A 83 dollars, le pétrole cherche sa voie

La crise énergétique menace les entreprises européennes de production

Après un léger rebond avant-hier, les prix du pétrole ont reculé encore hier, au lendemain de la clôture de la séance hebdomadaire du marché pétrolier, influencés par la décision du plafonnement des prix du pétrole russe, dont l’annonce est attendue le 5 décembre prochain par les pays du G7, mais aussi par la recrudescence du nombre de malades de Covid-19 en Chine. Le marché pétrolier demeure volatile et pèse sur l’état des marchés financiers, toujours dans l’incertitude.
Le baril de Brent a baissé de plus de 2,08%, hier, à 83,63 dollars, alors que le pétrole américain WTI a cédé 2,12%, à 76,28 dollars. Les grandes entreprises et investisseurs qui préparent leurs budgets et plans d’investissement pour l’année 2023, craignent un effondrement du marché des investissements si les pays industrialisés ne trouvent pas de solution à la crise énergétique qui menace leur machine industrielle. La prochaine rencontre des pays membres de l’Alliance informelle Opep+, conduite par l’Arabie saoudite et la Russie est décisive. La décision de maintenir la réduction de leur volume de production pour soutenir les prix du marché.
Le pétrole a perdu près de 10 dollars ces deux dernières semaines, ce qui inciterait les pays membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à camper sur leur position. L’Opep a déjà démenti toute éventuelle discussion interne sur une potentielle hausse de leur production, dans le contexte actuel.
La crise énergétique s’est installée dans la durée et ne peut être résolue dans l’immédiat. Le plafonnement du pétrole russe ne fera qu’aggraver la situation car certains pays producteurs de pétrole n’ont même pas atteint leur quota de production, ce qui impacterait l’offre sur le marché, notamment, en cas de la réouverture de la Chine l’année prochaine.
Réagissant à la décision du plafonnement des prix du pétrole russe, le Président Vladimir
Poutine a averti, jeudi dernier, contre de «graves conséquences». Les opérateurs économiques sont pris en otage d’une situation qui échappe complètement aux Européens qui comptent sur les Etats-Unis pour les aider, sauf que les USA ont changé de centre d’intérêt. Le pays s’intéresse désormais au marché indo-pacifique et à la façon de s’imposer face à son rival chinois.
L’Europe se retrouve seule dans cette crise énergétique qui menace sa souveraineté économique. Des entreprises cherchent à délocaliser leurs activités vers d’autres marchés, notamment, maghrébins pour échapper à la hausse des prix de l’énergie, mais aussi à l’arrêt de leur production. Cet hiver sera déterminant pour beaucoup d’entreprises, mais aussi pour les ménages. C’est une opportunité pour les pays producteurs qui ne devraient, toutefois, pas oublier d’accélérer leur transition énergétique et de penser à la phase après-guerre, comme celle du post-Covid-19.
Samira Tk