Impulser le développement et une société participative par une réelle décentralisation

Réunion Gouvernement/walis

De 1970 à 2022, nous avons assisté à des dizaines de réunions Gouvernement/walis avec des recommandations issues de différents ateliers sans pourtant dynamiser réellement la gestion des collectivités locales du fait de la bureaucratie centrale et locale qui étouffe les énergies créatrices. D’où l’urgence d’un nouveau management stratégique tant des ministères (la responsabilité étant intersectorielle) que des collectivités locales, posant la problématique de la décentralisation inséparable de la bonne gouvernance autour de grands pôles régionaux afin de favoriser le développement et une société participative.L’aménagement du territoire devra répondre aux besoins des populations en quelque lieu qu’elles se trouvent et assurer la mise en valeur de chaque portion de l’espace où elles sont installées. Il ne s’agira pas d’opposer le rural à l’urbain, les métropoles aux provinces, les grandes villes aux petites mais d’organiser leurs solidarités. Pour cela, il s’agira de favoriser une armature urbaine souple à travers les réseaux, la fluidité des échanges, la circulation des hommes et des biens, les infrastructures, les réseaux de communication étant le pilier. Cela implique une nouvelle architecture des villes, des sous systèmes de réseaux mieux articulés, plus interdépendants bien que autonomes dans leurs décisions (voir l’ouvrage collectif pluridisciplinaire regroupant économistes, sociologues, politologues, sous la direction du professeur Abderrahmane Mebtoul», réformes et démocratie Casbah Editions, deux volumes (2004 Alger 500 pages) avec un chapitre consacré à la décentralisation). L’efficacité des mesures d’aménagement du territoire pour favoriser les activités productives impliquent la refonte des finances locales et des taxes parafiscales sans laquelle la politique d’aménagement du territoire aurait une portée limitée devant s’appuyer sur le système de péréquation entre les régions pauvres et riches qui doit être prise en compte par les pouvoirs publics évitant l’esprit centralisateur jacobin largement dépassé.

3.-Comme je l’avais préconisé (voir nos ouvrages, réformes et démocratie OPU 1982 et Casbah Edition 2005), car ayant assisté à certaines réunions sous la structure actuelle gouvernement walis, où j’ai pu constater qu’ils n’ont pas souvent les résultats escomptés tant en matière de gestion que d’impacts auprès des populations, je préconise que les prochaines réunions beaucoup plus opérationnelles réunissent sous la direction de la structure qui me semble la plus appropriée pour créer ce dynamisme, les chambres de commerce régionales, six à sept pôles régionaux qui regrouperaient le gouvernement , les élus locaux, les présidents d’APC, de wilayas, les entreprises publiques et privées, les banques, les centres de formation professionnelle, et les universités/centres de recherche (voir notre contribution l’expérience du pôle régional de Greenville USA www.google – Mebtoul 1995 suite à une longue tournée que j’ai effectuée aux USA). L’action des grandes chambres de commerce régionales, lieu de concertation mais surtout d’impulsion pour la concrétisation de projets serait quadruple : premièrement, dynamiser les infrastructures de base et préparer des sites confiés à des agences de promotions immobilières publiques et privées ; deuxièmement, l’avenir appartenant au savoir, et ce dans tous les domaines économiques et militaires, sans laquelle aucun développement n’est possible en ce XXIe siècle, mettre à la disposition des sociétés une main-d’œuvre qualifiée grâce à un système de formation performant et évolutif allant des ingénieurs, aux gestionnaires, aux techniciens spécialisés et ce, grâce aux pôles universitaires et des centres de recherche, évitant ce mythe d’une université par wilaya. Par exemple, la chambre de commerce offrira un poste pour 10 candidats en formation, les 90% non retenus ne constituant pas une perte pour la région. L’apprentissage en dynamique est un capital humain pour de futures sociétés qui s’installent dans la région, une société installée payant des impôts qui couvriront largement les avances en capital de la formation avancée. Cette formation devra être adaptée pour tenir compte de la norme qualité standard, le label qualité étant exigé pour tout exportateur. Ainsi, nous assisterons à une symbiose entre l’université et les entreprises. Car les sociétés ont besoin de l’accès aux chercheurs, aux laboratoires pour les tests d’expérimentation et l’université a besoin des sociétés comme support financier et surtout d’améliorer la recherche. Les étudiants vivent ainsi la dialectique entre la théorie et la pratique.; la troisième action est de favoriser des entreprises souples reposant sur la mobilité et les initiatives individuelles. Des tests ont montré que l’initiative personnelle, pour certains produits, permet d’économiser certains équipements (donc d’avoir un amortissement moindre dans la structure des coûts) et de faire passer le processus de sept (7) minutes (420 secondes) à 45 secondes soit une économie de temps de plus de 90% améliorant la productivité du travail de l’équipe. Ce qu’on qualifie d’équipes auto-dirigées, la quatrième action, la chambre de commerce intensifient les courants d’échange à travers différentes expériences entre les régions du pays et l’extérieur et l’élaboration de tableaux de prospectifs régionaux, horizon 2023/2025/2030. La mise à la disposition des futurs investisseurs de toutes les commodités nécessaires ainsi que des prestations de services divers (réseau commercial, loisirs) est fondamentale. Cette symbiose entre ces différentes structures et certains segments de la société civile doit aboutir à des analyses prospectives fondamentales, à un tableau de bord d’orientation des futures activités de la région, afin de faciliter la venue des investisseurs.
En conclusion, il faut éviter l’utopie de verser dans le juridisme qui n’est qu’un moyen, sans s‘attaquer au fonctionnement de la société. L’on ne doit pas confondre décentralisation avec déconcentration où le pouvoir central rejette les problèmes qu’il ne peut résoudre sur le pouvoir local en créant d’autres entités administratives alors qu’avec les nouvelles technologies l’organisation en réseaux peut facilement rapprocher l’État du citoyen.
La pleine réussite de ce processus complexe de la décentralisation, action éminemment politique implique de poser le rôle de l’Etat et son articulation avec le marché dans la future stratégie socio-économique ce qui renvoie au mode de gouvernance afin de favoriser le développement multidimensionnel, économique, social et surtout culturel déterminant en ce XXIe isocèle. L’aménagement du territoire plaçant l’homme pensant et créateur au cœur du développement doit réaliser un triple objectif : une société plus équilibrée et plus solidaire, la croissance au service de l’emploi et mettre l’Algérie au cœur du développement de la Méditerranée et de l’Afrique espace naturel de l’Algérie, afin de favoriser une prospérité partagée.
Pr des universités d’Etat
Abderrahmane Mebtoul
Expert international
(Suite et fin)