Pas de mesures de grâce pour les auteurs de détournement des deniers publics

Lutte contre la corruption

«Vingt milliards de dollars ont été recouvrés à l’intérieur du pays et nous poursuivrons l’opération de recouvrement du reste des fonds détournés», a fait savoir le Président Abdelmadjid Tebboune, lors de son entrevue périodique avec des représentants de médias nationaux, diffusée jeudi soir sur les chaînes de télévision et stations de radio nationales. L’Etat est déterminé à poursuivre la lutte contre la corruption, a-t-il réaffirmé. Il n’y aura pas de mesures de grâce au profit des auteurs de dilapidation et de détournement des deniers publics. Cette proposition faite dans certains milieux est rejetée par le Président Tebboune qui explique qu’elle est incompatible avec les principes de la morale et de la loi. «Des sommes faramineuses ont été détournées (à l’étranger) en 10 à 12 ans», a-t-il fait constater. Il a confirmé que «la majorité des pays européens ont prêté main à l’Algérie à ce sujet et affiché leur disponibilité à coopérer avec nous pour le recouvrement de ces fonds et leur restitution au Trésor de l’Etat algérien, pour peu que les procédures légales soient respectées». Quant aux autres biens sous forme d’hôtels 5 étoiles et autres, «nous avons été officiellement saisis pour les récupérer, particulièrement par les pays vers lesquels ces fonds ont été détournés et ceux qui étaient source de surfacturations», a dit le Président Tebboune qui a révélé que «des fonds ont été déposés dans des coffres privés, notamment en Suisse, au Luxembourg et aux Iles Vierges». Il a réaffirmé son engagement à récupérer ces fonds en dépit de la complexité de l’opération. L’argent corrupteur, qu’il soit propre ou sale, est également rejeté du processus électoral, a rappelé le Président Tebboune. Dans l’administration aussi, fait-il constater, la moralisation gagne du terrain, «même s’il reste des mesures à prendre mais il y a beaucoup de changements dans les comportements, par crainte de la réaction du public et par peur de la répression exercée contre les agents coupables d’actes de corruption, pour ne laisser aucune place aux magouilleurs et celui qui continue dans le même sens, paiera pour ses actes». Le Président Tebboune a expliqué que si la numérisation ne va pas au rythme qu’il souhaite c’est parce qu’il y a des arrière-pensées dans cette opération. Il souligne que c’est l’opacité qui a permis à des gens de faire ce qu’ils voulaient pendant plus de 20 années, d’où l’exigence de la transparence pour les dévoiler. A propos des entreprises créées par les hommes d’affaires véreux grâce à la corruption et à l’argent détourné, elles doivent revenir au peuple après décision de la justice, de la manière la plus simple et c’est ce qui est en train de se faire. Les entreprises saisies sont affectées chacune à son secteur d’activité. Nul besoin d’alourdir la procédure par la mise en place d’une société qui les aurait récupérées toutes sans distinction de la nature de l’activité, estime le Président Tebboune. Dans le même ordre d’idées, il a affirmé que l’ère de l’investissement et des marchés publics comme vecteur de corruption est révolue. Pour rappel, le Président Tebboune a ordonné la création d’une Agence nationale chargée de la récupération des biens et fonds confisqués, en tant que nouveau mécanisme à placer sous la tutelle des ministères des Finances et de la Justice, et a insisté sur «la définition des mécanismes plus flexibles en termes de recouvrement des biens de l’Etat, et l’allègement des procédures bureaucratiques, de façon à permettre de récupérer tous les fonds détournés», tout «en faisant preuve de réalisme dans le traitement des dossiers de lutte contre la corruption, à travers l’adoption de mécanismes simplifiés directs, loin des complications qui tendent à perdurer ce phénomène». Le président de la République a eu, en outre, en une autre occasion, à souligner la nécessité de «consacrer la suprématie de la Loi et de placer la protection du citoyen en tête des priorités et au centre des préoccupations de l’Etat». Pour le Président Tebboune «la Justice est le seul et unique pouvoir habilité à se prononcer sur les affaires de corruption. Elle est la seule et unique source chargée de la mise en place des mécanismes judiciaires de prévention de la société contre ce fléau». On sait que le Président Tebboune a appelé les Institutions de l’Etat à poursuivre la lutte contre toute forme de corruption, quelles qu’en soient les ramifications, en coordination avec les instances et pays concernés.
Lakhdar A.