«Les contextes des batailles de l’Emir Abdelkader»

Colloque national à Oran

Le fondateur de l’Etat moderne algérien a montré à travers sa stratégie de guerre «une personnalité militaire distinguée», ont affirmé les participants au colloque national sur «les contextes des batailles de l’Emir Abdelkader» organisé dimanche à Oran.Les batailles qu’a menées l’Emir Abdelkader contre l’armée coloniale française et dont il a été victorieux dans un grand nombre d’entre elles, ont confirmé sa «grande capacité à développer des plans et des systèmes militaires selon une stratégie claire», ont souligné les chercheurs participant au colloque, organisé par le Laboratoire de recherches historiques, sources et traductions de l’université d’Oran 1 Ahmed-Ben Bella à l’occasion du 190ème anniversaire de la première allégeance au fondateur de l’Etat algérien moderne.
Djillali Bloufa Abdelkader, de l’Université d’Oran 2 Mohamed-Benahmed, a indiqué que l’Emir Abdelkader «s’est appuyé sur des méthodes de recrutement modernes pour former l’armée de résistance, établissant une armée régulière et une autre de volontaires en procédant à l’augmentation de leurs effectifs en un temps record pour passer de 12.000 éléments en 1834 à environ 60.000 en 1838, puis à 100.000 en 1840».
L’Emir Abdelkader, a-t-il ajouté, «s’appuyait sur toutes les tactiques militaires, selon les besoins et selon l’impact du déroulement des batailles ce qui a empêché l’armée coloniale française de l’éliminer, tout en ayant recours à la politique de la terre brûlée, à partir de l’année 1843».
Pour Sifou Fatiha de la faculté des Sciences humaines et islamiques de l’Université d’Oran 1, «l’Emir Abdelkader était un pionnier du renouveau et de la réforme militaire. Il a su transmettre son expérience militaire aux générations au travers l’inspiration de son conseiller Abdelkader Ben Rouina pour écrire le livre «Wichah el-kataïb wa zinatou El-Djeïch El-Mohammadi El-Ghaïb» en 1839, qui comprenait la vision militaire de l’Emir Abdelkader et la façon dont il organisait l’armée sous divers aspects, notamment les grades, les promotions, les pensions et la prise en charge de la santé de ses membres».
Mme Sifou a souligné que l’ouvrage a été traduit, par un certain nombre de généraux français, à la langue française, puis à d’autres langues. En outre, le ministère polonais de la Défense de l’époque avait envoyé une délégation pour rencontrer l’Emir Abdelkader lorsqu’il avait été emprisonné en France afin de s’inspirer de ce stratège dans le domaine, notamment, de l’organisation militaire.
Selon cette universitaire, les dirigeants de l’Armée de libération nationale (ALN), lors de la guerre du 1er novembre 1954, se sont inspirés de la théorisation militaire de l’Emir Abdelkader en organisant l’ALN et en planifiant un certain nombre de batailles majeures que cette dernière a menée contre l’armée coloniale française.
Pour sa part, la responsable du département d’histoire de la faculté des sciences humaines et islamiques, Zahra Souafi, a souligné l’importance d’étudier l’histoire militaire de l’Emir Abdelkader et de l’enseigner aux générations montantes, car faisant partie du génie du fondateur de l’Etat algérien moderne «qui a excellé dans tous les domaines et a su affronter une armée coloniale qui dépasse l’armée de résistance en nombre et en moyens».
Dahou Feghrour, doyen de la Faculté des sciences humaines et des sciences islamiques de l’université d’Oran 1, a mis en exergue les valeurs humaines et civilisées de l’Emir Abdelkader qui ont fait de lui le centre d’attention des hommes politiques et des dirigeants mondiaux, qu’il cherchait à ériger en valeurs universelles. Il disait : «si vous n’êtes pas mon frère en religion, vous êtes mon frère en humanité».
M.Feghrour a évoqué l’attachement de l’Emir Abdelkader aux valeurs religieuses et humaines dans tous les moments «afin qu’il ne perde pas de vue les valeurs sur lesquelles il a été élevé depuis l’enfance, même lorsqu’il combattait ses ennemis qui ont usurpé sa terre».
Au cours de ce colloque national, des communications ont été animées par des professeurs et chercheurs des universités d’Oran, de Mascara, de Relizane et de Chlef.
R.C.