«Sefret El Ahassis»

Esma Alla en concert à Alger

«Sefret El Ahassis» (voyage de sensations), un concert époustouflant de chants andalous, malouf, melhoun, hawzi et chaâbi, a été animé jeudi soir à Alger par Esma Alla devant un public relativement nombreux.
Accueillie à la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (OREF), avec les applaudissements et les youyous de l’assistance, Esma Alla a déroulé un programme à plusieurs volets, allant d’extraits de chansons de la Nouba Zidène, à quelques pièces dans le genre malouf, puis un enchaînement du melhoun, suivi d’une suite de «hwaza» algérois, pour conclure avec une partie chaâbie.
Soutenue par un orchestre d’une dizaine de virtuoses dirigés par le maestro Tarek Kadem au piano, Esma Alla, dotée d’une voix suave à la tessiture large, a ouvert son spectacle avec les pièces, «Ya bahi el Djamel», «Hosn el Habib» et quelques «Khlassat» dans le genre Malouf. La cantatrice, au répertoire riche et varié, a ensuite rendu entre autres chansons hawzies, «Ah ya belaredj», «Aini chkat maâ qalbi», «Ya H’mem», «Aâyit ma neddemem», «Ya bechar Eddi labriya» pour conclure avec une suite de chants légers dans la cadence ternaire du berouali (6/8), incitant le public au déhanchement. Refermant les volets de la musique savante, la chanteuse, élégante et pimpante dans sa longue robe aux belles broderies traditionnelles de circonstance, a enchaîné avec du Melhoun, interprétant, entre autres pièces, «Lil’Allah ya chemaâ» aux consonnances ghernati, pour conclure avec quelques reprises du répertoire populaire chaâbi de grandes icônes disparues du genre.
Dans des atmosphères des grands soirs, Esma Alla a choisi pour la partie chaâbie, des pièces du qcid et de la chansonnette, entonnant notamment, «Roh Allah issahal» d’El Hachemi Guerouabi (1938-2006), «Wellahi ma drit» de Dahmane El Harrachi (1926-1980), ainsi que, «Sali trach qalbi yaâtik kh’barou» et «Metmeni lila Sahra» de Amar Ezzahi (1941-2016). Dans une prestation de haute facture, appuyée par un éclairage judicieux aux ornements géométriques variés et aux ambiances multicolores, vives ou feutrées, les spectateurs ont savouré tous les moments du spectacle dans la délectation, applaudissant longuement Esma Alla et ses musiciens.
En 1995, Esma Alla intègre l’association «El Andaloussia» de Sidi Bel Abbès, où elle passera quatre ans dans les classes de Ghizlène Addou, avant de poursuivre sa formation à Alger, au sein d’ «El Inchirah», une des plus prestigieuses associations de musique andalouse créée et dirigée par le regretté-maître Smain Hini.
Persévérante et assidue, elle progresse vite et excelle dans les genres, Senaâ, Hawzi, Aroubi, et Melhoun, jouant également de plusieurs instruments (Violon, mandoline et guitare).
S’investissant, en 2014, dans une carrière solo, la cantatrice à la voix présente et étoffée, compte à son actif plusieurs enregistrements de chansons sur nombre de plateformes digitales, Spotify, Deezer, Anghami, entre autres.
Préférant gérer sa carrière plutôt sur la toile, Esma Alla a également enregistré des «covers» de chansons andalouses revisitées et réarrangées dans un habillage moderne jazzé qui a révélé toute la richesse de ce style musical classique qui se distingue par sa noblesse et la pureté de son interprétation.
Organisé par l’OREF, le concert «Sefret El Ahassis» d’Esma Alla a été programmé pour une représentation unique.
R.C.