Le FMI craint des tensions sociales généralisées en 2023

Récession mondiale évitable

« La situation économique mondiale n’est pas près de s’améliorer, du fait d’une inflation qui reste tenace et face à laquelle le travail des banques centrales n’est pas encore terminé », a averti, jeudi dernier, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, expliquant que « l’effet du resserrement financier sur l’emploi est encore à venir ». Elle a mis en garde contre l’exacerbation des tensions sociales au niveau mondial en 2023, renvoyant sa préoccupation à la fragilité de la situation financière et économique mondiale. « La crise n’est sans doute pas finie », a-t-elle réitéré, estimant que « si la hausse des taux devait finir par avoir un effet sur les marchés de l’emploi, conséquence logique de l’objectif de ralentissement, cela pourrait se traduire par des tensions supplémentaires ». Elle estime, par ailleurs, et malgré la crise actuelle que « la récession mondiale est évitable ».

Elle s’est référée à la croissance des tensions sociales dans certains pays depuis le début de l’année, ce qui n’augure rien de bon, selon elle. « Nous ne sommes que le 12 janvier et avons déjà (des illustrations) au Brésil, au Pérou, en Bolivie, en Colombie, au Royaume-Uni, tous pour des raisons différentes mais avec des tensions sociales très nettes », a-t-elle indiqué. La directrice générale du FMI pointe la politique de soutien financière adoptée par les gouvernements pour aider les ménages et les entreprises afin de faire face à l’inflation, devenue chronique. Elle craint, en effet, les conséquences de cette politique sur le long terme, après la réduction ou la levée des aides financières. « Cela s’explique principalement par le fait que les gouvernements ont rapidement agi afin d’apporter un soutien financier aux populations face à la hausse des prix de l’alimentaire et de l’énergie. Mais l’espace disponible se réduit ». « L’impact du resserrement financier est à venir en termes de chômage », a-t-elle averti.

La situation sera d’autant plus difficile pour les pays surendettés. « L’impact de la hausse des taux sur les pays endettés sera également dramatique, et il y a un risque de voir environ 60% des pays émergents et en développement basculer dans une crise de la dette souveraine ». La responsable a mis en avant l’importance de restructurer la dette de ces pays, évoquant une réunion en février avec les principaux créditeurs. « Nous devons avoir une réunion en février au plus haut niveau, avec les principaux créditeurs, Chine, Inde, Arabie saoudite, ainsi que le secteur privé », a-t-elle indiqué. Elle table sur des résultats financiers et économiques positifs aux Etats-Unis et en Chine, ce qui pourrait amortir le choc de la crise économique mondiale et éviter la récession.
Samira Tk