Le Nobel, médaille d’or de la popularité

Prix littéraires

L’institut d’études Nielsen BookData, en collaboration avec la Foire du Livre de Francfort, celle de Londres et le magazine spécialisé Publishing Perspectives, ont mesuré, pour la troisième année consécutive, la popularité des prix littéraires mondiaux. 498 personnes ont donné leur avis en 2022, via un sondage en ligne. Avec un petit bouleversement en vue…
Le nombre de participants au sondage de Nielsen a baissé de moitié, en 2022, mais s’est en contrepartie équilibré quant à l’origine des répondants. Ainsi, un tiers se classe du côté du Royaume-Uni et de l’Irlande, un autre du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et le dernier essentiellement des États-Unis et de l’Allemagne.
Si la majorité reste sans doute anglophone, les résultats semblent ainsi un peu moins centrés sur le Royaume-Uni. Inclus pour la première fois au sein du sondage, le Prix Nobel de Littérature s’octroie directement le titre de récompense littéraire la plus populaire du monde (96 % des répondants le placent en n° 1), dépassant les Prix Booker (95 %).
Le Prix Nobel, au vu de ses retombées médiatiques et de ses ventes, est considéré de manière générale comme la distinction la plus importante. Toutefois, les résultats selon l’origine des répondants révèlent les préférences qui en découlent : les Britanniques mettent en avant les Prix Booker et le Women’s Prize for Fiction, quand les Américains jugent incontournables les Prix Pulitzer et les National Book Awards.
De la même manière, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, le Sheikh Zayed Book Award (98 %) tire son épingle du jeu, devant la prestigieuse récompense égyptienne, le Prix Naguib-Mahfouz (94 %). Le Prix Nobel de Littérature figure aussi sur le podium, à 94 % également.
Le Prix Goncourt se classe 4e dans le tableau récapitulatif, mais reste surtout connu en Allemagne. Sa réputation globale baisse légèrement (63 %) par rapport à 2021 (65 %).

Ventes et dotations
Ce relatif régionalisme s’explique par une attention particulière portée par les éditeurs aux effets des prix quant aux ventes sur le marché national, ce qui les incite à proposer des ouvrages. L’intérêt porté à la récompense par les lecteurs et lectrices, ainsi que sa réputation au sein du secteur comptent également.
Du côté des auteurs, la dotation pécuniaire qui accompagne le prix littéraire est une motivation certaine, même si le statut international d’une distinction devient aussi un critère important. Celui-ci offre en effet à un ouvrage remarqué des opportunités de traduction, et donc une nouvelle exploitation en vue.
Les répondants demandent, pour l’avenir, une impartialité et une indépendance stricte des membres des jurys. Une attention particulière qui ne manque pas de rappeler différentes polémiques de ces dernières années, en premier lieu au sein de l’Académie suédoise elle-même, qui décerne le Prix Nobel de Littérature… Le Prix Goncourt, qui reste parmi les plus prescripteurs en France, n’a pas évité ce reproche non plus.
A.O.