Une préoccupation de premier plan

Dossier de la Mémoire et de l’Histoire

«Un traitement responsable, intègre et impartial du dossier de la Mémoire et de l’Histoire, dans un climat de franchise et de confiance, est incontournable.»C’est en ces termes que le Président Abdelmadjid Tebboune a exprimé la position de l’Algérie sur le dossier de la Mémoire et de l’Histoire qui constitue encore, soixante ans après l’indépendance, un sérieux contentieux dans les relations avec la France. Depuis mai 2020, une «Journée nationale de la Mémoire» est célébrée le 8 mai en souvenir des massacres perpétrés à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes, en 1945, ce jour-là. «Parce que notre Histoire demeurera toujours au premier plan des préoccupations de l’Algérie nouvelle et de celles de sa jeunesse, une Histoire que nous ne saurions, en aucun cas, omettre dans nos relations étrangères, j’ai pris, à cette occasion, la décision d’instituer le 8 mai de chaque année, ‘‘Journée nationale de la Mémoire’’, de même que j’ai donné des instructions pour le lancement d’une chaîne télévisée nationale spécialisée en Histoire, qui constituera un support pour le système éducatif dans l’enseignement de cette matière que nous voulons maintenir vivace pour toutes les générations», a déclaré le Président Tebboune dans son message à cette occasion.
En 2022, pour la commémoration de la ‘’Journée de la Mémoire’’, le chef de l’Etat est revenu sur le sens de l’attachement au dossier de l’Histoire et de la Mémoire : «Les atrocités perpétrées à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes le 8 mai 1945 sont témoins de massacres hideux qui ne sauraient été oubliés… Ils resteront gravés, par leurs tragédies affreuses, dans la Mémoire nationale, mais également dans le référentiel historique dont les bases ont été jetées vaillamment par le combat de notre peuple contre l’injustice du colonialisme et en quête de la liberté et de la dignité.
Un combat mené par notre peuple brave par le moyen de résistances populaires, une lutte couronnée par la Glorieuse guerre de libération déclenchée un certain premier novembre 1954. C’est pourquoi notre attachement au dossier de l’Histoire et de la Mémoire émane de ces pages glorieuses et de la responsabilité de l’Etat envers son capital historique, étant un des fondements qui ont forgé l’identité nationale algérienne et un socle essentiel pour la construction du présent et l’anticipation de l’avenir sur les bases et les principes de l’éternel Message de Novembre.
C’est, en fait, un attachement qui s’éloigne de toute surenchère ou négociation pour préserver notre mémoire et œuvre parallèlement au traitement du dossier mémoriel et de l’Histoire en toute probité et avec objectivité dans la perspective d’établir la confiance et de jeter les bases de relations de coopération durable et fructueuse, garantissant les intérêts des deux pays dans le cadre du respect mutuel. «Le même thème a été abordé dans son message à l’occasion de la célébration de la Fête de la victoire le 19 mars, qu’il a qualifiée de «journée nationale historique consacrée par les sacrifices du peuple algérien et de nos innombrables valeureux martyrs en tant que symbole de la victoire et de la libération du joug colonial abject…», le Président Tebboune a souligné, encore une fois, que cette question de la Mémoire et de l’Histoire «demeurera au centre de nos préoccupations… Nous poursuivrons sans relâche et sans compromis le parachèvement de nos démarches». Le chef de l’Etat a insisté sur le droit de notre pays «à récupérer les archives, à connaître le sort des disparus durant la Glorieuse guerre de libération et à indemniser les victimes des essais nucléaires et autres questions liées à ce dossier… ». «Par fidélité au message de nos valeureux Chouhada», a-t-il souligné. Il a rappelé, à propos de la journée historique du 19 mars, que «la fidélité au message des Chouhada, l’amour de la patrie et la volonté de construire et de développer le pays sont autant de valeurs qu’elle véhicule et qui constituent une source d’inspiration pour les générations d’aujourd’hui et celles à venir». «En cette journée mémorable, prélude de la victoire, le peuple algérien y a puisé force et détermination pour affronter l’impact et les effets d’une destruction d’une grande ampleur, une destruction massive violente qui témoigne des crimes odieux du colonialisme et qui ne sauraient tomber dans l’oubli ni s’éteindre par la prescription», avait écrit le Président Tebboune dans son message.
Explicitant le sens de la célébration de cet événement historique qu’est le 19 mars 1962, ainsi que d’autres fêtes nationales, le Président Tebboune a écrit qu’il s’agit de rappeler à notre mémoire «les sacrifices des vaillants héros de la Révolution qui se sont empressés de rejoindre le combat dans les maquis, à travers les broussailles et les Oueds… Ils ont souffert et enduré, fièrement et bravement, les affres du parcours vers la liberté et la dignité ».
La position de la France sur la question de la Mémoire et de l’Histoire concernant la période d’occupation coloniale de l’Algérie, reste marquée par des pesanteurs qui empêchent les responsables concernés de franchir le pas et de reconnaître les faits, c’est-à-dire les crimes commis contre le peuple algérien. A l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, le Président français Emmanuel Macron a adressé un message au Président Tebboune dans lequel il s’est engagé à «poursuivre le processus de reconnaissance de la vérité», qu’il a commencé, on s’en souvient, en février 2017, à Alger, alors qu’il était candidat à un premier mandat présidentiel. Il avait alors déclaré que «la colonisation fait partie de l’Histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie. Et ça fait partie de ce passé que nous devons regarder en face, en présentant nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes». Le Président Macron s’est engagé également à poursuivre le processus de «réconciliation pour les mémoires des peuples algérien et français ».
Il y a en France, de puissants lobbies d’intérêts qui s’y opposent fermement. En mai dernier, dans son message à l’occasion de la célébration de la Journée nationale de la Mémoire, marquant l’anniversaire des massacres du 8 mai 1945, le Président Tebboune a évoqué «la rancœur de ceux qui ne se sont toujours pas débarrassés de leur extrémisme et attachement chronique à la doctrine coloniale désuète et misérable. Ceux-là n’ont pas appris des tentatives désespérées de dissimuler les vérités de l’Histoire par l’imposture et l’oubli». Il a rappelé que «les atrocités perpétrées à Sétif, Guelma, Kherrata et dans d’autres villes le 8 mai 1945 sont témoins de massacres hideux qui ne sauraient être oubliés…».
Le Président Tebboune avait expliqué que «notre attachement au dossier de l’Histoire et de la Mémoire émane de ces pages glorieuses et de la responsabilité de l’Etat envers son capital historique, étant un des fondements qui ont forgé l’identité nationale algérienne et un socle essentiel pour la construction du présent et l’anticipation de l’avenir sur les bases et les principes de l’éternel Message de Novembre». A propos de reconnaissance de la vérité, les Algériens attendent des autorités françaises du concret, qu’elles donnent, par exemple, des indications sur les disparus qui ont été assassinés sous la torture ou dans une «corvée de bois» ou pour «améliorer le bilan» des accrochages (achèvement des moudjahidine blessés) et dont les proches et les autorités algériennes ne savent pas où se trouvent leurs restes. Si leurs corps ont été enterrés ou abandonnés, les autorités françaises sont en mesure de situer les lieux. Mais, à ce jour, les autorités françaises, qui disposent de ces informations, refusent de les donner aux autorités algériennes afin qu’elles entament les recherches, ou les abandonnent selon les cas. Il est attendu des autorités françaises qu’elles disent tout simplement : «Pour tel disparu, voilà où il faut chercher, et pour tel autre, inutile de chercher, parce qu’il a été jeté en mer, ou pour une autre raison». Le 20 août, double anniversaire de l’Offensive du Nord-Constantinois et du Congrès de la Soummam (20 août 1955 et 1956), est célébré en tant que Journée nationale du Moudjahid et a été inscrit cette année dans le cadre de la célébration du 60e anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale. Le 20 août également reste placé sous le signe de la préservation de la mémoire collective, comme l’a indiqué le message adressé par le Président Tebboune aux Algériens à cette occasion.
Le président de la République a appelé à préserver la mémoire collective et à veiller à la protéger des fourberies de ceux qui, depuis des décennies, traînent derrière eux leur haine et leur âpre rancœur pour les réalisations de l’Algérie indépendante et souveraine. Fin août dernier, une commission mixte d’historiens algériens et français a été créée pour le traitement du dossier de l’Histoire et de la Mémoire, en s’attelant, de par sa spécialisation, à la recherche historique, l’examen approfondi et la rigueur dans son travail pour faire ressortir la vérité.
Le Président Tebboune a indiqué que cette commission aura à traiter la question liée à la mémoire «sous l’angle historique et non politique».
Tout récemment, à la veille de la commémoration de l’anniversaire des manifestations du 11 décembre 1960, le président de la République a réitéré son plein engagement à ce que l’Histoire et la Mémoire demeurent parmi ses plus importantes priorités.
Il a souligné que «le devoir national nous appelle, constamment, à sauvegarder notre histoire et à renforcer le front de défense de la mémoire nationale face à ceux qui prônent son maintien dans l’oubli».
Lakhdar A.