Secteur minier : Le train prend de la vitesse

Tebboune a réussi la révolution

La double crise sanitaire et économique qu’a connue le pays, ces deux trois dernières années, n’a entamé en rien la détermination de l’Etat pour relancer d’importants projets miniers, mis au placard depuis des décennies. Cet objectif figurait dans le Programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui semble avoir bien réussi son pari à relancer des projets miniers structurants diversifiés et à haute valeur ajoutée au niveau local. L’Etat s’efforce depuis 2021, en pleine pandémie et crise financière, de trouver des partenaires « sérieux et fiables » pour relancer les études, la recherche et l’exploration des sites miniers (fer, cuivre, zinc, phosphate…).
Les hautes autorités ont pris conscience de l’importance que représentent ces matières premières stratégiques dans le développement et l’émergence du pays. La guerre en Ukraine a révélé cette importance, mais surtout, la dépendance des pays industrialisés à ces matières, d’où l’intérêt accordé par l’Etat à l’industrie minière. C’est aussi une question de souveraineté économique du pays, prêt à mettre les bouchées doubles pour relever ce défi. L’année 2022 a commencé sous de meilleurs auspices pour le secteur minier relancé malgré un contexte et une configuration économique très délicats. Tout l’enjeu est là. L’urgence de relancer les projets miniers en suspens était comprise bien avant 2020, cependant, il fallait du temps pour mettre en place un programme de développement du secteur minier en tenant compte des contraintes administratives, réglementaires ou infrastructurelles pour pouvoir lancer des projets d’envergure. La priorité était aussi de valoriser les ressources minières (aurifères et terres rares). Ces matières stratégiques sont l’objet de convoitises dans le monde, car elles sont nécessaires et indispensables à plusieurs industries de haute technologie. Allant du secteur de l’automobile, de la téléphonie mobile, à l’industrie spatiale. L’enjeu est de taille.
Les grandes puissances économiques mondiales ne cachent plus leur intérêt pour les métaux rares. Lors de sa visite d’Etat officiel, au mois d’août écoulé, le Président français, Emmanuel Macron a souligné l’intérêt de son pays aux métaux rares de l’Algérie.
Cependant, c’est la Chine qui confirme son intérêt pour les mines algériennes. Au début de l’année 2022, l’Algérie et la Chine ont lancé un « premier investissement important de 7 milliards de dollars dans le domaine de production de phosphate ». Le contrat a été signé entre les groupes algériens Asmidal (filiale de Sonatrach) et Manal d’une part, et les sociétés chinoises Wuhuan et Tian’an d’autre part.
A l’issue de cet accord, une première société mixte, baptisée «Algerian Chinese Fertilizers Company (Acfc)» voit le jour. L’Algérie se lance ainsi dans la production du phosphate intégré et du phosphate alimentaire. L’objectif est de répondre aux besoins du pays en matière d’engrais et d’exporter l’excédent vers d’autres pays. Le secteur des engrais connaît une crise inédite depuis le début de la guerre en Ukraine. Une autre opportunité qui s’offre au pays qui prévoit « l’extraction et le traitement de 10 millions de tonnes de phosphate brut, en sus de la transformation de 1,2 milliard m3 de gaz naturel pour la production de près de 6 millions tonnes d’engrais par an », selon le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, qui a évoqué lors de son intervention au cours de la 34ème réunion de l’Union arabe des engrais, au début du mois d’octobre en Algérie, la
«  réalisation d’un complexe industriel pour la transformation de 700.000 tonnes de phosphate traité destiné à la production du phosphate alimentaire, des engrais phosphatés et d’autres produits chimiques ». Le ministère de tutelle qui vient de réformer sa loi minière et a décidé de créer une nouvelle école pour les futurs professionnels des mines ne cache plus son ambition de figurer parmi les premiers producteurs miniers dans le monde.
Beaucoup reste à faire, mais l’important est de commencer. Plusieurs projets sont déjà lancés. La mine de Ghara Djebilet n’est pas le seul mégaprojet à sortir du tiroir du Gouvernement, il y a aussi celui du phosphate sus-cité, le gisement de plomb et de zinc doit être exploité, situé à Oued Amizour, (Béjaïa). Le pays compte développer 26 projets miniers inscrits dans son programme visant à redynamiser le secteur. Le ministère prévoit d’organiser une communication sur « l’Atlas Saharien : challenge pétrolier et minier » au cours du premier trimestre 2023, selon le communiqué du ministère publié récemment, affirmant que l’objectif de cette conférence est de « préparer une nouvelle feuille de route touchant les domaines de l’exploration, tant pétrolière que minière, en vue d’intéresser les investisseurs nationaux et étrangers ». Pour accompagner ce développement, l’Etat investit davantage dans les infrastructures de transports, à travers lesquelles, il vise à renforcer le transport des marchandises des sites miniers aux usines de transformations. Mais aussi pour les acheminer vers d’autres régions. C’est l’objectif de l’autoroute transsaharienne, longue de près de 5.000 km entre Alger, Lagos au Nigeria. Le pays mène une véritable révolution minière.
Samira Takharboucht