Le rêve brisé d’une maman de deux enfants

Logement social à Oum El-Bouaghi

« Chassée » par son époux avec ses deux filles en bas âges, une jeune maman, fille de Moudjahid, risque de se trouver dans la rue à tout moment. C’est dans l’appartement de son grand frère à Souk Naamane quelle a trouvé refuge avec ses deux fillettes, mais pour quelques jours seulement, nous a déclaré la maman.
En effet, tout a commencé par l’affichage de la liste des bénéficiaires des logements sociaux dans la daïra de Souk Naamane, wilaya de Oum El Bouaghi. Alors qu’elle s’attendait à la distribution des clefs des appartements pour pouvoir y habiter avec ses deux fillettes et son époux, la dame en question ne s’attendait guère à cette mauvaise nouvelle que vient lui annoncer son époux, à savoir la rupture conjugale. Selon la femme en question, son époux est venu lui dire qu’il a décidé de divorcer en prononçant les trois termes de la séparation consécutivement à la religion « Raki M’talga be Thaletha ». Nous avons demandé à cette dame les raisons de cette rupture, la dame en question nous a répondu ce qui suit : « J’ai demandé à mon époux s’il avait reçu les clefs de l’appartement pour que je commence à préparer mes valises, cette question l’a rendu furieux et hors de lui ». Et la dame continua son récit : « Si vous attendez d’habiter ce logement vous faites erreur. Je vous donne un conseil, il faut chercher d’ores et déjà un logement, celui-là est à mon nom et il est hors de question que vous y rentrer même pour une journée ». Notre interlocutrice nous a fait savoir qu’elle a tenté de le raisonner mais en vain. « Sortez d’ici, vous n’êtes plus ma femme et a prononcé les trois termes du divorce », nous a expliqué la dame en question. Cette dernière nous a déclaré que durant ces années, elle vivait avec son mari et ses deux fillettes dans des logements des particuliers que son époux louait à chaque fois. Le dernier bailleur nous a mis dehors car son époux n’a pas réglé plusieurs mois de loyers, a-t-elle expliqué. Nous avons demandé à cette dame pourquoi son mari n’a pas payé les loyers, elle nous a répondu que son époux ne travaillait pas et n’a aucune ressource. « C’est dans la maison de ses parents que nous avons habité ces deniers temps avant de me mettre à la porte avec mes deux fillettes », a-t-elle fait savoir. Notre interlocutrice nous a déclaré qu’elle ne sait pas ce qu’elle doit faire car son frère lui a fait savoir qu’elle doit quitter son appartement la fin du mois de mars 2023. « Avant de me laisser entrer chez lui, mon frère m’a bien expliquée qu’il ne pourrait pas me garder longtemps et que je dois quitter son logement avant le mois de mars 2023 », a-t-elle précisé. Avant de prendre attache avec la rédaction du journal, la dame en question nous a expliqué qu’elle avait tenté de rencontrer le président de l’APC et le chef de daïra mais en vain. « C’est grâce à moi et à mes deux filles que la commission de distribution a validé notre dossier de demande de logement. Je suis une femme, mère de deux filles et je suis orpheline et ne possédant aucune habitation. Je souhaite que le bail de location soit mis à mon nom car je n’ai pas d’autres lieux ou je dois y habiter avec mes deux filles ». Pour en savoir plus à ce sujet, nous avons décidé de prendre attache avec les autorités locales de la wilaya de Oum El Bouaghi. Le président de l’APC nous a déclaré que consécutivement à la Charia, c’est l’époux qui doit bénéficier du logement et non pas la femme, nous a-t-il déclaré. Nous avons posé une question au maire de la ville, à savoir : «Et la femme, où va-elle habiter ?». Réponse du Président de l’APC : « C’est à son mari de lui trouver un logement et de lui payer les loyers ». Le président de l’APC ne savait certainement pas que l’époux n’a pas de ressource et ne paiera même pas la dite « Nafaka », la pension alimentaire. Toutes nos tentatives visant à rentrer en contact avec le chef de la daïra sont restées vaines. « Le chef de daïra est en réunion, il est au siège de la wilaya, il est en mission, il a du monde dans son bureau, appelez demain ou après ». Telles étaient les réponses données par son secrétariat. Devant notre assistance, la secrétaire principale du chef de daïra nous a indiqué que son chef lui a demandé de dire à toute personne désirant lui en parler qu’il doit prendre rendez-vous à l’avance et se déplacer dans bureau. Contrairement au chef de daïra, le secrétaire général de la wilaya a accepté de recevoir la dame en question. « Je remercie le secrétaire général qui a accepté de me recevoir, mais il m’a répondu qu’il ne pourrait rien faire pour moi ». C’est le même cas pour la directrice des anciens Moudjahidine, qui a également accepté de recevoir la dame en qualité de fille de Moudjahid. Après la rencontre, la directrice a refusé de lui venir en aide en l’appuyant avec un courrier auprès du président de la commission de distribution des logements sociaux. Seul, le président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) a redonné de l’espoir à cette dame. Ce dernier a décroché le téléphone pour informer le wali. Il aurait même appelé le chef de daïra de Souk Naamane pour lui demander d’examiner le cas de cette dame. En somme, malgré les efforts déployés par l’Etat dans le domaine de l’habitat, la crise du logement persiste. Selon des spécialistes en la matière, seule la restructuration de la gestion des logements sociaux pourrait mettre fin à la crise du logement dans le pays
Moncef Redha