«Le football ? C’est fini, je soutiendrai surtout des jeunes chez moi»

Ahmad Ahmad (ex-président de la CAF) :

Après un long silence, l’ancien président de la Confédération africaine de football, Ahmad Ahmad, refait surface après que le Tribunal arbitral sportif ait réduit à deux ans sa suspension de cinq ans infligée en novembre 2020 par la Fédération internationale de football. Pour en savoir plus, RFI lui tend le micro et revient sur les points noirs qui l’ont déstabilisé.Ahmed a tenté d’apporter des réponses au micro d’Antoine Grognetde pour défendre son bilan et rétablir sa vérité sur plusieurs affaires.
Pendant 4 ans, le Malgache était qualifié de grand patron du football africain avant de subir les foudres de la Fifa. L’ex-président de la CAF, Ahmad, a été reconnu coupable de mauvaise gestion. L’occasion s’est présentée après ces quelques années, pour parler, crever les soupçons et crier à la face du monde sportif, la vérité, sa vérité, pas celle qui n’est pas sienne. L’interview le provoque, et lui fait rappeler que ses déclarations seront décortiquées et surtout confrontées à celles qui se baladent d’un média à l’autre, d’une analyse à l’autre et bien entendu d’un commentaire l’autre. L’ex-président de la CAF traînait cette étiquette «abus de pouvoir» et «détournement de fonds». Une sanction décidée par la Commission d’éthique de la fédération internationale. Le TAS, il faut le rappeler, a estimé que le Malgache a notamment enfreint les règles en matière de «distribution de cadeaux et détournement de fonds». Il devra également s’acquitter d’une amende de 50 000 francs suisses. Aujourd’hui, il se sent léger, il a fini de purger une suspension de deux ans. Il en profite pour revenir sur les circonstances qui ont conduit à sa mise à l’écart.
Durant cette période de 2017 à 2021, il explique à RFI, qu’il ne s’est pas ennuyé, il a «lancé un petit projet immobilier, une nouvelle activité parce que, à 63 ans, je suis maintenant à la retraite, une vie bien meilleure loin du stress !» Invité à confier si ses ambitions relatives à des réformes promises au lendemain de son élection en 2017 la CAF ont été concrétisées.
Sa réponse n’étonne personne, puisqu’elles n’ont pas vu le jour tout en soutenant que son bilan était positif pour la famille du football africain. «Je mentirais si je vous disais oui… Par contre, nous avons bien fait évoluer les choses. Nous avons lancé pas mal de projets, certains ne sont pas arrivés à terme, d’autres si».
A la question relative à l’une de ses priorités en l’occurrence celle de rompre le contrat entre la CAF et Lagardère, ce qui priva d’ailleurs la CAF de revenus importants. Pourquoi l’avoir fait ?
Dans cette interview riche en révélation et donc en information, l’ex-président de la CAF qui répond aux conséquences de cette rupture qui fait payer à la CAF entre 25 et 50 millions de dollars. Il avouera «nous n’avons pas rompu le contrat. Nous avons porté l’affaire devant une cour d’arbitrage suisse, et nous ne voulons en aucun cas payer quoi que ce soit, plutôt parvenir à une renégociation pour que les deux parties arrivent à tirer parti de ce contrat, car nous estimons, dira-t-il, qu’il n’a pas été signé à sa juste valeur et que nous pouvons encore augmenter les revenus de la CAF». Une situation qui aurait vidé la trésorerie de la CAF, l’ex- président se serait-il senti responsable ?

Sa réponse étonnera plus d’un
Pour lui tout cela était un scénario qui marquera l’histoire, voire son passage à la tête de la CAF. Curieuse accusation qui semble fissurer les bilans financiers de cette instance de football africain. Sauf que pour lui, tout est faux ou presque faux, puisqu’il dira «nous n’avons jamais eu de problèmes financiers jusqu’en 2021. Nous avions même encore pu donner de l’argent aux fédérations». Poursuivant son entretien, Ahmad Ahmad est invité à répondre à une autre question qui reste d’actualité parce qu’elle ne quitte pas les espaces médiatiques même de ceux qui n’ont rien à voir avec le sport, elle mérite d’être posée puisqu’elle apporte un souffle de vérité voici la question telle qu’elle lui a été posée.

Le Comité exécutif a refusé
de valider
«En août 2019, vous aviez accepté le principe d’un partenariat entre la CAF et la Fifa pour une mission d’assistance et d’audit de la Confédération. Est-ce que ça n’était pas finalement une mise sous tutelle qui ne disait pas son nom ?»
Réponse : «Pas du tout ! J’ai moi-même demandé au Comité exécutif de valider cette décision. C’était une stratégie pour pouvoir aller très vite dans les réformes. Si la Fifa est venue pour d’autres raisons, je ne veux pas le savoir. De mon côté, je souhaitais avoir du soutien, et Fatma [Samoura, secrétaire générale de la Fifa, NDLR] nous a apporté beaucoup de choses pour accélérer sur certains dossiers».

Le travail de coulisse était
plus fort
Le partenariat n’a pas résisté aux courants d’airs, la force des opérations des coulisses a fait que ce contrat n’a pu tenir plus de six mois… La CAF a décidé d’y mettre fin à Rabat, lors d’un Comité exécutif plutôt houleux auquel assistait Gianni Infantino. Un souvenir qui refait surface «Pourquoi… Parce que le partenariat était établi pour six mois, renouvelables en cas de besoin. Mais la majorité des membres du Comité exécutif se sont rendu compte que le travail effectué suffisait à lancer les réformes. Rien de plus !»
Vous avez le sentiment d’être lâché par la Fifa à ce moment-là ? «J’ai effectivement le sentiment d’être lâché par des amis qui ont accepté de travailler avec vous… Les plus proches de la Fifa disent : ‘Ah, Ahmad a signé son arrêt de mort’».
L’interview tire à sa fin par une question qui dévoile le sentiment de l’ex-président de la CAF à l’annonce de sa suspension de cinq ans infligée par la Fifa, ramenée à deux ans par le TAS ?

«La première réaction est
de se sentir offensé…»
«Ensuite, lorsque vous discutez avec vos avocats, c’est là que vous vous rendez compte que c’était un acte politique…» Un retour au monde footballistique peut-être ? «Le football reste une passion. Je l’ai pratiqué dès l’âge de cinq ou six ans en brousse, ce n’est pas aujourd’hui que cette passion va s’estomper. Mais je la vivrai sous une autre forme. Je soutiendrai surtout des jeunes chez moi, à Majoenga, une ville de football. Je soutiendrai des centres de formation. Si des gens souhaitent mon expertise, je la donnerai».
Synthèse de H. Hichem