Les sept conditions pour que l’Algérie double ses capacités d’exportation à l’horizon 2025/2027

Approvisionnement de l’Europe en gaz

La dernière déclaration du président de la République lors de l’inauguration de la foire, selon laquelle l’Algérie pouvait doubler ses exportations en gaz en direction a été mal interprétée, certains organes de presse supputant faussement pour 2023.L’Algérie a produit selon le rapport de Sonatrach en 2021, 100,8 Gm3 (milliards de m³) de gaz naturel, soit 3,63 EJ (exajoules), étant prévu une hausse de 2,2% pour 2022. Ce volume est l’addition des exportations, de la consommation intérieure, plus l’injection dans les puits pour éviter leurs détériorations esp, en espérant que les exportations qui sont passées de 43 milliards de mètres cubes gazeux en 2021, à environ 56 fin 2022 n’ont pas été réalisées au détriment du taux d’injections dans les puits dont les normes internationales donnent un taux entre 20/30% de la production primaire. La future stratégie énergétique affecte les recompositions politiques à l’intérieur des Etats comme à l’échelle des espaces régionaux. Le doublement des exportations de gaz nécessite sept conditions et pas avant 2025/2027 , avec une part pour l’Europe , passant de 11% en 2021 à 20-25%.
La première condition concerne l’amélioration de l’efficacité énergétique et une nouvelle politique des prix renvoyant au dossier de subventions et donc de la forte consommation intérieure presque équivalente aux exportations, étant prévu 50 milliards de mètres cubes gazeux en 2025 selon le PDG de Sonelgaz. Il devient intolérable que l’on continue à la fois de livrer le prix du gaz à certaines unités à 10/20% du prix international et à construire des millions de logements avec les anciennes techniques alors que les nouveaux procédés permettent d’économiser entre 30/40% de la consommation d’énergie
La deuxième condition est relative à l’investissement à l’amont pour de nouvelles découvertes d’hydrocarbures traditionnels, tant en Algérie que dans d’autres contrées du monde, les hydrocarbures procurant en 2021 98% des recettes en devise avec les dérivées comptabilisées dans rubrique hors hydrocarbures pour une part dépassant les 60% et qui a permis ,outre les investissements via la dépense publique, d’avoir un niveau des réserves de change fin 2022 d’environ 55 milliards de dollars. La position de l’Algérie envers l’Europe et d’autres pays est claire : la loi nouvelle des hydrocarbures étant attractive, Sonatrach étant limitée dans l’autofinancement, venez investir dans le cadre d’un partenariat gagnant – gagnant et on pourra augmenter les exportations
La troisième condition est liée au développement des énergies renouvelables (actuellement dérisoires, moins de 1% de la consommation globale en 2021 ) devant combiner le thermique et le photovoltaïque, le coût de production mondial ayant diminué de plus de 50% et il le sera plus à l’avenir. A vec plus de 3000 heures d’ensoleillement par an, «l’Algérie a tout ce qu’il faut pour développer l’utilisation de l’énergie solaire, le ministère de l’Energie, ayant programmé sous réserve de trouver des financements 40% de la consommation intérieure à partir des énergies renouvelables horizon 2030 et une fraction exportable à partir des interconnexions.
La quatrième condition, selon la déclaration de plusieurs ministres de l’Energie entre 2013 et 2021, l’Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d’électricité croissante.
La cinquième condition est le développement du pétrole/gaz de schiste, selon les études américaines, l’Algérie possédant le troisième gisement mondial d’environ 19 500 milliards de mètres cubes gazeux, mais qui nécessite, outre un consensus social interne, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l’environnement et des partenariats avec des firmes de renom( voir dossier 9 volumes 890 pages sous la direction du Pr A.Mebtoul, opportunité et risques et urgence de la transition énergétique Premier ministère 2015) .
La sixième condition consiste en la redynamisation du projet GALSI, Gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie, qui devait être mis en service en 2012, d’une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux dont le coût était estimé en 2012 à 3 milliards de dollars, ayant doublé depuis ( un tracé très complexe), dossier que j’ai défendu lors de mon déplacement en Italie en 2010 et qui a été avorté par les élus de la Sardaigne .
La septième condition est l’accélération de la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l’Algérie, assistant à des discours contradictoires de plusieurs responsables du Nigeria entre 2020/2022), d’une capacité de plus de 33 milliards de mètres cubes gazeux, selon les études européennes de 2020 un coût d’ environ 20 milliards de dollars contre une estimation de 11 milliards de dollars en 2011, et nécessitant l’accord de l’Europe, principal client. Cependant, l’avenir 2030/2040, sera tourné vers l’hydrogène comme source d’énergie.
En conclusion, un langage de vérité s’impose afin de ne pas reproduire les erreurs du passé, outre ces affirmations de doubler les exportations de gaz en 2023, déformant les propos du président de la République, des instructions au plus haut niveau doivent être données pour solutionner au préalable, avant de déterminer la rentabilité économique, le facteur techniques déterminant de l’exploitation du fer de Gara Djebilet la teneur étant élevée en phosphore dans le minerai en moyenne 0,8% alors que le pourcentage admis pour son utilisation industrielle doit être inférieur à 0,1 %, norme internationale où selon la majorité des experts, c’est la condition fondamentale pour que les partenaires étrangers s’engagent dans ce projet, afin que le minerai enrichi en fer et débarrassé de son phosphore, puisse être utilisé par les industries sidérurgiques algériennes et exporté à l’étranger. Dans le domaine énergétique, les choix techniques d’aujourd’hui engagent la société sur le long terme : seul le Conseil national de l’Energie, présidé par le président de la République, est habilité à tracer la politique énergétique future du pays.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul