L’économie d’eau, grande absente

Dans leur façon d’utiliser l’eau, perçue comme si c’était une ressource inépuisable, rien n’indique chez les Algériens la crainte d’une pénurie alors que le pays traverse une période de sécheresse qui devrait avoir de quoi les inquiéter. Pourtant, le risque qui pèse sur la sécurité hydrique du pays, menacée par les conséquences du changement climatique, se confirme dans le constat de la situation météorologique caractérisée par des périodes de sécheresse prolongée. Les spécialistes algériens considèrent que le stress hydrique est une menace réelle qui peut toucher y compris à la sécurité nationale.

Ils appellent à une gestion très rigoureuse des ressources hydriques, notamment les eaux de pluies qui ne tombent pas tous les jours. L’économie d’eau doit être érigée en véritable politique. C’est une démarche qui est complètement ignorée, à ce jour, alors qu’elle est indispensable. C’est le travail de la police des eaux instituée par la loi du 4 août 2005. Elle est constituée par des agents relevant de l’administration chargée des ressources en eau. Ils sont assermentés et habilités, tout comme les officiers et agents de police judiciaire, à rechercher et constater les infractions à la loi. Les Algériens doivent savoir que l’eau disponible n’est pas en quantités illimitées. Le gaspillage de l’eau qui est perceptible à l’œil nu est incompatible avec les situations de manque d’eau au robinet qui est devenue le quotidien vécu dans de nombreuses localités, aggravées par les coupures pour travaux. Dans les grands ensembles de logements récemment créés, qui ont donné lieu pratiquement à de nouvelles petites villes, l’eau de pluie récupérée sur place pourrait être utilisée pour l’arrosage des espaces verts et pour le nettoyage de la voie publique. D’autre part la notion d’efficience dans l’utilisation de l’eau est également ignorée.

Le nettoyage de la voie publique est souvent effectué de façon formelle, routinière, comme s’il s’agissait de seulement vider la citerne d’eau et non pas laver réellement et correctement les trottoirs, la chaussée et les places publiques. Pourtant, l’attention particulière accordée par le Président Abdelmadjid Tebboune à la sécurité hydrique est confirmée par les orientations et directives qu’il a données à ce sujet lors de plusieurs Conseils des ministres. Il a, ainsi, «ordonné au ministre du secteur d’entamer des enquêtes approfondies sur la nature de la consommation de l’eau dans tous les domaines, pour élaborer une stratégie nationale de production, de distribution et de consommation». Les enquêtes destinées à l’élaboration de cette stratégie nationale ne doivent pas être entachées par l’intrusion d’intérêts étrangers à travers leurs agents-experts.
L. A.