La communication avec le public, leur seule source d’inspiration, est permanente

Un profond désir de communiquer, inspire les chanteurs

Communiquer est bon pour la santé et la communication est le propre de l’homme. Les gens qui ne communiquent pas, peuvent devenir à la longue des malades incurables, attraper les plus sales maladies du monde moderne et que tout le monde connaît.

Communiquer est un besoin vital et chacun cherche à faire part à des proches ou à des amis de ce qui l’angoisse, le hante le plus, de ses obsessions, de ses désirs et rêves. Ce profond désir inspire les chanteurs qui chantent la vie de tous ceux qui aiment entendre chanter. Les chanteurs ont existé depuis la nuit des temps et n’est pas chanteurs qui veut. Il faut avoir une voix qui charme les oreilles, savoir toucher le public virtuel ou réel en le réconfortant, faire vibrer les cœurs. La communication est une thérapie, elle répond à un besoin de parler ne serait-ce que pour dire quelque chose surtout à ceux qui vivent dans la solitude. D’ailleurs, il arrive que ceux qui vivent une vie difficile d’ermite, se mettent à parler seuls, à défaut d’avoir un interlocuteur ; on a vu, dans des régions désertées, des vieilles, des vieux animer des discussions en solitaire. On les prendrait pour des fous alors qu’ils jouissent de toutes leurs facultés, c’est parce qu’ils cherchent un soutien autour d’eux et dans le vide, ils cherchent une compensation, parler seul en s’imaginant que des personnes sont là pour les écouter. Et qu’on le veuille ou non, le chanteur est avant tout un artiste créateur de textes quand c’est lui-même qui compose ses paroles, des paroles qui pèsent beaucoup aux yeux du public parce que ce sont des paroles qui ont une portée morale qui donne force et espoir à ceux dont la reconnaissance se manifeste par une réelle volonté d’écouter et de réagir favorablement aux chansons. On le voit dans la réaction du public, lorsqu’un chanteur adulé par tous, il est chaleureusement applaudi et on lui demande de chanter encore lorsque les thèmes intéressent vraiment. Lorsque le chanteur, qu’il soit traditionnel ou moderne sait qu’il est écouté, il est pris d’un profond désir de communiquer et il s’inspire pour l’écriture de chansons.

Essayons de remonter dans le temps pour mieux comprendre les sentiments qui lient le chanteur à son public
On a coutume d’appeler, dans l’ancien temps, ces chanteurs « chanteurs populaires », parce qu’ils étaient au service d’une population démunie et qu’ils appartenaient à une époque ancienne où n’existait pas d’autre moyen de communication, en dehors de la voix. Les gens se morfondaient dans leur isolement, mais ce n’était point le vide culturel tel qu’on l’entend étant donné que ceux qui possédaient bien la langue et qui avaient des prédispositions, composaient des vers pour meubler le vide et procurer du plaisir à tout le monde, particulièrement à ceux qui aiment le langage esthétique, celui des chanteurs poètes. Ces derniers s’inspiraient de l’actualité marquée par des conditions de vie difficiles, de la précarité d’une grande majorité de la population, de la colonisation, d’un quotidien où il fallait apprendre à lutter et à ne pas se laisser abattre par les difficultés, tels sont les éléments essentiels d’un tableau indicateur d’une vie quotidienne pas toujours facile. Ce sont ces faits et problèmes permanents qui inspirent les chanteurs qui abordent la vie sous tous ses thèmes. Ces chanteurs de l’ancien temps avaient beaucoup de facilités pour composer les paroles versifiées cela coulaient comme de source tant ils possédaient la langue et que les thèmes leur étaient familiers. Cependant, n’était pas chanteur qui voulait, il fallait avoir une belle voix retentissante, musicale et charmante qui mettraient en valeur les paroles, objet d’un travail judicieux des chanteurs, et pour eux les paroles devaient avoir un impact important sur l’ensemble de la population.
Des chanteurs populaires, il y en avait partout en Algérie, certains empruntaient les paroles à de grands poètes de l’oralité tels, par exemple Ben Guitoun, Ben Fodil, Msayeb qui composaient au service d’une cause nationale des poèmes de circonstances. On peut ajouter, qu’au 19ème siècle, des poètes de l’oralité ont produit au gré des évènements de merveilleux poèmes adaptés à la chanson. On les a chantés pour ce qu’ils ont véhiculé comme thèmes d’une actualité de l’époque et qui entrent aujourd’hui dans notre patrimoine culturel commun. On ne omettre les meddah qui ont existé dans toutes les régions, d’une époque, comme poètes chanteurs et musiciens itinérants. Leur musique sobre, un tambour et une flûte, sinon l’un des deux, et ils chantaient la vie de chacun en versifiant admirablement. Quand ils passaient dans une localité, ils se donnaient en spectacle immédiatement et femmes, enfants, hommes couraient pour le plaisir de le voir chanter, et sitôt qu’il avait fini, les habitants le payaient en espèce ou en nature.

Un profond désir de communiquer inspire les chanteurs
Les chanteurs sont dans l’univers du public, ils partagent sa joie et ses douleurs, prennent part à toutes les corvées qu’entreprend la communauté et au sein de la population, rien ne permet de dire qui est le chanteur. Et les chanteurs s’inspirent de la vie au quotidien de tout le monde et sur divers thèmes. Les chansons traduisent une volonté de s’adresser à tout le monde par des paroles de tous les jours mais choisies de manière à faire réagir des fois favorablement, cela veut dire que le ou les chanteurs ont la magie du verbe, ils ont le don de faire vibrer les cœurs car ce qu’ils chantent, c’est tout ce qui est intériorité de chacun, ses sentiments, émotions, problèmes relationnels, regrets ; bref tout ce qui agiter intérieurement chaque individu. Nous avons en mémoire une chanson « le cœur et l’œil » qui voient différemment la beauté, le cœur s’est querelle avec l’œil à propos de la beauté féminine, ils se disputent tant ils n’ont pas la même conception là- dessus, l’œil la voit superficiellement alors que le cœur voit en profondeur. Quand au public qui écoute, les avis sont différents selon les individus et chacun défend son point de vue, et la communication est ouverte. Voyons par quelques exemples de chanteurs bien aimés. Amar Ezzahi a été un grand chanteur d’un temps et de tous les temps ; ses chansons s’inscrivent dans le chaabi algérien qu’il a révolutionné en lui apportant des notes personnelles faites de curiosité et de mystère. C’est un chanteur merveilleusement adulé par son public à qui il a répondu en chantant la vie sous toutes ses facettes, d’où la communication entre lui et chacun de ses fans, il n’y a pas une seule personne qui vous dira » je n’aime pas Ezzahi » à condition qu’il ait écouté quelques unes de ses chansons et qu’il soit sensible à sa musique vocale et instrumentale. Le chanteur châabi s’inspire du domaine populaire pour ses chansons et il est adulé par tout le monde parce qu’il y’a une réelle communication entre les deux. Le chanteur avec sa voix douce et mélodieuse donne envie de se laisser aller à l’émotion. Ceux qui ont assisté à une de ses soirées musicales se sont laissé bercer et ont eu l’impression de vivre dans un autre univers.
Son genre populaire est unique et il appartient à une tout autre école totalement différente des autres châabi. Le vrai chanteur est un artiste qui réussit à se faire aimer du public qui l’inspire tout en communicant bien avec lui. Ceux qui ont eu la chance d’avoir une longue et belle carrière de chanteur connaissent bien leur public toujours admiratif de leur succès et de leur capacité à créer des paroles et des musiques qui enchantent au point de devenir des idoles de la chanson. Aimer un chanteur est quelque chose de naturel, c’est quelqu’un en qui on trouve un remède à son impression de vide, c’est aussi celui qui apporte un réconfort moral surtout dans les moments de stress. Parmi les idoles, il y a ceux qu’on a admirés durant les soirées musicales comme Abdelkader Chaou, accompagné de son instrument musical favori, et qui a chanté la vie sous toutes ses facettes dans le genre châabi avec des particularités : une voix envoutante, des paroles enchanteresses, tout ce qu’il faut pour charmer le public. Celui- ci lui rend la réciproque et comme il convient, il l’écoute chanter et il l’applaudit chaleureusement parce qu’il est pleinement ravi de l’entendre de sa voix douce et chevrotante mais qui ne manque pas de charme, surtout quand il se met une vieille chanson, celle de Chikh Amokrane, célèbre pour sa bonté vis-à-vis des humbles, sa capacité à délivrer des recettes curatives à une époque où n’existait ni médecin, ni pharmacien, sa pratique de l’islam en tant que défenseur de la confrérie « Rahmaniya » à l’exemple de Chikh Mohand.
La chanson que chante si bien Abdelkader chaou a été, vraisemblablement composée par ses khouan (ses adeptes). Mais chaque chanteur qui a fait une belle carrière a ses admirateurs enthousiastes, qu’on désigne en anglais « ses fans » avec qui le dialogue est permanent en tant que source intarissable d’inspiration. C’est quand même admirable qu’un chanteur nouveau ou ancien continue d’avoir beaucoup de monde admiratif de ses chansons et qui aime les fredonner. Parlons de chanteurs qui on inventé des chansons pour leur public qui leur sert de source d’inspiration intarissable, tel Ait Menguellet qui a fait une longue et belle carrière de chanteur auteur de sa poésie qui se dit aussi meddah parce qu’il intéresse tout le monde. C’est l’exemple type de chanteur qui a commencé timidement avant de se lancer dans la poésie pure et parfois difficile à comprendre bien que la communication avec son public soit constante.
Boumediene Abed