Surplus d’électricité de 10.000 MW, Arkab en opération séduction à Rome

Les autorités disposées à relancer et à réactualiser les études du gazoduc GALSI

Les pays riverains de la Méditerranée sont toujours en quête d’une vision commune plus stratégique pour se rapprocher et développer une coopération à bénéfices partagés. Les pays de la Rive Nord du bassin méditerranéen, en crise, manifestent aujourd’hui un intérêt particulier pour les pays du Sud, riches en hydrocarbures. Un intérêt motivé par la crise énergétique causée par la guerre en Ukraine qui a poussé les gouvernements de ces pays à chercher des solutions pour échapper au blackout électrique en plein hiver.
D’où le regard braqué vers l’Algérie considérée, actuellement, comme un partenaire énergétique fiable, sollicitée par de nombreux pays européens pour leur fournir plus de gaz naturel et pourquoi pas aussi de l’électricité. Ceci exige, par ailleurs, d’importants investissements pour relancer l’interconnexion électrique euro-méditerranéenne. C’est ce qu’a défendu le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab.
« Ces efforts doivent être accompagnés de l’appui des pays développés de la Rive Nord, à travers la mobilisation des moyens de mise en œuvre, à savoir des financements pérennes et prévisibles, un réel transfert de technologies, un renforcement de capacités et une assistance technique effective », a indiqué, le ministre, lors de sa participation à la 8e Conférence Rome-MED Dialogues, qui s’est déroulé du 1er au 3 décembre en cours à Rome, en Italie.
Il a réitéré la disponibilité de l’Algérie à soutenir les pays de la Rive Nord de la Méditerranée pour surmonter la crise énergétique qui menace leur économie et leur stabilité sociale, mettant en avant, le potentiel énergétique vaste et varié du pays, assurant, toutefois, que « le rapprochement et la coopération dans la région méditerranéenne devront être inclusifs et traiter de tous les aspects et volets liés à l’énergie (interconnexions électriques transfrontalières, hydrogène, énergies nouvelles) et ne pas se limiter aux hydrocarbures ».
Selon lui, les partenaires des deux Rives méditerranéennes doivent désormais repenser conjointement les approches traditionnelles et les adapter aux changements et défis actuels. Respecter le principe du partenariat gagnant-gagnant.
Il a cité l’expérience du pays en matière de partenariat, estimant que « pour l’Algérie, le partenariat est un choix stratégique, qui s’inscrit dans une démarche qui a permis à notre pays de s’imposer en tant que fournisseur énergétique historique, sûr et fiable, et qui œuvre pour maintenir ce statut sur la scène énergétique internationale ». « La sécurité énergétique doit être fondée sur le principe de durabilité et de la sécurité pour tous : celle de l’offre et celle de la demande, en assurant un approvisionnement sûr, fiable et régulier des marchés sur le long terme, de même que faciliter et sécuriser les investissements et les débouchés, permettant ainsi, d’asseoir les bases de la stabilité et de la prospérité mutuelle et partagée au sein de la région », a-t-il indiqué mettant en avant le rôle important et crucial que pourra jouer l’Algérie « dans la mise en place d’un espace de paix et de prospérité commun en Méditerranée, fondé sur la sécurité des approvisionnements et des débouchés, tout en préservant les intérêts de l’ensemble des parties »
Il a souligné, à l’occasion, la capacité du pays à accroître sa production de gaz naturel ainsi que ses exportations, et ce, grâce à la nouvelle stratégie mise en œuvre par la compagnie nationale des hydrocarbures, la Sonatrach qui prévoit d’investir plus de 40 Mds de dollars entre 2022-2026. « Ceci nous permettra de maintenir un niveau de production de 110 milliards de m3/an de gaz naturel, dont plus de 50% sont destinés à l’exportation », a assuré le ministre. Pour répondre à la demande croissante de ses clients en matière d’énergie, le ministre a déclaré que l’Algérie est attentive aux besoins de ses clients, et « disposés à relancer et à réactualiser les études du gazoduc GALSI, reliant l’Algérie à la Sardaigne », estimant que « la réalisation de ce second gazoduc permettra à l’Italie de renforcer son rôle de hub gazier européen ». L’Algérie pourra non seulement fournir du gaz à l’Europe via l’Italie, mais aussi de l’électricité qui pourrait manquer dans certains pays. « L’Algérie dispose d’une capacité de production de plus de 24.000 MW, pour un besoin moyen de 14.000 MW, ce qui lui permet de mettre quotidiennement sur le marché régional une capacité excédentaire de 10.000 MW », a indiqué le ministre, ajoutant que « ces capacités sont appelées à croître avec la concrétisation de l’ambitieux programme de développement des énergies renouvelables ». Pour pouvoir exporter de l’électricité, « nous comptons développer de vastes infrastructures de transport électrique et un réseau interconnecté, reliant l’Algérie à la Rive Nord de la Méditerranée », a-t-il souligné.
Samira Takharboucht