Pénurie de produits alimentaires

Tunisie

Une pénurie à grande échelle frappe la Tunisie et les Tunisiens vivent au rythme des carences. Sucre, lait, café, beurre, semoule et autres produits de consommations qui font partie des produits les plus manquants dans les rayons des supermarchés. En plus d’une crise socio-économique qui perdure depuis plusieurs mois déjà, cette situation pèse lourd sur le moral des citoyens, se sentant impuissants et les poussant parfois à la frénésie et aux manifestations d’envergures.Le malheur ne vient pas seul, cette pénurie s’est élargie vers la frontières de l’Est du pays notamment dans la wilaya d’El Taref, Souk Ahras et dans des villages limitrophes. Elle a été provoquée par des résidents tunisiens qui continuent de venir s’approvisionner en Algérie dans les villes de l’Est. Pour se rendre compte de la réalité de ce fléau, des journalistes tunisiens se sont rendus dans des hypermarchés du gouvernorat de l’Ariana. Il y a quelques jours des affichettes étaient apposées sur les rayons dédiées aux pâtes sur lesquelles il était indiqué que chaque client n’avait le droit qu’à deux kilos de pâtes, couscous, riz et semoule. En seulement quelques heures, cette annonce a fait le tour de la toile faisant craindre une nouvelle pénurie. C’est alors que les consommateurs se sont rués dans tous les magasins du pays pour éviter le manque. Selon les révélations faites le mardi 17 janvier, le rayon pâtes est totalement réapprovisionné. Les restrictions ont été levées et les clients peuvent acheter la quantité qu’ils souhaitent. L’un d’entre eux a demandé à d’autres clients si les restrictions étaient encore en vigueur. Un vendeur a alors précisé à tout le monde qu’il n’y avait pas de quantité limitée et qu’ils pouvaient faire leurs courses comme bon leur semble, en évitant bien sûr la frénésie. Un constat qui est également partagé par l’Organisation de défense des consommateurs (ODC). Le vice-président de l’ODC, Nejib Khalafaoui, admet que le comportement des Tunisiens est en partie responsable de cette pénurie. «Il faut que l’Etat communique de manière plus importante sur le manque de certains produits afin d’éviter ces phénomènes qui peuvent être très néfastes pour le marché», nous dit-il. Un peu plus loin dans le rayon dédié au lait, des chariots et des palettes remplis de briques sont pris d’assaut par les clients. Touché également par une pénurie qui commence à perdurer, le lait ne reste pas longtemps disponible dans le magasin. «Nous limitons à deux litres par client. En règle générale, nous recevons environ 200 litres de lait par jour et en une matinée, tout disparaît», nous dit la vendeuse qui se charge de contrôler la restriction imposée. De son côté, l’Etat continue de nier les pénuries. Le Président tunisien Kaïs Saïed a déclaré la semaine dernière, lors d’un déplacement dans le quartier populaire de Beb Jdid, dans le centre-ville de Tunis, que les produits de base sont disponibles sur le marché local, mais que certains «cherchent exprès à provoquer une pénurie pour envenimer la situation». Houssemeddine Touiti, directeur général de la concurrence et des enquêtes économiques au ministère du Commerce s’est exprimé le 4 janvier dernier sur la Radio nationale. Il avait alors affirmé que certains produits de première nécessité dont l’huile végétale subventionnée, le sucre en poudre subventionné et le café sont indisponibles du fait d’un dérèglement des circuits de distribution. Ajoutant par ailleurs, que ces pénuries sont les répercussions du conflit russo-ukrainien, les changements climatiques et les retards d’importations. Il a également dénoncé les stockages illégaux et la spéculation, a-t-on informé encore.
Oki Faouzi