Hommage à titre posthume à l’écrivain Merzak Begtache

Littérature

Le romancier, nouvelliste et traducteur Merzak Begtache (1945-2021) s’est vu décerner, à titre posthume, «le bouclier d’El Mahroussa de l’ordre du Mérite culturel», par la bibliothèque principale de lecture publique de la wilaya d’Alger.
A cet égard, le directeur de la bibliothèque, Abdelkader Djemaa a indiqué que cet hommage à titre posthume, organisé mardi par la bibliothèque principale de lecture publique de la wilaya d’Alger, à l’occasion de la journée mondiale de la langue arabe, célébrée le 18 décembre de chaque année, vient «en reconnaissance de ses grands efforts pour l’enrichissement de la culture algérienne» et consacre «le lien de ce grand écrivain et intellectuel avec la ville d’Alger».
Créé par la bibliothèque principale de lecture publique de la wilaya d’Alger, «le bouclier d’El Mahroussa de l’ordre du Mérite culturel» qui est à sa 5e édition, a été décerné à des écrivains et intellectuels originaires en majorité d’Alger, à savoir Mohamed Salah Seddik, Malika Griffou, Abdelaziz Boubakir et Kamel Bouchama, a-t-il précisé.
L’hommage à titre posthume a été rehaussé par la présence de plusieurs écrivains et intellectuels, ainsi que des proches et amis du défunt qui ont apporté leurs témoignages sur l’homme et l’écrivain.
Prenant la parole, le romancier Waciny Laredj est revenu sur les longues années qu’il a passées avec Begtache, le qualifiant de «grand écrivain» et de «bon ami», ajoutant qu’«il était présent avec courage durant la décennie noire et qu’il avait même survécu à une tentative d’assassinat». «Il était l’un des principaux romanciers algériens…ayant constitué un trait d’union entre la génération fondatrice de la littérature algérienne et la nouvelle génération d’écrivains», a-t-il dit.
Pour Laredj, Begtache a livré dans ses œuvres littéraires «des expressions personnelles qui ont déterminé sa vision», traitant la question de la Guerre de libération nationale avec un regard d’enfant notamment dans son roman «Touyour fi adhahira» (Les oiseaux du Zénith), puis à travers sa relation avec son père qui a cristallisé sa vision de la vie et du monde marin dans son roman «Khouya Dahmane», avec cette particularité de faire de ces personnages «des résistants refusant la soumission».
Le romancier est revenu sur la tentative d’assassinat dont Merzak Bektache fut victime dans les années 1990. Il a rappelé que le défunt était un nationaliste et un défenseur de la langue arabe qui a voué sa vie à sa patrie.
Le journaliste et écrivain Ameziane Ferhani a, quant à lui, mis en avant les qualités intrinsèques du défunt. «Je n’ai jamais rencontré de journaliste aussi sérieux et modeste que lui», a-t-il dit, précisant que Begtache lui envoyait régulièrement des textes à publier dans le journal dont il tenait la rubrique littéraire.
Merzak Begtache était «un mélomane, un amoureux des langues et un grand intellectuel», a affirmé l’intervenant.
L’universitaire, écrivain et traducteur Mohamed Sari est revenu sur les œuvres de Merzak Begtache, notamment «Indama yadjoue el bachar» (lorsque les gens ont faim) qui lui a valu un prix littéraire, soulignant que le défunt était «un grand romancier et un traducteur remarquable».
L’artiste plasticien Tahar Ouamane qui a côtoyé le défunt pendant plus de 40 ans lui a également rendu hommage. Le plasticien a réalisé plusieurs couvertures de romans de Begtache, notamment «Touyour fi adhahira» et «Dem el ghazal».
La cérémonie a également été marquée par une exposition des œuvres de Begtache et un hommage rendu à sa famille.
Né à Alger en 1945, Merzak Begtache a entamé sa carrière en tant que journaliste à l’agence Algérie presse service (APS) et dans plusieurs journaux en langues arabe et française avant de faire son entrée en littérature dans les années 1960 avec des recueils de nouvelles puis des romans.
Auteur de plusieurs romans dont «Indama yadjoue el bachar», «Touyour fi adhahira», «Madina tajliss ala taraf el bahr», «Djarad el bahr» et «Dar ezellige».
En 2017, il reçoit la médaille de l’ordre du mérite national au rang de «Djadir» et décroche le Grand prix du roman Assia-Djebar pour son roman en langue arabe «El matar yaktoub siratahou» (La pluie écrit ses mémoires).
R.C.