Mohamed Yamani, premier représentant du sport algérien aux JO

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,A l’instar du rôle prépondérant joué par le sport national pour la reconnaissance de la glorieuse Révolution, lors de la période coloniale, l’Algérie a tenu à pérenniser sa présence dans les plus grands évènements sportifs, deux ans seulement après son indépendance, à partir des Jeux Olympiques de Tokyo (1964), au cours desquels elle a marqué une présence significative grâce à l’athlète Mohamed Lazhari, plus connu (aujourd’hui) sous le nom de Yamani.
Mohamed Yamani, cette grande icône qui jouit d’une popularité sans faille auprès du public algérien, comme étant le premier sportif représentant l’Algérie indépendante aux Olympiades de Tokyo, étonne par sa simplicité, sa modestie et sa grande sensibilité, quand il évoque, les larmes aux yeux, cette période importante étape de l’histoire du sport national.
Cet homme, choisi par le ministère de la Jeunesse et des Sports pour être le seul représentant du sport algérien au rendez-vous olympique, se rappelle, à ce jour et dans ses moindres détails, les péripéties de cette période inoubliable.
Issu d’une famille nombreuse de 12 enfants, dans l’antique Casbah, Mohamed Yamani (84 ans) se remémore le jour où son père lui demande, alors qu’il avait 12 ans, de pratiquer une activité physique, histoire de passer le temps mais aussi de développer son corps, ce qu’il a fait en rejoignant la salle «Patriote» située à la Basse Casbah.
Et, les vrais débuts de Yamani avec les couleurs nationales remontent en 1962 lorsque son club français «Puteau», l’a mis devant un choix cornélien : rester au club où aller porter le maillot de son pays d’origine et le retour au pays natal. Le jeune athlète fait sien le second choix sans la moindre hésitation, «une décision du cœur qui restera la principale étape de ma vie», dit-il avec fierté.
Après l’indépendance, Mohamed Yamani a pu conserver sa qualité d’athlète d’élite, grâce à son poste de conseiller sportif, ce qui a lui permis de retourner à Paris pour poursuivre sa préparation aux JO de Tokyo.
C’est au pays du soleil levant qu’a débuté le grand voyage de Mohamed Yamani, dont les sentiments sont pleins de «fierté», étant le premier Algérien représentant son pays au plus grand rassemblement sportif mondial, à savoir les Olympiades, mais aussi de «stresse» du fait qu’il assumait la grande responsabilité de faire «connaître un pays que beaucoup ignorait même à quel continent il appartient».
D’ailleurs, Yamani se remémore «de nombreux participants m’interpellaient pour me demander l’emplacement de l’Algérie, sa langue officielle et d’autres renseignements, mais ils savaient que c’est un pays révolutionnaire».
«Je me souviens que j’étais seul au village olympique et que je me concentrais sur les entraînements et la manière d’aborder la difficile tâche qui m’avait été confiée. Durant cette période, de nombreuses personnes m’avaient rendu visite pour s’informer sur l’Algérie», a t-il confié, révélant que lors de sa présence à Tokyo, l’ambassadeur d’Algérie au Japon, lui avait rendu visite pour lui prodiguer de «manière diplomatique et indirecte des conseils utiles».
Le gymnaste a avoué que, manquant de soutien et de conseil, il effectuait seul ses séances d’entraînement au village olympique, avouant qu’il avait envisagé de se rapprocher de ses collègues gymnastes français, avant de renoncer à cette idée, en constatant leur réticence.
Malgré sa volonté de réaliser de bonnes performances, Yamani a dû se contenter de la 91e place au classement final du concours général, estimant qu’il pouvait, pourtant, faire mieux si ses entraînements étaient meilleurs. «De toutes les manières, je n’avais pas l’obligation de résultat, mais de faire connaître l’Algérie sur la scène sportive internationale», a t-il dit.
Le porteur-drapeau national lors des JO-1964 de Tokyo a en outre relevé que le sport, en plus de l’intérêt qu’il suscite au niveau des médias, a toujours été une source de fierté pour les pays et les peuples.
Il a estimé dans ce sens que le sport a été de tout temps «capable de sortir les foules dans la rue pour manifester leur joie, lors des grandes victoires» et de faire connaître des pays «sur la carte géographique, dès que leurs sportifs décrochent des médailles dans les grands évènements internationaux».n