vie ici-bas. Tel est le but du voyage en soi-même choisi comme thème dans l’analyse du bonheur et le bonheur de l’analyse de Montaigne ou « La volonté d’être soi » d’Alain.

Nous avons choisi ces auteurs parce qu’ils sont universalistes et pédagogues connus et reconnus mieux placés que tout autre pour parler du «moi» que les surréalistes ont choisi pour développer leurs théories opposant le moi intérieur au moi social.
Pour ces bons écrivains auxquels on associe Rousseau, il ne sert à rien de regretter le passé ou de s’y attacher à moins que l’on se limite à en tirer des leçons, sinon à en connaître l’expérience pour modifier son moi, aider les autres à rendre parfaite leur existence. Cela signifierait que de nouvelles perspectives d’avenir peuvent toujours apparaître pour tous ceux que la vie n’a réservé que des revers. Se connaître est utile dit Montaigne par la rétrospection et l’introspection.

Ce que se connaître veut dire ?
Se connaître soi-même, c’est connaître le but de ses actions et leur utilité. Mais il est difficile d’apporter un jugement sur soi. On peut soit se mésestimer, soit se surestimer. Dire de soi moins qu’on est, c’est une sottise, l’inverse l’est également. S’occuper de soi, c’est se plaire en soi, se hanter et pratiquer que c’est se trop chérir. Dans l’analyse du bonheur, l’art de vivre de Montaigne consiste en l’acceptation de la nature humaine, mettre en harmonie l’âme et le corps, jouir du temps qui passe et en jouir pleinement, est une devise qui, appliquée à la lettre conduit à un meilleur profit de la vie qui s’écoule vite.
Ce qu’il dit dans sa langue du Moyen-Age : «A mesure que la possession de vivre est plus courte, il me la faut rendre plus profonde et plus pleine.». Miguel d’Unamuno quant à lui en tant que précurseur de l’existentialisme parle de deux moi différents, le véritable et l’ombre. «Il s’agit donc d’un moi enraciné dans nos profondes entrailles, celui qui entonne pour nous le chant de pureté de notre lointaine jeunesse et cet autre être parvenu et superposé à lui qui n’est que l’idée que les autres se forment de nous, qui s’impose à nous et qui en fin de compte nous étouffe ; on peut dire que le philosophe espagnol Miguel de Unamuno rejoint les surréalistes dont il est le contemporain, en voulant opposer le moi intérieur au moi social.

Aider les autres à mieux se connaître
Tel est le fondement de la philosophie d’Alain admirateur de Socrate, auteur de la fameuse citation « Connais-toi toi-même », aussi pernicieuse que vraie. Pour Alain, les qualités fondamentales que l’homme en général doit avoir à l’image d’Hercule sont : grandeur d’âme, courage, générosité. La forme littéraire qu’Alain créé à son usage. C’est «la libre médiation de l’esprit. Après s’accomplit dans le propos». Tout d’abord, la vie de l’esprit qui est comprise comme un défilé d’opinions, de sentiments, de pensées, de vagues projets, de vaines délibérations dit être sauvée. Pour Alain, un esprit vigoureux ne délibère que devant l’objet devant le terrain s’il s’agit de construire, devant les restes du feu, s’il s’agit de mesurer l’ampleur d’un désastre ; toute autre façon de méditer ou de penser intérieure sans rapport avec un objet extérieur et sans importance.

Vie extérieure en apparence
et intérieure en réalité
«Ce titre montre bien que c’est l’intériorité, qui a la primauté. C’est l’intérieur qui façonne l’extérieur. Selon Alain, les stoïciens désignaient l’âme ou l’esprit par le mot gouvernement. On l’a appelé gouverne», pour plus de commodités. Ce qui a fait dire à Alain : ta gouverne, voilà ta vie intérieure. Cependant, l’homme dans sa diversité n’est pas toujours maître des actions qu’il est supposé capable d’exercer sur l’extérieur. Quiconque est incapable de conduire ses actions ne peut plus prétendre à l’honneur de penser. Il lui faut beaucoup d’efforts pour arriver à la maîtrise de l’extérieur.
Les seuls domaines d’action sur lesquels peut s’exercer la gouverne, c’est le travail mensuel comme labourer, construire, ajuster qui donnent un meilleur appui à la pensée. Pour découvrir son vrai moi, il faut exercer un travail qui corresponde à ses talents, à ses prédispositions. C’est l’action qui conduit donc à la connaissance du moi, si l’on veut connaître l’enfant, il faut l’instruire, mais on peut affirmer aussi qu’il faut construire l’enfant pour le connaître dit Alain en sa qualité de pédagogue émérite. C’est en exerçant une discipline scientifique, un métier qu’on se découvre ou qu’on découvre ses capacités ou ses insuffisances. L’homme désespéré est celui qui recommande ou ne se connaît pas.
Chez Rousseau, on parle de l’observateur et de l’observé qui, en réalité, ne font qu’un dans son livre Les Confessions, il se fait juge de lui-même dans toute son originalité, sa différence, sa singularité. «Moi» seul : je sens mon cœur et je connais les hommes. En écrivant Les Confessions, le philosophe, également pédagogue incontournable, voulait faire un livre utile aux hommes et même un des plus utiles qu’on peut leur offrir. Ces trois auteurs universalistes tous les trois d’époques différentes ont tracé la voie la plus sûre à tous ceux qui veulent réussir par une meilleures connaissance du moi et des autres ou inversement : on découvre son moi par l’intérieur : un métier, les autres.
Les œuvres de ces philosophes de référence sont à décrypter sérieusement pour faire évoluer son moi, mieux le comprendre percer le mystère de l’âme et de l’esprit par des situations concrètes.

Abed Boumediene