Fin des lobbies de l’importation

Assainissement

Lors de sa dernière rencontre avec les walis, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avait déclaré que «nous avons réussi à réduire la facture des importations sans priver le citoyen des différents besoins». Avant de trancher « il n’y a plus d’importation déguisée».

Le président de la République s’engagera ensuite de poursuivre la politique d’assainissement des importations, car selon lui il y a encore des importations exagérées et que l’économie se construit sur la base de la production et non pas de l’importation.
Cette déclaration de Abdelmadjid Tebboune vient mettre un terme aux manœuvres de certains milieux affairistes qui espéraient que le Gouvernement allait alléger les restrictions imposées aux importations des biens en l’état après l’embellie financière générée par l’augmentation des prix du baril de pétrole en 2022 et l’augmentation des réserves de change.
En 2022, pour la première fois depuis 2014, le prix du Brent, pétrole de référence de la mer du Nord, avait dépassé les cent dollars (100,76). Ce prix a permis à l’économie algérienne de réaliser un excédent commercial dépassant les 18 milliards de dollars à fin novembre 2022 et une hausse des réserves de change qui ont dépassées la barre des 60 milliards de dollars. Ces performances financières sont-elles le résultat de la seule hausse des prix du pétrole ? En 2014, le prix moyen du baril de pétrole a été au même niveau que celui de 2022, soit 100,766 dollars. Sauf que l’excédent commercial de la balance des biens n’a été que de 0,326 milliard de dollars. La facture des importations qui avait dépassé les 59,67 milliards de dollars avait presque absorbée la totalité des recettes des exportations qui avaient atteint les 59,99 milliards de dollars. En 2014, et malgré un prix du baril de pétrole supérieur à 100 dollars, les réserves de change avaient tout de même baissées de 15 milliards de dollars.
En 2022, un excédent de la balance des paiements et une hausse des réserves de changes n’ont été possibles que grâce à une baisse importante de la facture des importations de marchandises. Le montant des importations de biens en 2022 n’a été que 37,50 milliards de dollars contre 59,67 milliards de dollars en 2014. Ce qui représente une baisse importante de 22,17
milliards de dollars en huit ans. La facture des importations de marchandises a connu une très forte croissance à partir de 2004. Cette année-là les importations n’ont été que de 17,95 milliards de dollars avant de bondir à près de 60 milliards de dollars en 2014. Ce qui représente une croissance impressionnante de 330% en l’espace de dix ans. Avec une telle évolution des montants en devises consacrés annuellement à l’importation on peut aisément deviner l’ampleur des surfacturations et les fraudes douanières et fiscales qui vont avec. En 2022, la reprise à la hausse des réserves de change n’est pas seulement imputable à une réduction de moitié des importations. La croissance à trois chiffres des exportations hors hydrocarbures a participée à l’excédent commercial. En 2014, les exportations hors hydrocarbures n’ont été que de 1,63 milliard de dollars. En 2022, on s’attend à des recettes d’exportations hors hydrocarbures de 6,5 à 7 milliards de dollars. Soit une croissance de 400% par rapport à 2014.
Enfin, il y a également le commerce invisible, connu sous le nom des services hors facteurs, que beaucoup occulte. En 2014 et à l’exemple des importations de marchandises celles des services hors facteurs ont explosées pour atteindre 11,70 milliards de dollars, entraînant ainsi un déficit de 8,16 milliards de dollars. En 2021, les efforts de l’actuel Gouvernement ont permis de réduire les importations des services à 6,84 milliards de dollars et le déficit à 3,64 milliards de dollars. La baisse de la facture des importations de biens et de celle des services ainsi que l’importante augmentation des exportations hors hydrocarbures ont permis, et pour la première fois depuis 2013, une augmentation des réserves de change. Ces dernières sont passées de 45,30 milliards de dollars à fin décembre 2021 à plus de 60 milliards de dollars à fin novembre 2022. Soit une hausse de 15 milliards de dollars en onze mois seulement. Cette reprise a mis un terme à un rapide processus d’érosion des réserves de change qui sont passés de 194,012 milliards de dollars à fin décembre 2013 à 45,30 milliards de dollars à fin décembre 2021. Soit une perte colossale de 148,712 milliards de dollars en huit ans.
La volonté affichée par le Gouvernement de construire une économie basée sur la production et non pas sur l’importation a permis de réaliser une croissance en volume de 3,5% en 2021. Cette dernière est passée à 4,1% en 2022 et sera portée à 5% pour l’année en cours. Seule une croissance soutenue sur le long terme permettrait au pays de renforcer ses équilibres financiers interne et externe, créer de l’emploi et améliorer le niveau de vie des citoyens.
M.Chermat