Aspects de l’islamophobie

Haine de l’Islam

La sourate Al-Hujurat, le 49ème chapitre du Coran, déclare : « Ô les croyants ! Evitez de trop conjecturer. Certes certaines conjectures sont des péchés. Et n’espionnez pas en recherchant les fautes des gens et ne médisez pas les uns des autres. L’un de vous aimerait-il manger la chair de son frère mort ? certes, vous en aurez horreur. Et ayez de la piété envers Allah. Car Allah est Grand Accueillant au repentir, Très Miséricordieux ».

L’islamophobie est un terme utilisé pour décrire l’hostilité irrationnelle, la peur ou la haine de l’islam, des musulmans et de la culture islamique, ainsi que la discrimination active à l’égard de toute leur civilisation. L’islamophobie est le nom donné au préjugé anti-islamique virulent qui a été vanté par les médias et repris par des politiciens cyniques occidentaux.
Pour les experts l’islamophobie c’est une peur, des préjugés ou une haine envers l’islam ou les musulmans. On a observé une augmentation de la tendance de l’islamophobie dans les années 2000, chose qui était liée aux attentats du 11 septembre aux États-Unis, tandis que d’autres l’associent à la croissance rapide des populations musulmanes dans l’Occident, en raison à la fois des immigrations et du taux de fécondité élevé.
L’islamophobie est enracinée dans le racisme et est un type de racisme qui vise les expressions de la culture islamique. Le recours à la notion de liberté d’expression comme un droit supposé àcritiquer l’islam n’entraîne rien de plus qu’une autre forme subtile de racisme antimusulman dans laquelle la critique humilie, marginalise etstigmatise les musulmans et leur mode de pensée et de vie.
L’islamophobie affecte négativement de nombreux jeunes, aujourd’hui. Les jeunes musulmans en sont directement et fortement affectés. Il est bien évident que les perceptions négatives associées à l’islam peuvent conduire à l’exclusion et à l’auto-exclusion, avec des effets notables sur l’estime de soi et les pratiques sociales de la jeunesse.

Causes de l’islamophobie
Les préoccupations du monde musulman face à la montée de l’islamophobie sont devenues l’un des défis majeurs du monde d’aujourd’hui. Ce phénomène est très fortement exprimé dans les politiques mondiales et régionales qui perturbent les relations entre l’islam et les pays occidentaux. Le terrorisme a pris des proportions graves et est devenu une cause majeure des stéréotypes contre les musulmans dans le monde moderne, où le rôle des médias est central. Les guerres des médias ont tourné au pire depuis les attentats terroristes du 11 septembre aux États-Unis.
En conséquence, les musulmans sont soumis à différentes formes de discrimination incitant à la haine et à l’agitation dans la société. Cela a été imputé à la manipulation et à la déformation de faits réels par les médias, en particulier en Amérique du Nord, en Grande-Bretagne et en Europe. Les médias décrivant l’islam de manière offensive et dénigrante ont fait des musulmans des victimes de la terreur et de la violence.
Les médias se sont vus confier la responsabilité de façonner l’opinion publique tout en tenant compte de la réalité, mais dans ce cas, la poursuite des attaques perpétrées par une partie des médias de groupes marginaux de l’Occident a favorisé une culture d’intolérance et de malentendu.
Les médias façonnent notre vision du monde et, en choisissant des noms négatifs et effrayants pour communiquer le problème de la crise, façonnent considérablement la perception des individus à l’égard du groupe en question. Mirza (2009) affirme que la domination mondiale des médias occidentaux est capable d’influencer les gens contre l’islam et les musulmans en utilisant les attaques du 11 septembre pour capitaliser leur rejet et dégoût.

Discrimination, exclusion et estime de soi
La politisation des fidèles musulmans en tant que terroristes a amené une réalité très triste de haine et de violence. La discrimination est devenue un problème majeur pour la minorité des communautés musulmanes vivant dans des pays étrangers, ce qui nuit à la puissante universalité de leur culture et civilisation.
Le développement de relations hostiles a augmenté, ce qui a entraîné une discrimination accrue et un isolement social parmi les musulmans. Les jeunes musulmans, en revanche, ont connu une grande exclusion sociale, ce qui augmente les risques d’abandon scolaire et de faible performance. L’Observatoire européen des phénomènes racistes (European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia–EUMC) a également signalé que les résultats peu souhaitables de la discrimination et de la violence à l’égard des musulmans, sont, sans doute, imputables aux reportages négatifs des médias.
Un grand nombre de ces rapports sont associés à l’exclusion, à la discrimination et à la violence, en particulier dans les écoles et le secteur du logement. Cette hostilité sans fondement à l’égard des adeptes de l’Islam a conduit à une interprétation unidimensionnelle de l’Islam en tant que « religion de terroristes » résultant dans des performances scolaires médiocres, dans un taux de chômage élevé, de bas salaires, de menaces verbales et d’agressions physiques (Dekker et Jolander, 2009, p.3).

Islamophobie en Europe
Aujourd’hui, l’islamophobie en Europe se manifeste à travers des attitudes et des comportements individuels, ainsi que par les politiques et les pratiques d’organisations et d’institutions. Les exemples (qui varient d’un pays à l’autre et d’une heure à l’autre) incluent ce qui suit : attaques physiques ou verbales contre des biens, des lieux de culte et des personnes, notamment de celles qui affichent une manifestation visible de leur identité religieuse, telles que les femmes portant le hijab ou le niqab. Menaces verbales ou en ligne de violence, de diffamation et d’abus ;Des politiques ou des lois qui ciblent indirectement les musulmans ou les touchent de manière disproportionnée et limitent indûment leur liberté de religion, telles que l’interdiction de porter des symboles religieux et culturels visibles, les lois contre la dissimulation faciale et l’interdiction de construire des mosquées avec des minarets. Discrimination dans les domaines de l’éducation, de l’emploi, du logement ou de l’accès aux biens et aux services. Le profilage ethnique et religieux et les abus de la police, y compris certaines dispositions de la police antiterroriste ; etDéclarations publiques de certains journalistes et politiciens – à travers tout le spectre politique – qui stigmatisent les musulmans en tant que groupe et ignorent leurs contributions positives aux communautés et aux pays dans lesquels ils vivent.
Le terme «islamophobie» est un phénomène relativement récent et, malgré les signes qui existent, il reste contesté quant à ce qui définit exactement les actions ou comportements antimusulmans ou anti-islamiques.Au cours des dernières années, l’islamophobie a été alimentée par l’inquiétude du public face à l’immigration et à l’intégration des minorités musulmanes dans les cultures majoritaires en Europe. Ces tensions ont été exacerbées à la suite du krach économique de 2007 et de la montée en puissance de politiciens nationalistes populistes. Elles ont, également, été aggravés par les attaques terroristes de grande envergure perpétrées par des extrémistes musulmans.
Dans un climat de diversité en expansion rapide en Europe, les minorités musulmanes ont été décrites comme des personnes n’appartenant pas à la population des pays hôtes et souhaitant se séparer du reste de la société. Les politiques gouvernementales n’ont pas réussi à garantir l’égalité des droits pour tous, obligeant des couches importantes de minorités musulmanes à faire face au chômage, à la pauvreté et à une participation civique et politique limitée, ce qui aggrave la discrimination.
Les minorités servent souvent de boucs émissaires en période de crise économique et politique. Certains considèrent que l’islam et les quelque 20 millions de musulmans vivant dans l’Union européenne constituent une menace inhérente au mode de vie européen, même dans les pays où ils vivent depuis des générations. Le mythe d’une « islamisation » ou d’une invasion européenne en cours a été nourri par les partis populistes xénophobes qui se multiplient à travers l’Europe. En effet, les Européens surestiment la proportion de leurs populations musulmanes.
Les attaques terroristes du 11 septembre ont radicalement changé l’opinion publique à l’égard des musulmans. Depuis lors, des actes terroristes tels que les attaques de djihadistes violents à Londres, Paris, Bruxelles et Barcelone ont accru la peur et l’anxiété. L’utilisation de l’islam par des extrémistes pour justifier leurs actes terroristes a amené de nombreux Européens à considérer l’islam comme une menace et à craindre les musulmans comme leurs ennemis. Depuis 2001, certains médias en Europe ont succombé à des reportages basés sur des stéréotypes et ont utilisé les actions des islamistes pour stigmatiser les populations musulmanes dans leur intégralité. Il est à craindre que les stéréotypes et les généralisations concernant les musulmans alimentent les mesures de lutte contre le terrorisme en Europe qui restreignent les libertés pour tous et ont un impact négatif sur les communautés musulmanes.
L’islamophobie est un «symptôme de la désintégration des valeurs humaines », selon Thomas Hammarberg, ancien Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, des valeurs telles que la non-discrimination, la tolérance, la liberté de pensée, la justice, la solidarité et l’égalité. Ces valeurs sont supposées être inhérentes aux sociétés européennes ; ce sont des valeurs sur lesquelles l’Union européenne et le Conseil de l’Europe ont été construits.
L’ampleur et la nature de la discrimination et des incidents islamophobes perpétrés contre des musulmans européens restent sous-documentées et sous-déclarées en raison du manque de données pertinentes.

Par Dr Mohamed Chtatou
(A suivre…)