La riposte aux périodes de sécheresse

Changement climatique

A la campagne, l’ambiance est à l’inquiétude chez les agriculteurs qui redoutent le spectre de la sécheresse préjudiciable à leur activité économique. Ce vendredi, en raison de la faible pluviométrie, la prière d’El-Istisqa a été accomplie à travers les mosquées du pays. Le dernier bulletin météorologique spécial (BMS) émis par l’Office national de la météorologie (ONM), date du samedi 10 décembre ; il annonçait, pour le jour même, de midi jusqu’à 21 heures, « des pluies parfois sous forme d’averses orageuses sur plusieurs wilayas du Nord du pays placées en vigilance «Orange»» ; les quantités de pluies prévues étaient estimées entre 20 et 40 mm.
Deux jours après, Salah Sahabi-Abed, Directeur de l’Exploitation météorologique et de la climatologie à l’ONM, indiquait à l’APS que, durant la saison hivernale allant de décembre 2022 à février 2023, « l’on s’attend à une saison plus chaude que la normale climatique habituellement observée «. C’est, effectivement, ce que l’on constate.
Mais attention, selon Salah
Sahabi-Abed, qui est aussi expert auprès de l’Organisation mondiale de la météorologie (OMM), «l’hiver de cette année pourrait connaître des épisodes de pluie intense de courte durée avec des quantités de pluies localisées très importantes susceptibles d’engendrer des inondations», invitant à cet effet «les populations et les autorités locales à accorder plus d’attention aux avertissements et bulletins météorologiques émanant de l’ONM».
L’expert algérien confirme ce que l’on sait déjà : les Algériens doivent s’habituer aux phénomènes extrêmes, accentués par le changement climatique, qui font, depuis quelque temps déjà, leur quotidien. «Les études menées dans ce sens montrent que les scénarios futurs du climat mettent en évidence tantôt des pluies intenses de courte durée et parfois des périodes de sécheresse prolongée». C’est exactement ce qui se passe en Algérie et cela inquiète fortement les agriculteurs qui savent que sans précipitations, ils n’auront pas d’eau et sans eau, il n’y a pas d’agriculture.
Or, l’agriculture est à la base de la sécurité alimentaire qui subit, en plus du changement climatique, les menaces liées aux fluctuations internationales dans ce domaine entraînées par les conflits géostratégiques dans le monde. La réduction de la vulnérabilité du pays aux facteurs de dépendance externe et le renforcement de ses atouts de souveraineté, dépendent en grande partie des efforts prioritaires à déployer pour assurer la sécurité alimentaire, d’où l’insistance sur le développement des filières stratégiques, les céréales et les cultures industrielles, et, condition première, sur la mobilisation des ressources en eau pour l’irrigation. Les responsables algériens estiment que les conditions climatiques sont le seul obstacle ayant empêché de réaliser plus tôt l’autosuffisance en matière de production de céréales, qu’ils considèrent comme un objectif «à la portée de l’Algérie». Les apiculteurs également se plaignent des conditions climatiques. Le président de l’Association nationale des apiculteurs professionnels, Slimane Tali, a fait savoir récemment que la production de miel enregistre un recul depuis 2018 à l’échelle nationale en raison notamment du changement climatique. Le rendement de la ruche a chuté de 10 kg en 2018 à 5 kg durant l’actuelle saison. Certes, parmi les causes de ce recul, il y a aussi l’utilisation anarchique des pesticides et à la régression des aires de prairies mellifères du fait des incendies de forêts enregistrés dans le pays. Mais le changement climatique et la sécheresse ont la plus grosse part dans le recul des rendements des activités agricoles. Cette situation est particulièrement dramatique pour les petits agriculteurs et les coopératives agricoles familiales
Les spécialistes algériens s’efforcent de trouver des remèdes à travers des solutions tendant rationaliser l’utilisation de l’eau disponible et à préserver les ressources hydriques destinées à l’agriculture. Les chercheurs pensent à la création de dispositifs de surveillance de l’humidité du sol qui aident les agriculteurs à irriguer à moindre coût. L’ONM qui possède un service vigilance et études climatique œuvre à développer ses produits destinés au secteur agricole, notamment par le biais d’indicateurs climatiques pour suivre les cultures stratégiques tels le blé et l’orge, pour fournir des bulletins qui aident les agriculteurs à prendre des décisions en temps opportun.
Lakhdar A.