Diversifier le financement et l’investissement : Défi fondamental à relever en 2023

La fiscalité ordinaire atteindra les 59% du total des recettes budgétaires

La hausse conjoncturelle des cours du pétrole au début de l’année 2022, atteignant leur plus haut niveau depuis 2014, avant de glisser à nouveau sous le seuil des 80 dollars, hier, a permis à l’Etat de dégager d’importantes recettes, lui offrant aussi une grande marge de manœuvre pour augmenter les dépenses budgétaires consacrées aux programmes de soutien social, entre autres. Ceci indique que effectivement l’année 2022 a commencé sous de meilleurs auspices, portée par la croissance des recettes des hydrocarbures mais aussi par la hausse des recettes de la fiscalité ordinaire. C’est ce qu’a indiqué, lundi dernier, le ministre des Finances, Brahim Djamel Kassali, lors de la présentation du budget de l’Etat au titre de l’exercice 2023, au Conseil de la Nation.
Il a affirmé que ce budget «connaîtra une amélioration en termes de rentabilité de la fiscalité ordinaire qui atteindra les 59% du total des recettes budgétaires, contre 41% seulement des recettes de la fiscalité pétrolière». C’est encourageant pour le pays qui veut peser de tout son poids pour réussir ses objectifs stratégiques, dont la diversification de son économie et la révision de ses règles de la comptabilité. Lors de sa présentation, le ministre a exposé la nouvelle vision stratégique du Gouvernement qui devrait accélérer la mise en place de son nouveau modèle économique plus résilient, à travers une réforme économique globale et profonde. Dans son viseur, la révision des règles de comptabilité publique qui devraient, selon lui, passer progressivement d’une comptabilité budgétaire (recettes et dépenses) vers une comptabilité générale, plus complexe, mais plus performante, efficiente et transparente. De nouvelles mesures de soutien à l’investissement, à l’innovation, mais aussi à l’inclusion financière sont introduites dans ce texte de loi pour renforcer la rentabilité économique du pays.
D’où la promotion et le développement de la finance islamique dans le pays. Ses produits semblent séduire les Algériens, selon le ministre, assurant, dans ce sens, que «malgré la création récente de la commercialisation des produits de la finance islamique, les banques publiques ont réussi à enregistrer des résultats satisfaisants» jusqu’à fin août 2022 (294 guichets, 21.766 comptes, 49 milliards DA de dépôts, et 5 milliards DA de financement)».
Il a aussi fait référence au développement du paiement électronique qui gagne du terrain.
«Quelque 277 sites commerciaux sur internet proposaient le service de paiement électronique», a-t-il souligné, d’où l’urgence de réformer et de moderniser le système financier et bancaire algérien. Il est aussi indispensable de contrer la prolifération de l’informel dans le commerce en ligne, aussi problématique.
Le ministre a expliqué, auparavant, la détermination des autorités de s’attaquer à l’informel qui ronge l’économie nationale et de lever tous les obstacles qui entravent l’investissement au niveau local et national.
«Le secteur se dirige donc vers l’élaboration d’une nouvelle carte dédiée à ce domaine», a-t-il indiqué, évoquant «une carte qui se dessinera à travers une vision rénovée». Une conférence pour débattre de cette vision «se tiendra début de l’année prochaine», a-t-il ajouté estimant que «l’année qui sera marquée par le passage à une autre conception en matière d’exploration et dont l’objectif primordial vise à attirer plus d’investisseurs».
L’Algérie veut renforcer la valeur des investissements étrangers dans le pays et veut séduire les industriels européens qui font face aux effets «désastreux» de la crise énergétique, mais il faudra dans ce cas être plus «attractif» pour faire face à la concurrence. L’industrie européenne en quête de renaissance se délocalise déjà vers l’Amérique du Nord qui, comme l’Algérie, maintient une «politique protectionniste», ce qui a provoqué, selon les gouvernements européens une «distorsion à la concurrence» qu’il faut corriger.
Une autre opportunité qui se présente à l’Algérie pour attirer les industriels européens et profiter de sa position géostratégique. L’énergie et l’investissement constituent le moteur d’une économie dynamique et solide. Le capital humain devrait être placé au centre des préoccupations des autorités locales pour encourager l’émergence des jeunes porteurs de projets et les investisseurs à concrétiser leurs projets au niveau local.
La valorisation des compétences nationales profitera à l’économie nationale. L’Etat a promis de soutenir les jeunes investisseurs et de relancer progressivement les projets gelés.
Des étapes sont déjà franchies dans ce cadre, a fait savoir
M. Kassali, indiquant que «95% des autorisations des programmes faisant l’objet de gel reviennent essentiellement aux secteurs des Travaux publics, des Transports, de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur, de la Santé, des ressources hydriques, de l’Intérieur et des Collectivités locales».
En 2022, les autorités ont mis en œuvre «un programme de plus de 130 milliards de DA destiné au dégel de 301 projets d’investissements, porteurs de valeur ajoutée garantie sur les niveaux local et national», a-t-il précisé.
Ces défis restent entiers à l’aube de 2023 pour l’Etat qui devrait peser de tout son poids s’il veut atteindre ses objectifs stratégiques, dans un monde bien incertain.
Samira Takharboucht