Madrid appelée à soutenir un journaliste espagnol victime de harcèlement judiciaire par Rabat

Espagne

Le Conseil d’administration de l’Association de la presse de Madrid (APM) a appelé le gouvernement espagnol à soutenir le journaliste Ignacio Cembrero, qui doit comparaître vendredi devant un tribunal de première instance de Madrid, dans le cadre d’une plainte déposée par le royaume du Maroc contre lui.
Réitérant son soutien à Ignacio Cembrero, l’APM «juge inacceptable» la plainte des autorités de Rabat, après que ce journaliste espagnol ait publié que le Maroc était à l’origine de l’espionnage de son téléphone portable, puisque son numéro figure parmi ceux des 180 journalistes espionnés via le logiciel sioniste Pegasus, qui a touché jusqu’à 50.000 personnes à travers le monde.
«Une fois de plus, nous dénonçons l’attitude du gouvernement marocain qui, à trois reprises, a vu ses revendications contre Ignacio Cembrero, actuel rédacteur en chef d’El-Confidencial (journal en ligne) et qui a une connaissance approfondie de la situation au Maghreb, rejetées après une longue carrière dans les médias nationaux», écrit l’Association sur son site internet.
L’APM «est convaincue que le Maroc cherche à intimider le lanceur d’alerte et l’empêcher, dans le libre exercice de sa fonction, de continuer à dénoncer les irrégularités qu’il observe dans ce pays».
Face à cette situation, l’APM «appelle les autorités espagnoles à agir par les voies appropriées, notamment par les voies diplomatiques, pour défendre le droit à la liberté d’expression des journalistes dans notre pays lorsqu’il est violé par des dirigeants d’un pays étranger».
Par ailleurs, l’Association madrilène constate avec regret que « depuis le dépôt de plainte par le Maroc contre ce journaliste, le gouvernement espagnol s’est abstenu d’exercer ce moyen de défense à quelque niveau que ce soit et a répondu de manière évasive aux questions posées par divers députés au Congrès» relatives à cette affaire.
L’APM rappelle que la Commission européenne prépare une directive pour prévenir le harcèlement judiciaire des journalistes et des militants par des multinationales et des Etats étrangers, et qu’une fois approuvée, l’exécutif espagnol devra l’introduire dans la législation nationale.
Dans ce même contexte, l’eurodéputée Maite Pagazaurtundua a envoyé, début janvier, une lettre au Haut représentant de l’Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères, Josep Borrell, dans laquelle elle l’appelle à protéger la liberté de la presse face à la stratégie de «harcèlement judiciaire» que le royaume du Maroc exerce contre le journaliste espagnol Ignacio Cembrero.
La vice-présidente de la Commission parlementaire des libertés civiles a dénoncé dans cette lettre ce qu’elle considère comme une «stratégie constante visant à réduire au silence ce journaliste spécialisé dans la politique marocaine, par le biais d’une série de procédures judiciaires».
Maite Pagazaurtundua a souligné, en outre, qu’en avril 2022, le Maroc s’est constitué partie civile dans l’exercice d’une action de vantardise afin que le tribunal déclare que le journaliste espagnol n’a jamais été victime d’espionnage de la part du Makhzen. Ignacio Cembrero avait affirmé -comme l’ont fait plusieurs médias-, que le régime marocain était derrière l’espionnage opéré via le logiciel sioniste Pegasus.
L’eurodéputée a aussi considéré qu’il est «important d’envoyer un message clair contre les ingérences politiques, notamment étrangères, dans le travail des journalistes car ce type de persécution judiciaire vise à empêcher la dénonciation d’actes criminels ou autres».