Un Dinar numérique pour soutenir un besoin d’évolution financière

La Banque d’Algérie et le défi de la finance numérique

L’Algérie est prête à numériser ses services financiers et bancaires. Un gros travail est en train de se faire au niveau du Gouvernement en faveur du développement de la finance numérique qui devrait favoriser et accroître l’inclusion financière, mais aussi pour mieux lutter contre le marché noir de la devise, le blanchiment d’argent ou la fraude fiscale. Le 26 décembre 2022, le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane s’est exprimé au sujet de la création de la future monnaie numérique de la Banque d’Algérie, le Dinar digital, sans préciser de date. Son utilisation serait une évidence, selon lui, dans les années à venir, et les autorités se planchent, sérieusement, sur ce projet qui nécessite, toutefois du temps, un cadre réglementaire et juridique clair et strict pour protéger les banques nationales et les utilisateurs.
De grandes consultations sur le sujet devraient se faire avec des partenaires expérimentés pour examiner et prouver sa faisabilité et son impact sur les banques et l’économie nationale.
Néanmoins, l’idée de concevoir un Dinar numérique démontre la détermination des autorités de lutter contre toutes formes de crimes financiers et de renforcer l’inclusion financière dans le pays.
L’Etat s’efforce, ces deux dernières années, d’accélérer la reconfiguration et la numérisation du secteur bancaire et des établissements financiers en vue d’améliorer leur gouvernance et faciliter l’accès des citoyens et des entreprises aux services financiers (comptes, épargnes, crédits, assurances…) et réduire l’utilisation de l’argent liquide dans les commerces et lors des échanges financiers. La question est aussi comment capter l’argent de l’informel et encourager sa bancarisation. La numérisation du réseau bancaire et l’utilisation de la monnaie numérique devraient, en effet, sécuriser les paiements et les transactions financières, à l’ère du e-commerce. La Banque d’Algérie (BA) est plus que jamais déterminée à digitaliser le système bancaire pour s’adapter aux évolutions financières et économiques internationales. De plus en plus de banques centrales réfléchissent à la conception de la monnaie numérique. L’adoption du dollar numérique, de l’euro numérique ou du yuan numérique n’est qu’une question de temps.
De nombreux pays, à l’instar de la Russie, de l’Australie, de l’Europe, de l’Inde et du Brésil, mais aussi des pays africains ont annoncé leur souhait d’émettre leur propre monnaie numérique, ne serait-ce que pour l’utilisation intérieure. Le retour d’expérience des pays qui ont déjà lancé le projet de la monnaie numérique aiderait les autorités nationales dans la mise en œuvre de la future monnaie digitale nationale et à corriger les incohérences.
L’Algérie ne voudrait, surtout, pas rater la transition numérique de sa finance et de son économie. C’est très important pour le pays qui veut mettre toutes les chances de son côté pour rejoindre les pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Des pays qui s’apprêtent à adopter la monnaie numérique, en dehors de la crypto monnaie (créée par le privé sans nécessité de banque centrale). En plus de vouloir numériser sa monnaie, une décision largement saluée par les experts, le Gouvernement a révisé et amélioré la Loi sur la monnaie et le crédit qui devra, selon le gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), Salah Eddine Taleb, permettre «à la BA de moderniser son système bancaire et cadrer avec les évolutions économiques et financières», assurant, il y a plus de deux semaines, lors d’une conférence sur les défis futurs des banques centrales, organisée à l’occasion du 60e anniversaire de la création de la BA, que «cette nouvelle Loi permettra de mettre en place un climat approprié permettant aux opérateurs économiques d’accéder à tous les outils bancaires modernes et d’asseoir les règles du développement économique durable».
L’objectif est, également, de renforcer l’inclusion financière, un maillon important du progrès socio-économique. Aider les petites entreprises et porteurs de projets dans les régions rurales, isolées à libérer leur immense potentiel économique, et bénéficier aux habitants mal lotis de ces zones. Faciliter l’accès aux services bancaires et financiers est la priorité majeure de la banque centrale qui vise la modernisation du système bancaire et réfléchit à la numérisation de la monnaie nationale, notamment, avec l’émergence du e-commerce. Lutter ainsi contre l’informel dans ce secteur très porteur. Au-delà de sa volonté politique, l’Etat mise sur les acquis technologiques et l’innovation pour moderniser ses finances et son économie. Le laboratoire destiné au développement de l’innovation et la digitalisation du secteur des finances, baptisé «Algeria Finlab», crée en 2021 qui compte «se doter d’un portefeuille de start-up spécialisées dans les banques et assurances, afin de proposer des solutions adaptées au marché algérien», selon les déclarations de son administrateur, Abdelkader Khennoussi, devrait, également, aider les autorités à créer de nouveaux concepts numériques capables de révolutionner le secteur bancaire et financier, particulièrement, la Bourse d’Alger.
La reconstruction du système financier et bancaire du pays est l’objectif principal du Gouvernement qui lutte contre la bureaucratie et contre la corruption, la fraude fiscale, le blanchiment d’argent et l’informel qui ont ravagé l’économie nationale.
Samira Takharboucht