Algérie : De grands projets à l’appui de ses objectifs d’intégration continentale

Troisième partenaire commercial africain des Etats-Unis

Les Etats-Unis ont exprimé lors du deuxième Sommet afro-américain organisé du 13 au 15 décembre en cours à Washington leur intention de redoubler d’efforts pour reconquérir l’économie africaine en vue de renforcer leur diplomatie et compétition économique.

C’était l’occasion pour se rapprocher des dirigeants africains, évitant tout sujet qui fâche, et discuter uniquement de coopération et de partenariat commercial, économique et énergétique durables. L’objectif était de restaurer les liens avec l’Afrique à travers le renforcement, en deçà des programmes de coopérations existants (Prosper Africa, African Growth Opportunities Act (AGOA)) et examiner les outils et moyens de mise en œuvre de la nouvelle stratégie du Président américain, Joe Biden, en Afrique.
Le défi sécuritaire pourrait compliquer ce retour américain sur le marché de certaines zones africaines instables. La stabilité sahélo-saharienne figure parmi les priorités de l’Algérie qui ne ménage aucun effort pour la paix dans ces régions.
Ces contraintes ne dissuadent pas le pays qui vise l’intégration africaine entière. Une vision défendue par le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, qui a mis en avant, lors de son intervention en qualité du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, lors de ce Sommet, les efforts de l’Algérie accomplis dans l’objectif de « libérer l’Afrique en lui donnant les moyens de se développer pour sortir de son isolement pour une plus grande représentation de l’Afrique dans les instances internationales ».
L’intégration économique de l’Afrique est nécessaire pour se hisser au rang des économies émergentes, mais aussi des plus fortes. Pourquoi pas ! La richesse de ce continent attire la convoitise des puissances économiques mondiales, Chine, Russie, Europe et des Etats-Unis qui veulent profiter de la baisse des investissements chinois en Afrique pour renforcer sa présence sur le marché, mais il faudra faire face à la concurrence extérieure turque, française, britannique et russe, mais aussi intérieure. L’Algérie est aussi intéressée par le marché africain et vise à renforcer sa présence sur ce marché en pleine croissance.
L’Algérie qui exporte déjà de nombreux produits vers les pays africains, veut profiter de la dynamique commerciale et économique que connaissent dans certains marchés locaux africains. Il faut dire que la vision des Etats-Unis aussi s’inscrit dans cette perspective, mais avec des objectifs géostratégiques plus élargis. L’investisseur américain doit partir à la découverte du marché africain très vaste et saisir cette opportunité pour développer des projets d’investissements structurants. M Aïmene Benabderrahmane a défendu l’attractivité du marché algérien devant les hommes d’affaires américains et les a invité à explorer toutes les pistes et des secteurs d’investissements très porteurs.
Il a souligné les progrès réalisés par le pays en matière de liberté économique, notamment, d’investissement.
Les Américains devraient élargir leur coopération vers d’autres domaines industriels afin de pouvoir concurrencer les produits chinois et turcs.
Les échanges commerciaux entre les USA et l’Algérie sont « faibles » et ne dépassent pas les 5 milliards de dollars, dont 3 milliards ne concernent que le secteur énergétique.
Dans le même domaine, le groupe énergétique américain « Occidental Petroleum », a co-signé avec le groupe italien « Eni » et le français « Total Energies » et la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, « un contrat d’hydrocarbures d’un montant de près de 4 milliards USD portant sur le développement du périmètre contractuel de Berkine (Ouargla). La directrice générale de la compagnie américaine a exprimé, à l’occasion, son souhait « de réaliser de belles choses en Algérie ».
La crise énergétique en Europe causée par la guerre en Ukraine est aussi une aubaine pour les Etats-Unis qui souhaitent venir en aide à leurs alliés européens qui convoitent depuis plusieurs mois le gaz algérien.
La Sonatrach aurait fourni 90 millions de mètres cubes de gaz naturel à l’Italie via le Gazoduc Transmed, selon les données provisoires de Snam Rete Gas, publiées il y a une semaine. Pour augmenter ses exportations de gaz vers l’Italie (accéder à d’autres marchés), l’Algérie envisage le projet du gazoduc GALSI la reliant à la Sardaigne. C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Energie, Mohamed Arkab lors de sa participation, samedi à Rome, à la 8ème édition du Forum de haut niveau pour le dialogue en Méditerranée (ROME-MED). L’Algérie pourra fournir plus de gaz et d’électricité aux Européens. Ces derniers ne cherchent qu’à passer l’hiver au chaud. De quoi nourrir les ambitions de l’Etat qui vise la concrétisation prochaine de la réalisation du grand Gazoduc transsaharien, reliant le Nigeria et l’Algérie via le Niger.
Autre projet majeur lancé par l’Algérie, l’autoroute transsaharienne de près de 4.500 km reliant Alger et Lagos Nigeria).
L’Algérie et ses partenaires africains visent à renforcer l’intégration régionale et promouvoir les échanges entre le Nord et le Sud du Sahara.
Renforcer la circulation des marchandises dans le cadre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), entrée en vigueur le 1er janvier 2021.
L’Algérie est devenue un acteur incontournable dans la région. Un allié « fiable et stable » pour les Américains qui veulent revenir sur le marché africain. Le transfert technologique et l’investissement direct sont indispensables pour construire un partenariat gagnant-gagnant sur le long terme.
Samira Takharboucht