L’Algérie et la grande menace des nouvelles formes de criminalité

Monde, crime électronique et société civile se métamorphosent

Le démantèlement récent d’un réseau international de pédophilie, dirigé par deux criminels marocains avec la complicité de quatorze Algériens, est un indicateur fort et flagrant de l’arrivée de nouvelles formes de criminalité au pays. L’émergence des réseaux sociaux en Algérie (plus de 40 millions d’Algériens utilisent l’Internet) dans un contexte mondial dominé par de fausses informations, harcèlement numérique, montée de l’espionnage et les formes du piratage, d’escroquerie également, la cybercriminalité a trouvé un refuge salutaire, allant jusqu’à même en découler d’autres formes de criminalité qui, jusqu’à présent, sont étrangères à notre société.

L’évolution rapide et troublante de la géopolitique mondiale accompagnée par l’émergence sans précédent des Technologies modernes, notamment l’utilisation record des réseaux sociaux, a percuté l’esprit de la population mondiale et, quelque part, causé l’extension de la cybercriminalité.
En Algérie, le pays n’a pas échappé à la nouvelle règle, l’évolution rapide de l’intelligence artificielle dans le quotidien des citoyens et dans le développement des secteurs vitaux a été, en parallèle, accompagnée par l’apparition de multiples formes de criminalité. Rien qu’entre 2020 et 2021, plus de 10.000 victimes, entre particuliers, institutions et entreprises, ont été dénombrées par les servies de sécurité dans le cadre de traitement des affaires liées à la lutte contre la cybercriminalité. Cette évolution inquiétante du crime électronique a été marquée par l’apparition de nouvelles formes de criminalité sur la Toile. Il s’agit surtout de la pédophilie qui est l’un des crimes les plus odieux qui puisse exister.
L’opération de haute qualité réalisée le 5 décembre dernier par les Service Central de la lutte contre la criminalité organisé (SCLCO) relevant de la DGSN, en venant à bout d’un vaste réseau spécialisé dans la pédophilie, dirigé par deux criminels marocains, est un cas de figure flagrant de l’apparition de nouvelles générations de criminalité. Le réseau faisant la promotion de publications immorales ciblant les enfants sur les réseaux sociaux, a été démasqué par l’unité pour la lutte contre la cybercriminalité relevant de la Direction générale de la sûreté nationale. Cette unité a réussi, fin novembre dernier, à arrêter 16 personnes sur 20 qui activaient en groupes fermés sur des sites de réseaux sociaux (Facebook), dont deux de nationalité marocaine.

2014, l’Algérie déplore les premières victimes de la cybercriminalité
Les premiers crimes électroniques traités par les servies de sécurité algériens remontent en 2014, l’époque durant laquelle le phénomène, nouveau, avait apparu. La criminalité sur la Toile, désignait couramment par le nom de cybercriminalité, a déjà causé près de 25.000 victimes depuis son apparition il y a dix ans en Algérie. Fraude sur internet, cyber-harcèlement, pédophilie, espionnage, atteinte au droit d’auteur, intimidation et atteinte à la dignité des personnes, escroquerie, cyber-terrorisme, atteinte à la sécurité morale et physique des personnes, désobéissance civile, menace de mort, cyber-attaque, piratage des comptes des internautes, des entreprises et institutions, haine, chantage et attaque réseau, un large éventail d’activités et multiformes criminelles ont vu le jour dans le monde virtuel, le numérique. Si en 2014, le nombre des affaires cybercriminelles traitées par les services de sécurité algérien ne dépassait pas les 250 cas, en 2021, ce nombre est passé à plus de 6.500 dossiers judiciaires. Sur les dix ans précédents, les bilans fournis par les services de sécurité sur la lutte contre le crime numérique parlent d’eux-mêmes ; ils désignent parfaitement une évolution significative et nette de la cybercriminalité. Ainsi, le nombre des dossiers judiciaires formalisés est passé de 246 dossiers en 2014, à 567 en 2015 puis 1.055 dossiers en 2016, pour atteindre 2.130 affaires en 2017, et de continuer sa marche pour atteindre 3.500 dossiers en 2018 ensuite 4.210 dossiers en 2019 pour arriver à 5.163 dossiers en 2020, soit une augmentation de plus de 2000% par rapport à l’année 2014.
En 2021, le nombre des affaires liées à la criminalité électronique ont atteint les 5.900 cas, dont 4.734 affaires ont été résolues. En deux ans, soit entre 2020 et 2021, le nombre des affaires liées à la cybercriminalité a franchi le cap des 10.000, faut-il le signaler. En 2021, les services de la Sûreté nationale ont traité 2.146 affaires cybercriminelles liées aux atteintes aux personnes contre 2.816 en 2020, soit près de 5.000 victimes ont subis des attaques sur le Net. Puis, l’escroquerie sur la Toile a connue une hausse durant l’année 2021, où les cyber-policiers ont recensé 500 affaires causant plus de 500 victimes de fraude
électronique. Les affaires liées au cyber-terrorisme ont, à leurs tours, connus une hausse avec 71 affaires traitées par la DGSN au cours de l’année précédente contre 51 affaires diligentées en 2020. Aussi, les attaques électroniques contre des données numériques ont marqué une augmentation durant l’année 2021, où 371 affaires ont été traitées contre 332 affaires en 2020.

La Covid-19 a donné une autre dimension à la cybercriminalité
La hausse vertigineuse du nombre des affaires criminelles depuis l’année 2020 comparant aux années précédentes a forcément des explications. L’émergence des technologies de l’intelligence artificielle en Algérie en générale et en particulier dans la société civile, est un facteur indiscutable. Aujourd’hui, plus de 40 millions d’Algériens possèdent un téléphone mobile, dont la majorité dispose d’un smart-phone, d’où l’accès au monde virtuel et l’utilisation des réseaux sociaux a, tout simplement, battu tous les records. Cette situation, bien quelle soit avantageuse et bénéfique à la fois, a, en revanche, fait apparaître une nouvelle forme de criminalité numérique, la cybercriminalité. Désormais, les utilisateurs de la Toile sont sous la menace d’harcèlement en tous genres mais, également de nouvelles formes d’escroquerie, de menace de mort surtout et de détournement de leurs photos à des fins criminelles. Une situation aggravée par l’arrivée et l’apparition de la pandémie de Coronavirus, un autre facteur qui a fait exploser le crime électronique, que l’ont assiste aujourd’hui. Le confinement sanitaire obligatoire de la population face à la propagation de la pandémie, a fait augmenter les affaires criminelles sur le net, allant jusqu’à même faire apparaître de nouvelles générations de crime. Dès les trois premiers mois du début de confinement total, soit entre mars et mai 2020, les affaires pénales constatées sur les réseaux sociaux et traitées par les services de sécurité ont battus tous les records, leurs nombres ont atteint 1.546 affaires cybercriminelles, selon un bilan établi par les services de sécurité lors de cette période. D’habitude, ce nombre considérable des affaires de la cybercriminalité est recensé sur une période de douze mois, toutefois le phénomène a explosé lors de confinement sanitaire. Un phénomène qui ne concernait pas uniquement l’Algérie mais le monde entier a déploré la même situation, une montée explosive de la criminalité sur la Toile. La longévité du confinement sanitaire a percuté l’esprit et le moral des Algériens et accentué, en conséquence, la criminalité sur les réseaux sociaux. Haine, atteinte à la dignité des personnes, agressions physiques et morales, appels à la vengeance, nervosité excessive, désobéissance civile, fausses informations, de multiples postures ont envahis les réseaux sociaux, cette arme technologique à double tranchant. Une tendance qui s’accélère trop rapidement chaque jour et qui, par conséquent, engendre davantage de victimes. Pour faire face à cette nouvelle forme de criminalité, l’Algérie était contrainte de se doter, il y a un an, de nouvelles lois et d’un dispositif juridique récent, incriminant la publication des propos racistes et les fake news, les agressions morales, les appels à la désobéissance sur les réseaux sociaux. L’Etat avait décidé d’agir avec la plus grande fermeté contre les publications à caractère criminel y compris les fake news. Le ministère des Affaires religieuses a été mis à contribution dans la lutte dont les ravages sont très déplorables. Le ministère avait publié, en 2020, une fatwa avis juridique donné par un spécialiste de la loi islamique conte les fausses informations. Mais malgré toutes ces décisions, les agressions sur les réseaux sociaux n’ont pas cessé, elles ont même doublé. Les réseaux sociaux sont les véritables réservoirs du mal et des supports importants de la publication de la haine, où les appels aux agressions collectives contre des médecins avaient pris forme en printemps 2020, faut-il le rappeler. C’est ici que les appels à la désobéissance civile sont diffusés et c’est sur ces réseaux sociaux que les atteintes à la dignité des personnes se comptent à la pelle, et c’est ici encore que, les fausses informations ou « fake news » circulent et se consomment par les internautes algériens.

10.000 affaires cybercriminelles
traitées entre 2020 et 2021
Les affaires liées à la cybercriminalité, le crime électronique, ne représentent que 1% par rapport au taux global des affaires criminelles pour l’année 2021, un taux dérisoire selon quelques constats. Toutefois, pour les services de la Sûreté nationale il s’agit d’un nombre considérable dans le traitement des affaires cybercriminelles, ce qui signifie une hausse inquiétante dudit phénomène. En 2021 elles ont atteints les 4.400 affaires traitées, dont 3.534 affaires ont été résolues soit une moyenne de résolution des affaires de 80,32%. En deux ans, soit entre 2020 et 2021, le nombre des affaires liées à la cybercriminalité a franchi les 10.000, faut-il le signaler. En 2021, les services de la Sûreté nationale ont traité 2.146 affaires cybercriminelles liées aux atteintes aux personnes contre 2.816 en 2020, soit prés de 5.000 victimes ont subis des attaques sur le Net. Puis, l’escroquerie sur la Toile a connue une hausse durant l’année 2021, où les cyber-policiers ont recensé 500 affaires causant plus de 500 victimes de fraude électronique.
Les affaires liées au cyber-terrorisme ont, à leurs tours, connus une hausse avec 71 affaires traitées par la DGSN au cours de l’année 2021 contre 51 affaires diligentées en 2020. Aussi, les attaques électroniques y compris les piratages contre des données numériques ont marqué une augmentation durant l’année 2021, ici 371 affaires ont été traitées contre 332 affaires en 2020, soit près de 700 attaques et tentatives de piratages perpétrés en deux ans.
Sofiane Abi