C’est donner le meilleur de soi-même tout en croyant ne rien savoir donner

Le paradoxe de l’artiste

L’artiste est un puits de connaissances, mais il est persuadé de ne rien savoir, c’est là une marque d’humilité dans son comportement. D’ailleurs, ayant reçu une éducation fondée sur les principes universels de moralité, Il a coutume de marcher, tête baissée, se considérant comme un simple citoyen, en milieu social, on le prend pour quelqu’un de plus ordinaire et qui n’a jamais cherché se faire remarquer.

Le vrai spécialiste de l’art n’aime parler qu’en langage commun quand il se trouve parmi tant il a affaire à un public qui n’a rien à voir avec son parler ésotérique, celui de son domaine de créativité qu’il a acquis en passant par les grands maîtres en la matière ou par don divin. Et sa particularité principale c’est de toujours faire des efforts pour arriver à réaliser de meilleurs objets d’art non pas pour se montrer le meilleur mais pour le plaisir de réussir à faire mieux qu’il n’a fait car il croit toujours être terre à terre dans son domaine. Le goût de l’effort bien installé chez lui, va le conduire à des découvertes sensationnelles qui feront de lui un artiste digne de ce nom et qui servira de modèle aux générations montantes cherchant à évoluer dans le bon sens. Ses futures créations seront les objets d’émerveillement du public, et parmi les connaisseurs sachant apprécier, beaucoup sauront connaitre ce que le travail fignolé comporte comme marques de génie créateur qu’est l’artiste qui cherche toujours la perfection au-delà de la perfection que tout le monde connait. Tel est le vrai esprit inventif qui avance dans son art en entrainant avec lui l’art et toute la science qui cherche à atteindre l’infini même s’il est reconnu comme inatteignable. C’est cet état d’esprit qu’il faut chercher à créer chez nos futurs inventeurs pour les inciter à creuser toujours dans l’inconnu pour arriver à la découverte de nouvelles connaissances profitables à tous ceux qui aiment le progrès.

Le vrai artiste est celui qui donne le meilleur de lui-même tout en croyant ne rien savoir
Le mot artiste a un champ sémantique extrêmement vaste, il touche tous les domaines de l’art et de la connaissance, tels sont les divers champs d’application comme le dessin, la peinture, l’écriture en général du romancier, du poète, de l’instituteur ou du professeur de l’enseignement et de tous ceux qui produisent pour un public élargi ; il ne faut surtout pas oublier l’art de composer des sons pour charmer les oreilles pour les amoureux de la musique, une musique réponde bien aux aspirations de tous ceux qui l’écoutent avec délectation pour se ressourcer, se rééquilibrer, se défouler pour oublier les soucis qui rongent à petit feu. Il ne faut pas exclure le domaine de la sculpture, de la céramique et de la poterie qui produisent beaucoup d’objets nécessaires à la décoration ainsi qu’aux besoins de la vie domestique. Il y a bien des activités qui exigent énormément de doigté, d’intelligence et de l’esprit inventif comme l’artisanat du bois et de toutes sortes de matériaux de fortune qui servent à fabriquer de nombreux objets répondant bien aux besoins quotidiens de tout le monde. Mais quel que soit son domaine d’appartenance, l’artiste donne le meilleur de lui-même tout en pensant qu’il est en deçà de ce qu’il doit être et il croit ne rien savoir, ce sont là les propos de celui qui s’efforce de bien faire bien qu’il ait atteint un niveau satisfaisant en la matière. Il doute toujours de ses capacités et cherche sans cesse à se remettre en question. L’exemple type de celui qui cherche sans cesse à se remettre en question est l’enseignant qui exerce à un niveau quelconque et qui constate qu’il n’arrive à donner pleine satisfaction, commence à douter de sa compétence, la pédagogie étant considéré comme un art et que l’on considère que son niveau est toujours insuffisant au moment où on commence à exercer ses fonctions. En réalité, tous ceux qui exercent une fonction artistique ou toute autre fonction qui présente un caractère respectable doit se considérer comme n’étant pas du niveau ou croyant ne rien savoir alors qu’il donne le meilleur de lui- même, dans un pays qui veut aller de l’avant.

Quelques exemples concrets pour mieux comprendre
L’artiste peintre reconnu être à la hauteur dans son métier noble, remet tout le temps ses compétences en question, considérant que son niveau est bien deçà de ce qu’il doit être même s’il a donné le meilleur de lui- même et qu’il cherche à connaitre davantage sur les nuances des couleurs qui puissent le rendre plus expressif. Il cherche à nuancer le plus possible pour arriver à de meilleurs résultats, la perfection étant impossible à atteindre, il fait l’effort de donner satisfaction. Il use intelligemment de ses couleurs, ses signifiants polyphoniques et métaphoriques avec tout cela implique comme nuances pour mieux exprimer ses idées à travers un tableau où décor et paysage s’entremêlent de façon à permettre aux lecteurs de comprendre l’œuvre artistique en essayant d’interpréter l’ensemble des signifiants du code du langage artistique, exactement comme celui qui lit un texte écrit dans le langage écrit et qui fait l’effort de déchiffrer les signifiants qui sont les mots du vocabulaire de la langue. Celui qui s’exprime par la langue et qui a la maîtrise de toutes les catégories lexicales ainsi que de la grammaire, de la concordance des temps et de l’orthographe, est censé tout connaitre pour être plus expressif afin d’être plus près des lecteurs cherchant à déchiffrer ses textes en prose, mais quand il s’agit de poésie, il faut avoir une compétence de lecture beaucoup affinée car les poètes écrivent d’une manière singulière et la singularité est le propre des poètes. Parmi eux, il y en a qui parlent en peu de mots pour dire beaucoup de choses, ils sont les plus difficiles car il faut savoir commenter à partir de quelques mots clefs pour atteindre le fond et si on a la capacité d’analyser les points de repère qui permettent de comprendre l’ensemble du contenant et du contenu du texte poétique. On peut dire que les poètes sont des artistes du langage et s’expriment avec la forme qui convient, les uns vont même jusqu’à transgresser les règles grammaticales en faisant des inversions du sujet avec son verbe ou d’un adverbe servant à nuancer un verbe ou un qualifiant en les plaçant éloignés l’un de l’autre pour inciter le lecteur à bien se concentrer pour comprendre le sens de chaque mot et de l’ensemble du texte. Il y a des artistes poètes qui écrivent en calligrammes en suivant la forme de la chose dont ils veulent parler, à titre d’exemple ils parlent de la cravate en la dessinant avec des lettres ou des mots et on lit facilement en suivant les contours de cette cravate ; en parlant de la pluie qu’il s’est choisi comme thème, il représente les gouttes de pluie par des lettres ou des mots, le mathématicien Umar Khayyâm et Guillaume Apollinaire en ont été les maîtres en leur temps les maîtres des calligrammes. Il y a les poètes classiques qui écrivent en style châtié et qui composent en vers rimés, rythmés, avec beaucoup de sonorités à la lecture, au moyen des voyelles liées aux consonnes pour donner des mouvements musicaux grâce aux vibrations du larynx et au concours de la bouche plus ou moins ouverte. Et on se rend bien compte du talentueux travail d’artiste de la belle écriture grâce à une bonne diction du texte poétique, à condition que la voix du lecteur ou de la lecture soit bien adaptée pour mettre en évidence toute la beauté du texte. Il faut aussi comprendre que la belle poésie n’est pas loin de la musique, autre moyen d’expression artistique qui procède à peu près de la même façon pour trouver les sons musicaux nécessaires pour composer une musique.
Le vrai musicien étant un artiste rompu à ce travail de recherche continuel à adapter à un texte poétique qu’il a composé lui-même ou émanant d’un poète de vraiment talentueux et qui mérite un belle musique qui fait apparaitre foute la beauté du texte, ses parole, son esthétique indiscutable, son rythme musical. Certains bons musiciens, authentiques de leur musique, à l’exemple du poète qui s’efforce de produire des chefs d’œuvre qui satisfassent pleinement les oreilles de tous les catégories de mélomanes ; mais ce genre de musicien n’est jamais satisfait, croyant toujours n’avoir rien su donner alors qu’il a donné les preuves d’un brillant artiste mais cherchant toujours à mieux faire, c’est un éternel insatisfait qui croit toujours ne rien savoir donner.

Les caractéristiques de l’artiste qui aime son activité spécifique
Ces caractéristiques sont réellement singulières et cette singularité, ils la tirent de leur volonté de toujours mieux faire pour atteindre la perfection car ils sont convaincus qu’il y a beaucoup mieux que ce qu’ils donnent, comprenant que la perfection va vers l’infini. Prenons des exemples parmi ceux dont on n’a pas parlé, comme le cordonnier, mais pas de celui qui répare les souliers sur les places publiques, mais du vrai cordonnier qui travaille dans une boutique et qui découpe habilement le cuir suivant la forme du pied de celui qui vient lui demander de lui faire des souliers sur mesure. Faire une paire de souliers en partant de la matière que l’on transforme dans le respect des mesures des pieds de son client en inventant une forme originale de souliers, ça relève incontestablement de l’art pur. Et on peut multiplier les exemples de producteurs artistiques à l’infini.
Boumediene Abed