Une curieuse conception de la liberté de la presse

Médias

Quand un Etat, qu’ils qualifient arbitrairement d’«autoritaire», interpelle, en respectant les procédures légales nationales, un journaliste – justiciable au même titre que les autres citoyens -, les médias mainstream français se mobilisent immédiatement, comme s’ils marchaient à la baguette, mus par un étrange réflexe, et leur protestation aveugle est véhémente, incessante, mais quand l’entité sioniste, «démocratique».

Selon la vision occidentale, assassine une journaliste palestinienne, d’une balle dans la tête, intentionnellement, froidement, alors qu’elle portait son gilet de presse dans l’exercice de sa profession, ces médias aux ordres sont contraints à l’hypocrisie pour couvrir le crime de leurs sponsors et se livrent à un traitement de l’information nauséabond, honteux, indigne de la profession. Les observateurs palestiniens ont fait remarquer que l’assassinat de Shireen Abu Akleh a mis en lumière le ciblage intentionnel des journalistes palestiniens par les forces d’occupation sionistes. Ils rappellent qu’en 2008, le caméraman de Reuters, Fadel Shana, âgé de 23 ans, a été tué dans l’exercice de ses fonctions en même temps que huit autres personnes, dont la plupart avaient moins de 16 ans, et en 2014, une autre journaliste, Simone Camilli, âgée de 35 ans, était en reportage pour l’Associated Press lorsqu’elle a également été tuée alors qu’elle portait son gilet PRESS à Gaza.
Rien qu’au cours des deux dernières décennies, 25 journalistes ont été tués en Palestine par l’armée d’occupation sioniste. Les médias mainstream français trouvent «normal» que l’entité sioniste, «démocratique», tue les journalistes qui cherchent à dire la vérité sur les crimes commis par l’armée israélienne. Cette malhonnêteté n’a pas de mystère: les médias mainstream français n’ont aucune objectivité, ils sont du côté de l’entité sioniste et contre la Palestine. Quand un journaliste est emprisonné ou tué, le traitement qu’ils réservent au fait dépend de considérations politiques et non pas professionnelles. Si le journaliste tué ou arrêté est Palestinien, les médias aux ordres français feignent de ne pas comprendre ce qui s’est passé. S’il s’agit d’un journaliste ressortissant d’un pays qui est «réfractaire» au diktat occidental et qui, refusant la soumission, veut affirmer sa différence et son indépendance, alors ils activent le logiciel d’ingérence pour débiter les prétendues leçons sur les droits de l’Homme et la démocratie, et mobiliser leurs relais dans ce pays avec l’espoir d’entraîner un mouvement de déstabilisation destiné à le «normaliser», c’est-à-dire le mettre à la traîne des pays occidentaux. Cela prouve que les médias mainstream français sont un instrument au service de la politique néo coloniale menée par leurs dirigeants qui visent à maintenir ou à ramener sous domination les pays anciennement colonisés. Les journalistes-relais de la politique néocoloniale sont choyés par les autorités françaises et cooptés dans une élite autoproclamée, même s’ils sont moins méritants que d’autres, l’essentiel étant leur aptitude à la servilité. Le «deux poids, deux mesures» des médias mainstream français, appliqué dans le traitement des «atteintes aux droits de l’Homme», a été révélé de longue date par leur complaisance, voire leur complicité, face aux crimes commis par l’entité sioniste contre les journalistes palestiniens. Ce «deux poids, deux mesures» médiatique est maintenant confirmé de façon flagrante et indécente par leur position dans le conflit russo-ukrainien, alignée aveuglément sur l’OTAN et ses alliés. Dans leur conception de l’information, pour les médias mainstream français, seule la version des faits qui est dictée par leurs vrais patrons, doit être portée à la connaissance de l’opinion publique. Dans cette conception occidentale de la liberté de la presse, toute voix discordante doit disparaître. C’est ce qui est arrivé à deux médias russes : la chaîne de télévision RT-France et le site d’informations Sputnik, interdits de diffusion par l’Union européenne au mois de février 2022, une décision appuyée par les autorités françaises. Un journaliste russe a rappelé récemment que «peu après le déclenchement de l’opération militaire russe en Ukraine, la Commission européenne avait invoqué la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe de la machine médiatique du Kremlin» représentée, selon elle, par RT et Sputnik». Or, poursuit-il, «l’UE n’a pas été en mesure, pour appuyer cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias. Et pour cause : la chaîne RT France n’a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex-CSA)».
Lakhdar A.