Un objectif réalisable !

Exporter 100 milliards de m3 de gaz

Lors de sa dernière rencontre périodique avec la presse le président de la république, Abdelmadjid Tebboune, a encore une fois, rappelé son objectif de porter les exportations de gaz naturel à 100 milliards de m3 par an. Pour appuyer sa décision, le Président Tebboune dira lors de cette rencontre avec les médias d’avoir demandé à Sonatrach de porter la production actuelle de gaz naturel de 102 milliards de m3 à 150 milliards. En 2022 et selon les derniers chiffres communiqués par le directeur général des études et de la prospective au ministère de l’Energie et des Mines, Sonatrach a exporté 56 milliards de m3 de gaz naturel. Pour atteindre une quantité à l’exportation de 100 milliards de m3 il faudrait à l’avenir produire et exporter 44 milliards de m3 de gaz naturel supplémentaire.
L’Algérie a-t-elle les moyens d’atteindre cet objectif ? Si on se fie aux réserves de gaz naturel détenues par le pays, atteindre une production de 150 milliards de m3 par an est réalisable.
En 2021, l’agence américaine d’information sur l’énergie évaluait à 4 500 milliards de m3 les réserves de l’Algérie en gaz naturel. Classant l’Algérie en seconde position en Afrique après le Nigeria. Avec de telles réserves, la durée de vie des gisements de gaz naturel du pays dépasserait les 30 ans, si on prend en considération les nouvelles découvertes réalisées annuellement par Sonatrach et ses partenaires étrangers. Pour rappel, en 2021 Sonatrach a réalisée 5 nouvelles découvertes de gaz et 8 autres de pétrole . En parallèle la sécurité énergétique du pays est assurée par le très grand potentiel en hydrocarbures non conventionnelles pas encore exploité. Selon les premières estimations menées par des bureaux spécialisés, l’Algérie renferme la 3ème plus importante réserve de gaz non conventionnel et la 7e en pétrole au monde.
Mais si pour les réserves le problème ne se pose pas, il n’en est pas de même pour la production. Il faudrait de lourds investissements pour porter la production actuelle de gaz de 102 milliards de m3 à 150 milliards de m3. Des milliards de dollars devraient être injecté dans le développement et la production. Un effort qui doit inévitablement impliquer les partenaires étrangers de Sonatrach. Après les sanctions imposées aux exportations du gaz russe et les sabotages de Nord stream 1 et 2, les grandes compagnies pétrolières européennes doivent s’impliquer en investissant dans de nouvelles capacités de production et d’exportation de gaz naturel. Etant proche du marché européen, l’attractivité de l’Algérie dans ce domaine n’est plus à démontrer.
L’autre obstacle, les capacités d’exportation de gaz. L’Algérie compte actuellement deux gazoducs à l’exportation ayant une capacité de 42 milliards de m3 de gaz naturel. Le premier, Henrico Mattei, de 32 milliards de m3, approvisionne l’Italie et le second de 10 milliards de m3 va vers l’Espagne. Sonatrach dispose également de quatre complexes de liquéfaction dotés d’une capacité de production de 56 millions de m3 de gaz de GNL, soit l’équivalent de 33,4 milliards de m3 de gaz naturel. Donc, la capacité totale d’exportation de gaz naturel du pays serait de l’ordre de 75 milliards de m3 par an. Ainsi, atteindre les 100 milliards de m3 d’exportation passe par la construction d’un nouveau gazoduc en direction du marché européen. Depuis le début de la crise énergétique en Europe l’étude du vieux projet du gazoduc Galsi, reliant l’Algérie à la Sardaigne, a été relancée. Ce projet dont la longueur sous mer ne dépasse pas les 284 km permettrait d’augmenter sensiblement les exportations vers la rive Nord de la Méditerranée. Il y a lieu de souligner que les exportations par gazoduc restent très compétitives par rapport au gaz naturel liquéfié. Le GNL consomme trois fois plus d’énergie et doit être transporter par navires sur de très longues distances. Enfin, l’Algérie peut exporter une partie de son gaz naturel sous forme d’électricité. La puissance électrique installée du pays dépasse actuellement les 24.000 MW. Un excédent de puissance de 7.000 à 10.000 MW pourrait être exporté à un prix supérieur à celui du gaz naturel. L’idée de construire un câble électrique reliant l’Algérie à l’Europe fait, elle aussi, son chemin.
Dans l’ensemble, une hausse des exportations de gaz naturel de 40 milliards de m3 permettrait au pays d’engranger plus de 12 milliards de dollars de recettes supplémentaire aux prix de 2014. D’où l’importance stratégique de la décision du président de la République. M. Chermat