L’évolution de l’indice de développement humain (IDH) du PNUD et celui de l’Indice de Transparency International sur la corruption

Deux rapports internationaux à méditer

Après des rapports relativement positifs pour 2023, insistant sur le fait que cela est dû essentiellement à une conjoncture favorable du prix élevé des hydrocarbures en raison des tensions géostratégiques, sur le plan macro financiers et des indicateurs modérés sur le plan macro social, de la Banque mondiale et du FMI (voir nos contribution nationales et internationales www.google.com 10 janvier 2023, le rapport de la Banque mondiale sur l’économie algérienne, des perspectives positives pour 2023) mais dont le développement durable implique de profondes réformes structurelles, tout en prenant avec précautions pour certaines conclusions devant tenir compte de l’échantillon des enquêtés et des hypothèses de calcul, nous avons deux rapports internationaux sur l’Algérie.

Le Danemark, la Finlande et la Nouvelle-Zélande dominent le classement, avec un score de 88. Suivent la Norvège, Singapour et la Suède, avec 85 points. Puis la Suisse, avec 84 points. Les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Allemagne se placent respectivement aux 8e, 9e et 10e places.
Le Royaume-Uni occupe la 11ème place, Hong Kong (12ème), le Canada (19ème), l’Australie, la Belgique et le Japon (18ème), la France (22ème), les Emirats Arabes Unis (24ème). Les Etats-Unis 27ème, le Qatar (31ème), la Corée du Sud (32ème), l’Espagne (34ème), l’Italie (42ème). L’Arabie Saoudite (52ème), la Chine (66ème), le Mexique (124ème), la Russie (136ème), l’Iran (150ème). En bas du classement, nous avons le Venezuela (177ème/14 points), la Somalie et la Syrie la 178ème place avec 13 points, le Soudan du Sud (180ème/11 points). Pour l’Algérie, les organes dépendant de l’exécutif soit du ministère de la justice ou du ministre des finances ou du premier ministre ne sont pas neutres et l’expérience récente des détenus de hauts responsables dont des ex premiers ministres et même un ministre de la justice, en est la preuve. Dans les pays développés l’organe suprême de contrôle des deniers publics est la Cour des comptes, organe indépendant qui d’ailleurs en Algérie a été consacré par la nouvelle Constitution, devant éviter de créer d’autres organes qui se télescopent.
Les intentions de lutte contre la corruption certes louables afin que ce rêve si cher à tous les Algériens, condition d’un Front national interne solide face tant aux tensions budgétaires, sociales internes, que géostratégiques à nos frontières s’appliqueront-elles sur le terrain ? Il ne faut pas confondre la corruption, avec acte de gestion, la dépénalisation de l’acte de gestion que je réclame depuis de longues années, afin d’éviter de freiner les énergies créatrices, la définition du manager étant de prendre des risques, pouvant gagner ou perdre. Le cancer de la corruption, démobilise la société par une méfiance généralisée et accentue le divorce Etat-citoyens. Le combat contre la corruption, pour son efficacité doit reposer sur la mise en place de mécanismes de régulation transparents, en fait une bonne gouvernance. Les différents scandales financiers en Algérie, qui touchent certains secteurs publics et privés, relatés chaque jour par la presse nationale, dépassent souvent l’entendement humain du fait de leur ampleur, encore que tout Etat de droit suppose la présomption d’innocence afin d’éviter les suspicions et les règlements de comptes inutiles. Pourtant, ces constats témoignent de la désorganisation des appareils de l’Etat censés contrôler les deniers publics et surtout le manque de cohérence entre les différentes structures de contrôle. Cela dénote l’urgence de mécanismes de contrôle transparents qui évitent que ces pratiques ne se reproduisent renvoyant à plus de liberté, de justice sociale, ( indépendance de la justice), de moralité des institutions et de démocratie non plaquée selon les schémas occidentales mais tenant compte des riches anthropologies culturelles de chaque Nation ( voir A.Sen, indien professeur à Harvard prix Nobel d’Économie) .Si l’on excepte la mauvaise gestion de certaines entreprises publiques qui accaparent une partie importante du financement public, il ne faut jamais oublier l’administration et les services collectifs dont les infrastructures qui également accaparent la mauvaise gestion des services collectifs et devant se poser la question de l’efficacité des transferts sociaux souvent mal gérés et mal ciblés qui ne s’adressent pas toujours aux plus démunis.

En conclusion, selon le rapport du PNUD de 2022, nous vivons dans un monde d’inquiétude où la pandémie actuelle de COVID-19 a entraîné un recul du développement humain et la guerre en Ukraine et dans d’autres parties du monde génère de nouvelles souffrances humaines dans un ordre géopolitique mouvant et un système multilatéral exsangue. Pour celui de Transparency International, le contrôle le plus efficace passe par une plus grande moralisation de la société lie à la démocratisation et une visibilité de la politique socio-économique , la corruption démobilisant la population, devant s’attaquer à l’essence, l’écosystème et notamment la bureaucratisation centrale et locale qui enfante la sphère informelle et la corruption.
(Suite et fin)
Pr des universités, expert international
Abderrahmane Mebtoul