Algérie-Italie, le partenariat stratégique franchit un nouveau cap

Réalisation d’un important gazoduc dans «les plus bref délais»

La crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine qui a exacerbé les tensions socio-
économiques et a creusé les inégalités entre le Nord et le Sud, renforce les intentions de développement de la coopération énergétique internationale. L’Italie, touchée de plein fouet par cette crise, s’est tournée vers son allié historique, l’Algérie, pour augmenter ses livraisons de gaz naturel et diversifier ses investissements dans le pays.Il est clair que l’Algérie remplit, désormais, toutes les conditions d’émergence et pourrait, en effet, jouer un rôle primordial sur la scène régionale, notamment, méditerranéenne pour réduire les inégalités entre les deux Rives Nord-Sud, ce qui arrangerait bien l’Italie préoccupée par l’instabilité politique croissante dans la région.
«L’Italie souhaite concrétiser avec l’Algérie un partenariat permettant aux deux pays de réaliser davantage de croissance et de développement, d’établir des passerelles entre les deux Rives de la Méditerranée et de contribuer à la stabilité dans la région», a déclaré, la présidente du Conseil des ministres italien, Giorgia Meloni, en marge de son entretien avec le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dans le cadre de sa visite officielle de deux jours dans le pays.
La Cheffe du gouvernement italien, qui vient de succéder à l’ex-Premier ministre italien, Mario Draghi qui a déjà conclu avec Alger plusieurs accords de coopération, considère l’Algérie comme «un partenaire extrêmement important dans le cadre du plan Enrico Mattei en Afrique, basé sur un modèle de coopération sur le même pied d’égalité avec les pays de la Rive Sud de la Méditerranée, en vue de transformer plusieurs crises en nouvelles opportunités et en un potentiel nouveau». Elle a réitéré, à l’occasion, l’intérêt particulier qu’accorde «le nouveau gouvernement italien qui a voulu, ainsi, montrer l’importance de l’Algérie pour l’Italie comme partenaire essentiel et important sur le plan stratégique». L’objectif est de servir l’intérêt stratégique commun des deux partenaires.
Une vision stratégique qu’Alger approuve amplement. Le Président Tebboune l’a aussi confirmé, en insistant, dans le même sillage, sur «la nécessité d’œuvrer ensemble afin de contribuer à l’instauration de la sécurité et de la paix dans la région méditerranéenne et un grand rapprochement des visions autour des questions régionales».
Les deux parties ont discuté des enjeux sécuritaires et économiques en Afrique du Nord (la Libye, Tunisie), au Mali et dans toute la région du Sahel qui constituent des défis pour les deux Rives méditerranéennes. Cette instabilité accrue préoccupe les deux parties.
«Nous avons fait part de notre extrême inquiétude à l’égard des multiples foyers de conflits qui menacent la paix et la stabilité dans le monde et engendrent des crises préoccupantes aux répercussions négatives sur la sécurité alimentaire, notamment sur le continent africain», a indiqué le chef de l’Etat qui a relevé l’impératif de trouver des solutions consensuelles aux conflits qui touchent cette région et de les aider financièrement pour rebâtir leur économie. L’Algérie bataille depuis des années pour instaurer la paix dans ces zones troubles et s’engage à favoriser l’intégration régionale. La stabilité dans les régions du Sud concerne tous les pays du Nord.
L’Italie s’est tournée à nouveau vers son allié stratégique, l’Algérie pour bâtir un véritable partenariat solide. La priorité est donnée, entre autres, au domaine de l’énergie. Rome veut renforcer ses importations de gaz algérien et assurer sa sécurité énergétique. Deux protocoles d’accords stratégiques ont été signés lors de sa visite en Algérie. Cette dernière veut aider son client à surmonter la crise énergétique, et à devenir le hub énergétique de l’Europe, ce qui explique la détermination de l’Algérie à augmenter ses capacités de production de gaz dès 2023. Une opportunité que compte bien saisir le géant énergétique italien ENI qui vient de signer, lors de cette visite, deux accords stratégiques dans le domaine énergétique avec la compagnie nationale d’hydrocarbures, Sonatrach, visant principalement la réalisation d’infrastructures énergétiques (gazoducs).
Des projets très importants pour les deux pays, et bénéfiques pour les autres pays de la région. Pour rappel, l’Algérie a souligné, à maintes reprises, son souhait de relancer avec son partenaire italien, le projet du gazoduc Galsi et celui de la construction d’un câble sous-marin électrique reliant l’Algérie à l’Italie. Le pays lorgne également le gaz nigérian et espère lancer la réalisation du projet du gazoduc transsaharien Nigeria-Algérie qui devrait acheminer du gaz naturel vers l’Europe.
La réalisation de nouveaux gazoducs ne pourrait-être que bénéfiques (gagnant-gagnant) pour les deux partenaires, déjà reliés par le gazoduc Transmed. L’Italie a des connexions par gazoduc avec la Libye, l’Égypte, le Nigeria, l’Angola, le Congo et le Mozambique (du côté africain), et plusieurs autres pays européens.
Samira Takharboucht