«A Alger, une trentaine de demandes de départs par semaine»

Départ des médecins algériens à l’étranger

Le président de l’Ordre national des médecins, Dr Mohamed Bekkat Berkani, est revenu, hier dimanche, sur le phénomène de départ des médecins algériens à l’étranger. Recommandant, au passage, d’offrir à ces médecins des solutions socio-professionnelles évolutives dans le temps. Et qu’il faut, estime-t-il, s’assurer que ces jeunes diplômés exercent leur métier de médecin. « Il y a énormément de départs. Au niveau de notre structure (l’Ordre national des médecins, ndlr), nous sommes sollicités pour des documents requis à nos médecins par les institutions étrangères », a-t-il indiqué.
S’exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale dont il était l’invité de l’émission « Invité de la Rédaction », Dr Berkani a fait remarquer que dans la seule région d’Alger, nous avons une trentaine de demandes de départs par semaine. « C’est une véritable hémorragie ! », a-t-il dit.
Sur les ondes de la même radio nationale Chaîne III, le président du Syndicat national des professeurs et chercheurs universitaires, et directeur des activités médicales et paramédicales à l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger, le Professeur Rachid Belhadj, a alerté, au mois de novembre dernier sur les départs, massifs, des médecins algériens à l’étranger. « C’est une véritable saignée pour le système de santé et pour tout le pays. Rien que durant l’année 2022, nous avons recensé le départ de 80 hospitalo-universitaires entre radiologues, ophtalmologues, dermatologues, urologues et réanimateurs », a-t-il déploré.
Pour parer à ces départs massifs, le représentant des professeurs-chercheurs a mis en avant la nécessité d’une réelle prise en charge des préoccupations de la corporation. Il est temps, a-t-il dit, de revoir le suivi des carrières et la formation de ce corps.
Annonçant, à l’occasion, l’ouverture des négociations sur le statut des hospitalo-universitaires avec le ministère de la Santé, pour améliorer les rétributions et l’organisation du travail.
De son côté, le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Docteur Lyes Merabet, a révélé, au mois de février dernier, qu’environ 1.200 médecins algériens, de différentes spécialités, s’apprêtaient à partir en France pour travailler dans ses hôpitaux après leur réussite aux épreuves de vérification des connaissances (EVC), organisées au titre de la session 2021.
« Le phénomène de la fuite des compétences n’est pas nouveau, mais s’accentue d’année en année, et finit par vider le secteur public de ses ressources », a-t-il observé.
S’il est admis que l’un des premiers facteurs expliquant ce phénomène est d’ordre économique, a-t-il poursuivi, la migration massive qui touche les compétences algériennes est aussi symptomatique d’une crise multidimensionnelle qui frappe le pays. « La recherche d’une meilleure condition sociale apparaît comme une des premières motivations qui poussent les médecins algériens à émigrer.
Il s’agit d’une aspiration matérielle, légitime du reste, mais c’est loin de mettre le doigt sur toutes les raisons de cette saignée », a ajouté le président du SNPSP.
Au-delà de l’aspect matériel, relève-t-il, il y a également tout un environnement professionnel (conditions de travail, reconnaissance du statut) ou encore l’environnement social peu favorable à l’épanouissement des médecins algériens. Mettant, par ailleurs, le doigt, sur le mal, chronique, qui ronge le système de santé en Algérie.
Rabah Mokhtari