Quel prix du pétrole en 2023 ?

Après le dernier rapport de la Banque mondiale

La Banque mondiale a révisée à la baisse la croissance de l’économie mondiale pour l’année 2023. Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales l’institution de Bretton Woods prévoit une croissance à la baisse de 1,7% en 2023, contre 3% prévu il y a six mois.Expliquant cette tendance baissière la Banque mondiale souligne dans son rapport que « la croissance marquera fortement le pas sous l’effet de l’inflation, de la hausse des taux d’intérêts, la diminution des investissements et des perturbations causées par l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Et ce sont les économies avancées qui en pâtiront le plus avec des taux de croissances qui baisseront de 2,5% en 2022 à 0,5% en 2023.
Aux Etats-Unis, première économie mondiale, la croissance devrait tomber à 0,5% en 2023. Idem pour la zone euro où la croissance devrait être nulle cette année. Enfin, la Chine, cette autre puissance économique mondiale verrait sa croissance reculée de 0,9 point pour atteindre les 4,3%.
Ces prévisions de croissance en replis, annoncées par la Banque mondiale, auraient inévitablement des répercussions sur les marchés pétroliers. Pour les analystes, tout recul de la croissance économique entraînerait une baisse de la demande sur le pétrole et donc un recul des prix. Une équation tout à fait acceptable quand on sait que les Etats-Unis consomment en moyenne 20 millions de barils de pétrole par jour, la zone euro pas moins de 15 millions de barils et la Chine 14 millions de barils.
Les conclusions de la Banque mondiale ont été confortées par le dernier rapport de l’Opep rendu public ce mardi. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole a maintenu inchangées ses prévisions sur la croissance de la demande de pétrole pour 2023, dans un environnement économique mondial marqué par de nombreuses incertitudes et défis.
L’Opep table dans son dernier rapport sur une croissance de la demande de 2,2 millions de barils par jour (mb/j), avec une croissance de 0,3 mb/j dans les pays de l’OCDE et de 1,9 mb/j dans les pays hors OCDE.
En 2022, la guerre en Ukraine a permis au Brent, baril de référence de la Mer du nord, de clôturer avec un prix moyen annuel de 100,76 dollars. Un prix jamais enregistré depuis 2014. Le Brent est même arrivé à atteindre un prix moyen mensuel de 122,69 dollars le baril au mois de juin 2022, avant de baisser à 80,92 dollars le mois de décembre de la même année.
Depuis le début de ce mois de janvier 2023, le baril de pétrole peine à rester au-dessus des 82 dollars. Les marchés pétroliers sont suspendus aux informations hebdomadaires concernant le niveau des stocks de pétrole américains et surtout aux derniers développements de la pandémie du Covid-19 en Chine. Pourtant, la banque américaine d’investissement Goldman Sachis prédisait dans son dernier rapport en date du 13 janvier 2023 que « la forte croissance de la demande mondiale de pétrole devrait entraîner une hausse des prix du pétrole au-dessus de 100 dollars cette année et le Brent pourrait s’échangeait à 105 dollars le baril au quatrième trimestre ».
Goldman Sachis explique ses prévisions par l’augmentation de la demande de pétrole de 2,7 millions de barils pars jour en 2023, et le marché devrait retourner au déficit au second semestre de l’année en cours.
Malgré ces prévisions optimistes de la très sérieuse Goldman Sachis les marchés pétroliers resteraient très volatiles en 2023. Et les prix du baril de pétrole vont étroitement dépendre de l’évolution de plusieurs facteurs qui, parfois, relèvent de la géopolitique. Il est important de rappeler qu’en 2022 et suite à la guerre en Ukraine le prix moyen du baril avait atteint un pic de 122,69 dollars au mois de juin avant de terminer l’année, au mois de décembre, à 80,92 dollars.
Concernant l’Algérie et face à cette volatilité, le Gouvernement est resté prudent dans l’élaboration de la loi de Finances de 2023. La loi de Finances de 2023 a été élaborée sur la base d’un prix de référence du baril de pétrole estimé à 60 dollars et un prix du marché de 70 dollars.
Ce prix permettrait un excédent commercial de 9,4 milliards de dollars et un excédent de la balance des paiements de l’ordre de 5,7 milliards de dollars. La politique adopté par le Gouvernement de Tebboune depuis le début de 2020 a permis de réduire sensiblement la facture des importations et une relance de l’appareil productive nationale, agricole et industrielle. Un prix moyen du baril de pétrole supérieur à 80 dollars permet aisément à l’Algérie de renforcer l’équilibre financier externe, renforcer les réserves de change et maintenir un faible niveau d’endettement extérieur.
M. Chermat