Investissements : 2023, année des premières réalisations

Le défi de la relance déjà relevé en 2022 avec le secteur automobile

Plus de 60 000 véhicules de marque Fiat « made in Algeria » seront produits localement et mis sur le marché dès la fin de 2023. Cette nouvelle année sera, également, marquée par le retour de l’importation de véhicules neufs et des véhicules d’occasion de moins de trois ans, après plus de trois ans de blocage, et la relance de l’activité des dix-neuf (19) entreprises confisquées dont les propriétaires sont poursuivis en justice pour corruption.

Peu à peu le secteur industriel algérien retrouve sa performance opérationnelle grâce à la réforme du système productif, accompagné d’un arsenal juridique et réglementaire efficace, visant à renforcer l’investissement national et étranger dans le pays. L’objectif principal de cette restructuration est de renforcer la production locale pour augmenter sa contribution au Produit interne brut (PIB) de 10 à 15%, avec un taux d’intégration progressif, allant de 10 jusqu’à 30% sur le court et le moyen terme, exigé pour les produits fabriqués localement.
L’Etat tente de reconstruire en mieux son secteur industriel après plusieurs années de crise et de blocage, incitant les entreprises nationales, publiques et privées, à se focaliser sur les aspects économiques, production et croissance solide et résilience. Le nouveau Code de l’Investissement, publié fin juillet 2022, a été révisé et amélioré pour aider les entreprises à promouvoir leur stabilité, augmenter leur production et pénétrer les marchés régional et international.
Les nouveaux textes réglementaires, repensés et améliorés, visent à relever le défi majeur de la croissance des entreprises industrielles, hors-hydrocarbures, et renouer avec l’esprit du partenariat basé sur le principe gagnant-gagnant. Le partenariat public-privé et public-public (ppp) est redéfini dans l’intérêt des entreprises et de l’économie nationales, en pleine émergence. Tout est repensé dans une vision rénovée, visant la remise à niveau et la modernisation de l’entreprise nationale pour se positionner sur le marché régional et africain, la destination privilégiée, à priori, par les opérateurs économiques algériens qui veulent profiter des avantages qu’offre le marché africain
(+ 1,2 milliard de consommateurs potentiels).

Première Fiat Algérie en décembre 2023
Pour redonner forme au secteur industriel et à celui de l’entrepreneuriat, l’Etat a pris d’importantes mesures financières, fiscales et parafiscales en faveur des groupes industriels en difficultés financières. Après l’évaluation de l’état de ces entreprises et de celles confisquées dont les propriétaires sont poursuivis en justice pour corruption, le ministère de l’Industrie a mis en place un programme de restructuration et de relance de 51 entreprises publiques économiques (EPE) en crise. Lors de la présentation de son bilan devant les députés, à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de tutelle, Ahmed Zeghdar a annoncé la relance de 10 entreprises dont les autres étant programmées pour 2023. Quant « aux 19 autres seront bientôt remises en service avant la fin de 2022 », a-t-il précisé.
Par ailleurs et concernant, la création de nouvelles entreprises en partenariat avec des investisseurs étrangers, l’Etat a mis en place un cadre réglementaire très attractif, mais aussi strict. Un guichet unique de l’investissement a été lancé, dans le cadre de la nouvelle loi sur l’Investissement, qui a proposé une série de mesures incitatives en faveur des investisseurs nationaux et internationaux, intéressés de s’implanter en Algérie, comme c’était le cas du géant mondial de l’automobile, Stellantis qui a signé, le 13 octobre 2022, une convention-cadre avec les autorités locales pour la production de véhicules de marque Fiat, à Oran, en Algérie.
Le Gouvernement s’engage à protéger les investisseurs étrangers, créateurs de richesses et de postes d’emplois dans le pays. Le marché local intéresse davantage les industriels étrangers qui cherchent à relocaliser leurs activités en raison de la hausse des factures d’énergie et l’inflation qui menacent leur pérennité et durabilité. L’Algérie ouvre ses portes à tous les investisseurs. Plus de 122 opérateurs se sont inscrits sur la nouvelle plate-forme numérique, pour demander des agréments afin d’exercer l’activité de concessionnaires et de construction de véhicules, en seulement une semaine depuis son lancement.
Plusieurs constructeurs automobiles internationaux, notamment, japonais ont exprimé leur intérêt pour investir en Algérie, après le constructeur franco-italo-américain Stellantis qui compte 14 marques de véhicules à son actif. Dans son plan stratégique de 2030, « Stellantis a annoncé son ambition d’atteindre une capacité de production d’un (01) million de véhicules/an d’ici 2030 dans la région Afrique et Moyen- Orient, et partant, réaliser une autonomie industrielle de 70 % », a fait savoir le groupe dans une déclaration en marge de la signature du cahier des charges fixant les conditions et les modalités d’exercice de l’activité de construction automobile, publié le 17 novembre 2022.
La relance de l’industrie mécanique bénéficiera, également, au secteur de la sous-traitance activant au niveau national dans le secteur de la pièce automobile, dont le nombre se situe entre 300 à 350, selon les chiffres avancé, auparavant par le directeur des industries sidérurgiques, mécaniques, aéronautiques et navales au
niveau du ministère, Mohamed Djebili, estimant qu’à partir de 2025 que le développement de ce réseau « permettra d’économiser les devises destinées à l’importation de pièces de rechange ». Le ministre table sur la création d’un million d’entreprises de sous-traitances en 2023.

L’Algérie compte 1,3 million
de PME, les clusters se renforcent
Les petites et moyennes entreprises (PME) bénéficieront, également, du soutien des autorités nationales et locales, visant à encourager les initiatives des jeunes. L’Algérie compte aujourd’hui 1,3 million d’entreprises. Le développement du tissu des PME exige, également, la mise en place des mécanismes et dispositifs d’accompagnement nécessaires à leur émergence et croissance. Mêmes dispositifs mis en place pour encourager les grandes entreprises à renforcer leurs activités sur le marché. L’Etat a appelé à l’implication des autorités locales dans le développement des activités de production et des nouvelles technologies, créatrices de richesses et d’emplois au niveau local.
L’opération de réhabilitation des zones industrielles (ZI) et les zones d’activités (ZA) se poursuit. Les contraintes bureaucratiques ne devraient plus poser problèmes aux investisseurs nationaux. Des commissions de suivi et de prise en charge de leurs doléances sont mises en place au niveau local pour les aider à trouver des solutions communes à leurs préoccupations.
« Quelque 2.308 hectares de foncier inexploité au niveau des zones industrielles (ZI) et des zones d’activités (ZA) ont été récupérés », a indiqué Zeghdar, affirmant, par ailleurs, que les directeurs de directions de wilaya de l’industrie ont reçu, durant les mois de septembre et octobre 2022, « quelque 1.808 opérateurs économiques ». L’amélioration de l’écosystème des affaires dans le pays et la stabilité financière draineraint davantage des investisseurs étrangers qui ont fuit le marché algérien, depuis l’instauration de la règle 51/49%, abrogée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a souligné à maintes reprises la nécessité de renforcer l’attractivité du marché national, mettant en avant les avantages du Code de l’Investissement qui « consacre le principe gagnant-gagnant et le bénéfice mutuel loin de toute idéologie ».
D’importants groupements d’entreprises ont été formés durant cette année en vue de relancer et augmenter la production des produits, particulièrement, de large consommation (huile, sucre, lait…). L’Algérie s’apprête à prendre un virage industriel décisif dès 2023. La renaissance industrielle s’inscrit dans l’agenda 2023 de l’Algérie et signera le début d’une nouvelle ère, loin des idéologies anciennes, responsables des choix coupables qui ont ravagé l’industrie nationale.
Samira Takharboucht