Romain Ducret s’explique

Les Suisses encore sonnés

«Tous ceux qui s’intéressent un tant soit peu au football se souviendront très longtemps de ce huitième de finale contre le Portugal (1-6)». Une déroute que Romain Ducret tente d’analyser. «Pour être honnête, je suis moi aussi encore un peu sous le choc», commence celui qui est coach mental professionnel. «Jamais je ne me permettrai de juger qui que ce soit mais, d’un point de vue psychologique, j’ai l’impression que l’équipe de Suisse a perdu ce match dans le vestiaire, avant même de le commencer».
Lorsque la confiance disparaît…
Grand amateur d’un sport qu’il a lui-même pratiqué, Romain Ducret ne manque pas non plus de souligner les mérites des adversaires. «Il ne faut pas oublier que le Portugal a aussi livré une superbe performance collective.
Mais elle a été facilitée par des Suisses qui se sont très vite liquéfiés pour tomber dans un cercle vicieux qui les a amenés toujours plus bas. Une spirale négative qui engendre des émotions négatives.
Et lorsque la confiance disparaît, même le geste le plus simple devient subitement compliqué. Maintenant, Murat Yakin connaît mieux la situation que nous et il devait avoir ses raisons pour changer d’approche.»
«Constituer une base solide pour repartir de l’avant»
À la question de savoir si cette débâcle laissera des séquelles au sein de l’équipe de Suisse, Romain Ducret répond sans hésitation. «Il y aura bien entendu des conséquences, prévient-il. Positives et négatives. Si les joueurs et le staff parviennent à faire leur examen de conscience et à se remettre en question, cet échec pourrait avoir un effet bénéfique, constituer une base solide pour repartir de l’avant.
Mais si, au contraire, chacun rejette la faute sur l’autre en cherchant des coupables, il pourrait avoir de graves conséquences pour la suite. Dans cet ordre d’idées, d’après ce que j’ai lu et entendu, Yann Sommer et quelques autres ont tout de suite assumé l’échec en parlant d’une défaite collective, d’équipe.
Ce qui n’a pas encore été le cas de Yakin. Pour que l’aventure puisse continuer dans de bonnes conditions, il est impératif à mes yeux que le coach prenne lui aussi sa part de responsabilité.»
«Le sport est un truc génial»
«Tout ce qui s’est passé ces derniers jours, conclut Romain Ducret, montre que le sport est un truc génial. Après la belle performance réussie contre la Serbie et la qualification pour les huitièmes de finale, les émotions sont tout à coup montées tellement haut… pour retomber extrêmement bas après l’échec face au Portugal. En quelques heures seulement, tout a basculé d’un extrême à l’autre.» Ce samedi sur l’antenne de la RT Suisse, le gardien suisse Shaqiri et Zakaria ont livré leur avis. Pour Xherdan Shaqiri : «Je tiens à présenter mes excuses, ce n’est pas la vraie équipe de Suisse que vous avez vu ce jour. Certes, les changements faits par le coach nous ont surpris, mais on doit les accepter, ce sont les choix de l’entraîneur.» Denis Zakaria a ensuite parlé de sa «grosse déception». Ajoutant : «On n’a pas été à la hauteur, je suis très déçu. On a essayé de changer de système et ça n’a pas marché. Mais il est difficile d’analyser à chaud. À la mi-temps, menés 0-2, on ne voulait pas lâcher. Mais à 0-3 c’est devenu plus compliqué». Yann Sommer, très déçu, lui aussi, a dit «je ne vais pas bien. Je suis très déçu, on n’a pas fait une belle performance, l’équipe et moi. On avait un adversaire avec beaucoup de qualités et on n’a pas été très précis en première mi-temps. On a donné beaucoup d’occasions et beaucoup de buts à l’adversaire. Ce n’était pas une belle soirée pour moi. Peut-être que je pourrais mieux faire, il faudra analyser tout ça». R. S.