Crise du gaz en Europe, une aubaine et source juteuse de bénéfices pour l’Algérie

«La crise du gaz n’est pas finie» a mis en garde l’Agence Internationale de l’Energie (AIE)

Les exportations de la Russie, premier fournisseur de gaz de l’Europe, ont été réduites de plus de la moitié en 2022, ce qui a ouvert la voie à la concurrence, en l’occurrence, à l’Algérie pour renforcer et augmenter son offre gazière et séduire de nouveaux clients. C’était le cas d’ailleurs.

Les exportations algériennes du gaz naturel ont dépassé les 56 milliards de mètres cubes en 2022 et l’Etat ambitionne à porter le volume de ses livraisons à plus de 100 milliards de mètres cubes, en 2023. C’est la meilleure aubaine qu’offre la crise énergétique mondiale à l’Algérie qui s’apprête à construire un important gazoduc avec l’Italie, lui permettant d’accéder facilement au marché européen. «La crise n’est pas finie», a averti, il y a quelques jours, l’Agence internationale de l’Energie (AIE) qui a convoqué une réunion spéciale avec les ministres d’une quarantaine de pays pour «étudier la situation des marchés du gaz», selon le bureau de presse de l’Agence AFP.
L’AIE a appelé les pays européens, en proie à une crise du gaz sans précédent en 2023, à se préparer pour l’hiver prochain et à renforcer leurs réserves de gaz naturel et du gaz naturel liquéfié (GNL) pour qu’il puisse substituer au gaz russe. Face à la baisse des importations du gaz russe et la fermeture de la quasi-totalité des gazoducs et le plafonnement de ses prix à 180 euros, ce qui a d’ailleurs provoqué le mécontentement de Moscou et d’autres pays à l’instar de l’Algérie, la crise du gaz risque de s’accentuer en 2023. Le violent séisme de magnitude 7,8 qui a frappé, il y a une semaine, la Turquie et en Syrie vient aggraver la crise énergétique.
La sécurité énergétique de l’Europe dépend non seulement de sa stratégie de développement du renouvelable, mais aussi de la production et des exportations du GNL américain et du Moyen-Orient et de l’Afrique. Il faudrait aussi faire face à la concurrence asiatique.
L’Algérie est devenue une importante alternative pour les clients européens qui cherchent à augmenter leurs importations du gaz algérien pour sécuriser leurs réserves, mais aussi pour investir dans le domaine gazier et du renouvelable. Une opportunité tant recherchée par l’Algérie qui appelle depuis plusieurs mois les investisseurs étrangers à venir investir en Algérie et à profiter des avantages offerts par le nouveau Code de l’Investissement. L’Italie est l’un des premiers clients et partenaires économiques à solliciter l’Algérie pour son gaz, mais aussi pour élargir leur coopération dans le domaine de l’énergie et de l’entreprise.
L’Algérie a largement contribué à assurer la sécurité énergétique de l’Europe depuis le début de la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine et vise à maintenir ce lien commercial très solide avec ses partenaires européens. Les pays de la zone euro «demeurent les principaux clients de l’Algérie, avec une part de plus de 78%, alors que le reste est réparti entre l’Asie (12.5%), l’Afrique (4,5%) et pays de l’Amérique (4,4%)», a indiqué, il y a quelques jours, le ministère de l’Energie et des Mines, dans son bilan pour 2021. Ils figurent toujours en tête de liste des demandeurs du gaz algérien en 2022, et ceci ne risque pas de changer en 2023 en raison de l’incertitude qui plane sur le marché du gaz, particulièrement.
En 2022, l’Italie a acheté plus de 25 milliards de mètres cubes de gaz naturel et veut faire augmenter ce volume au cours de cette année.
La hausse des prix négociée et approuvée au cours de l’année 2021 n’a aucunement affecté les achats du gaz algérien par les partenaires européens. L’Espagne qui est en froid avec l’Algérie depuis 2021, compte sur le gaz algérien pour renforcer sa sécurité énergétique et éviter du coup une hausse déjà «exorbitante» des prix de l’énergie, à l’origine des tensions sociales dans certains pays. Selon la presse espagnole, citant l’opérateur du réseau gazier Enagás et reprises par le média en ligne Algerieeco.com, «l’Algérie a fourni un quart de la demande mensuelle de gaz naturel de l’Espagne», assurant que «l’Algérie a retrouvé sa place de principal fournisseur de gaz naturel de l’Espagne en janvier».
Selon la même source, «25 %, soit 8.545 GWh, du total des livraisons de gaz à l’Espagne en janvier de cette année provenaient d’Algérie. Les deux pays sont reliés par le gazoduc sous-marin Medgaz de 757 kilomètres. L’Algérie est devenue une véritable alternative au gaz russe pour les Européens et devrait contribuer davantage à renforcer la sécurité de leur approvisionnement en gaz naturel et en GNL. Le pays devrait annoncer au cours de l’année en cours de nouvelles découvertes de gaz, en plus de l’entrée en service des usines de traitement de gaz.
Samira Takharboucht