Appel à incriminer cet acte de violence au code pénal

Le phénomène des féminicides

Le phénomène des féminicides a pris des proportions inquiétantes ces dernières années. Au moins 141 femmes ont perdu la vie en Algérie entre le 1er janvier 2020 et 31 août 2022, selon le site « Féminicides Algérie » qui suit et recense les crimes dont sont victimes les femmes en Algérie. Un chiffre qui alerte sur la gravité du phénomène dans le pays.
A ce sujet, Maître Nadia Ait-Zai, avocate militante pour les droits de femmes et présidente de la Fondation pour l’égalité, a appelé à incriminer, dans le code pénal, cet acte de violence sans le conditionner. « L’une des mesures concrète à prendre pour lutter contre le féminicide, phénomène qui est en train de prendre de l’ampleur dans le pays, est de l’incriminer au code pénal », a-t-elle ajouté lors de son intervention hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale.
« Il faut punir sévèrement parce que la sanction est dissuasive », a préconisé l’avocate qui a expliqué que « il est vrai que dans le Code pénal, nous avons catégorisé les crimes et meurtres en homicide, infanticide et parricide. Aujourd’hui, il faut incriminer le féminicide dans la législation ».
D’autre part, l’intervenante a précisé que le féminicide est l’assassinat d’une femme, « de par son statut de femme, souvent par un proche qui aura perdu le contrôle sur elle, ou parce qu’elle ne fait pas les choses comme il l’a demandé ».
D’après l’avocate et au regard des chiffres effarants, et surtout des manières et du degré de violence dont sont commis ces féminicides, il est aujourd’hui urgent de procurer une protection effective à ces femmes victimes de violences, mettre en place des mécanismes tel que l’éloignement de l’agresseur et intervenir rapidement dès que la violence est signalée.
«La loi existe pour protéger les femmes. Elle dissuade, condamne et emprisonne pour tous les actes cités par le code pénal, particulièrement le meurtre », a-t-elle noté à ce sujet. Ce qui manque, selon elle, ce sont les mécanismes étatiques de prise en charge.
Pour cela, elle a relevé que « nous appelons à une protection effective des femmes (…) y compris par la mise en place de guichets uniques pour les victimes de violences, un espace qui soit près de l’hôpital, du commissariat, d’un centre d’accueil, etc.».
Au sujet de l’égalité, Me Ait-Zai constate que « le chemin est long » parce qu’il « se construit par des politiques publiques pour la rendre effective dans les relations familiales, dans les espaces public et professionnel ».
Toujours selon les statistiques données par « Algérie Féminicides », un compte Facebook qui recense les crimes commis contre la femme en Algérie, l’année 2021 est la plus meurtrière avec 55 femmes tuées. Pour l’année en cours, la même source avance le nombre de 32 cas, jusqu’au 31 août. Les premiers responsables de ces crimes sont souvent des membres de la famille de la victime. A titre d’exemple, les conjoints et les ex-compagnons.
Manel Z.