«Les séismes qui se produisent en Algérie sont définis comme étant superficiels et donc dévastateurs»

Professeur Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs :

Le professeur Abdelkrim Chelghoum, président du Club algérien des risques majeurs et directeur de recherches à l’Université des sciences et technologies Houari Boumédiene (USTHB) d’Alger, est revenu, hier mardi, sur le séisme dévastateur qui vient d’ébranler la Turquie et la Syrie.«Les séismes qui se produisent chez nous en Algérie sont définis comme étant superficiels et donc dévastateurs», a-t-il fait remarquer. Car, a-t-il indiqué, plus le séisme est profond moins il est dévastateur. Intervenant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l’invité de l’émission «L’invité de la Rédaction», le président du Club algérien des risques majeurs a fait savoir que le fort séisme survenu en Turquie et en Syrie est qualifié de sévère par les experts avec une magnitude de 7,8 sur l’échelle de Richter. Jamais, a-t-il dit, égalée auparavant dans la région. «La région méditerranéenne est connue pour son intense activité sismique (…) Elle se trouve dans une interaction entre trois plaques tectoniques. Celle qui s’est rompu, la plaque anatolienne, a été poussée par coulissage par les plaques africaine et arabique», a observé le Pr Abdelkrim Chelghoum.
Pour le président du Club algérien des risques majeurs et directeur de recherches à l’Université des sciences et technologies Houari Boumédiene d’Alger a rappelé que le seul moyen d’en réduire les dégâts demeure son anticipation par l’adoption de bâtisses et ouvrages d’art véritablement antisismiques. Le risque sismique étant, a-t-il poursuivi, totalement imprévisible. «Le Club algérien des risques majeurs demande, s’agissant du risque sismique, l’organisation périodique de l’évaluation des infrastructures telles que des ponts, routes, réseaux de communications, d’alimentation en électricité, gaz…», a rappelé le Pr Abdelkrim Chelghoum.
Ce sont, a-t-il poursuivi, des ouvrages à caractères stratégique qui doivent rester debout quel que soit, a insisté l’invité de la Chaîne III de la Radio nationale, l’intensité de la catastrophe (…). «C’est pour cela que nous avons demandé une expertise rapide et l’installation d’instruments de mesure», a ajouté le Pr Abdelkrim Chelghoum. Soulignant, au passage, l’urgence d’actualiser la dernière loi, la 04-20, sur les risques majeurs date déjà de 2004, suite au séisme de Boumerdès en 2003. Alors que, a-t-il observé, toute loi doit être revue au moins chaque dix ans. Surtout que certains de ses textes d’application ne sont toujours pas parus. Et qu’en l’absence de son actualisation, dit-il encore, elle serait déjà obsolète.
Le texte, la loi 04/20, qui modifiait la loi de 1990, redéfinissait les règles lors de l’élaboration des plans d’aménagement et d’urbanisme. Et pris en compte les prescriptions des plans généraux de prévention des risques majeurs et l’identification des zones sismiques classées selon leur degré de vulnérabilité.
Rappelons qu’en 2021, le président du Club algérien des risques majeurs a appelé à ne pas se contenter de gérer la catastrophe, mais plutôt, a-t-il insisté, apprendre à gérer les risques. Saluant, à l’occasion, les énormes progrès enregistrés par la Protection civile, un organe très organisée qui a des moyens lui permettant d’être vigilant et prêt en cas de catastrophe, ou encore le Génie Militaire régulièrement engagé lors de l’activation des plans Orsec.
Rabah Mokhtari