Le CHAN et ses acteurs

chan-2022

Le CHAN-2022 n’est pas cette porte qui donne sur les clubs étrangers. Quitter l’Afrique pour aller se loger dans un club hors Afrique n’est pas chose aisée. L’idée ne vieillit pas, ce sont les fausses promesses qui vieillissent.
Les locaux veulent y aller se faire un nom. L’idée de partir se connecte avec les salaires pour subvenir à leurs familles. Voilà que des sélectionneurs ne partagent pas tous cette option, celle des locaux qui rêvent de contrats à l’étranger, pour les entraîneurs, il faut faire passer en priorité d’abord la question de fierté et de missions nationales. L’envoyé spécial de RFI s’est offert à l’occasion du CHAN, une belle opportunité pour rencontrer les sélectionneurs et les joueurs. Il voulait connaître leur sentiment, ce qu’ils retiennent de fort de leur présence en Algérie à l’occasion de cette compétition africaine.

Les fruits d’un CHAN pour les locaux
Le capitaine de l’équipe nationale du Mali, Makan Samabaly s’est exprimé et trouve que son rêve ne peut se différencier de celui des autres joueurs, qui ont encore des chances de voler de leurs propres ailes vers des clubs étrangers. Il n’a rien caché sur ce qui puisse offusquer ses collègues. «Comme tout jeune joueur local, je veux décrocher des contrats à l’étranger. On joue ces matches tout en ayant en tête l’ambition d’avoir un sérieux contact avec un club à l’étranger, Europe et pays du Golfe principalement. Pour lui «ceci constitue l’objectif des centaines de joueurs locaux qui sont présents au CHAN-2023 en Algérie.» Cela n’a rien de surprenant d’autant plus que ce Championnat constitue un tremplin pour tenter une autre vie footballistique.
Ce rêve n’est pas forcément le bon. Ce n’est souvent pas l’objectif des sélectionneurs pour leur joueur, d’autres aspirations refont surface et souhaiteraient que les locaux améliorent d’abord leur performance, pour donner plus au football local. Mais voilà que «loin des motivations de son joueur, le sélectionneur malien Nouhoum Diané a choisi la préférence nationale. «Moi j’ai un objectif précis», martèle celui qui a entraîné quasiment tous les grands clubs maliens. «Le pays m’a fait confiance pour que je sois en sélection nationale. J’ai un devoir envers mon pays. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de pays qui m’ont sollicité. Je n’ai jamais accepté de partir. Je suis au Mali, je reste au Mali.» «Pour moi, le plus important, c’est le pays.» L’appel de la nation est aussi très important pour le sélectionneur du Sénégal Pape Thiaw. «Pour moi, le plus important, c’est le pays. Le pays passe avant tout. J’ai envie de faire quelque chose pour mon pays comme entraîneur, comme je l’ai fait quand j’étais joueur». «Servir le pays est une priorité capitale». Dans ce tour d’horizon, l’envoyé spécial de RFI découvre au terme de sa mission que la plupart des entraîneurs nationaux estiment qu’être investis d’une mission : c’est d’abord servir leur pays en guidant les pas de leurs joueurs. «L’objectif pour nous, c’est de transmettre ce qu’on a appris», confie le coach des Lions indomptables, Alioum Saïdou. «Notre ambition est de faire progresser ces enfants-là pour qu’ils puissent partir avec les bagages nécessaires». Notre travail est une source d’assurance pour les locaux. Une autre lecture vient conforter les dires de nombreux joueurs et sélectionneurs, c’est un peu le sentiment de l’Ivoirien Soualiho Haidara, qui a déjà entraîné les U20 et le U23 de son pays avant de prendre les Éléphants locaux, qui ne dit pas le contraire. «Transmettre, aider, accompagner, c’est mon rôle. C’est vrai que ce n’est pas la même philosophie avec les jeunes où on fait de la détection et de la formation. Aujourd’hui, j’ai des adultes, des joueurs matures, que je dois accompagner pour aller chercher des résultats. Si grâce à notre travail et à leur performance, ils arrivent à décrocher un contrat, alors tant mieux pour eux. C’est tout ce que l’on souhaite». «Vous avez déjà ouvert une page de l’histoire». Enfin, le souhait du Congolais Jean Élie Ngoya Obackas, pour sa part, est de grandir en même temps que son équipe et se faire remarquer avec de belles performances au CHAN. «J’ai dit à mes joueurs : vous avez déjà ouvert une page de l’histoire». C’est à eux de choisir comment l’écrire. Sur du sable ? En lettres d’argent ? En lettres d’or ? Cette façon de penser est aussi valable pour moi. Je sais que je ne suis pas très connu au niveau africain, donc, j’ai la même ambition». Voilà un excellent travail d’un professionnel qui permettra aux autres d’expliquer ce que peuvent apporter de pareils rendez-vous sportifs, lorsque ces derniers sont bien compris.
Synthèse de H. Hichem