Visite de ruines figées dans le temps pour que la mémoire se revivifie

Tourisme mémoriel

Pour quelqu’un de cultivé, il n’y a rien de plus enrichissant que d’aller visiter les ruines, lieux chargés d’histoire, car notre histoire est notre mémoire. Notre histoire est aussi notre identité, qui dit ce que nous sommes et ce que nous avons été.

Lorsqu’on regarde les ruines, nous avons l’impression de voir une cité ancienne plongée dans le silence, oubliant que chaque coin est un lieu d’une mémoire fertile ; plus vous l’interrogez, plus vous avez de détails importants sur les informations dont les murs sont les témoins omniprésents. Dans ce travail de recherche, on ne s’intéressera pas uniquement aux ruines des grandes villes, mais aussi et surtout aux ruines des maisons individuelles et isolées d’autant plus intéressantes qu’elles racontent des histoires parfois extravagantes. Pour apprécier les ruines, il faut connaitre leur histoire depuis le temps où à la place de ces ruines, il y avait de la vie dans les maisons, sous une civilisation florissante qui a pris fin à l’arrivée des envahisseurs qui avaient passé en semant la mort, la destruction, le feu de façon à ne rien laisser aucune chance de survie aux habitants dont la plupart préfèrent pour sauver leurs têtes, la fuite en laissant derrière eux des morts et des ruines. Ainsi l’arrivée des Romains en Afrique du Nord ne s’est réalisée qu’au prix de trois guerres puniques des plus sanglantes. L’empire romain lui-même, qui a rayonné pendant près de cinq siècles est tombé sous l’invasion des vandales venus de l’Europe du nord. Ces envahisseurs ont transformé en ruines les nombreuses villes romaines, et le travail de destruction a duré un siècle. Pour s’intéresser à ces ruines, il faut savoir par qui la ville a été construite, en quelle année, et comment elle est tombée. Il faut avoir un minimum de connaissances pour savoir par qui la ville a été habitée, comment vivait la population, y avait –il dans la ville des infrastructures nécessaires à une vie épanouissante. On sait aussi qu’il existe encore des cités urbaines dont l’histoire est multimillénaire à l’exemple de Tanger, Ténès, Tamenfoust, Carthage ; elles ont été plusieurs fois construites depuis l’époque phénicienne. Voilà des cités anciennes qui ont beaucoup à raconter sur leur passé.

Exemple type : Timgad, une ville coloniale romaine, en ruines
Elle a été fondée par l’empereur romain Trajan en l’an 100 après l’ère chrétienne. Il n’y a que des maisons anonymes alignées, il y a plusieurs rangées de maisons. Comme commodités, les Romains avaient des thermes, quatre au total, une à chaque point cardinal, où les habitants pouvaient prendre des bains d’eaux chaudes médicinales. Donc des bains de remise en forme qui devaient être exclusivement réservées aux habitants, des colons romains qui avaient participé à la conquête d’occupation. Ils bénéficiaient des spectacles donnés en plein air : théâtre, lutte entre animaux qui avaient lieu dans les arènes. L’empereur Vespasien avaient crée dans ces villes romaines des lieux d’aisance publiques qui ont gardé jusqu’à aujourd’hui leur nom d’origine « les vespasiennes ». Quand aux autochtones, on ignore leurs conditions de vie. Apulée et Saint Augustins auraient dû leur consacrer un livre au moins pour informer les descendants sur le sort qui leur était réservé puisqu’ils avaient ce privilège rare à l’époque de pouvoir écrire en latin.
Les villes romaines étaient exclusivement réservés aux Romains et à leurs alliés En tous les cas, nous savons une chose importante de ces temps là, c’est que les Romains appelaient l’Algérie, le grenier de Rome. Mais l’Empire romain a commencé à Carthage, il s’est étendu à l’Algérie et vers l’Est, il s’est prolongé jusqu’à El Quods en Palestine. Mais les villes qui retiennent le plus notre attention, c’est Carthage, Alger, Tamenfoust, El Quods, pour leurs nombreux vestiges historiques, une superposition de ruines phéniciennes et romaines. A Alger, en creusant profondément pour les travaux du métro, on a découvert les vestiges d’une ville ancienne qui remonte à une époque lointaine, des mosaïques et des carreaux de faience d’une rare beauté tapissant les murs. Nous savons que les Phéniciens sont venus à partir du 9e ou 8e siècle avant l’ère chrétienne. C’étaient des marchands venus de Tyr (Liban) qui sillonnaient, par les vieux bateaux de l’époque, la côte méditerranéenne, pour pratiquer le commerce des denrées de consommation courante comme l’huile d’olive.
Au fil du temps, ils ont su rendre leur commerce florissant en fondant des comptoirs des deux côtés de la Méditerranée, à Tanger, Ténès, Alger Tamenfoust, Tunis, Carthage, et Monaco de l’autre côté ; n’oublions pas que même l’appellation « Monaco » est d’origine phénicienne. Il y avait peut-être d’autres villes portuaires phéniciennes et que nous ne connaissons pas. On sait que les Phéniciens ont contribué à l’amélioration de la production de l’huile par la qualité et la quantité, à partir du moment où ils ont introduit la greffe de l’olivier. Ce qu’on ressent devant un paysage de ruines, des émotions et une envie d’en savoir plus sur les mercenaires romains qui ont habité les villes, et après qu’ils aient remporté la victoire contre les autochtones, nos lointains aieux, ils ont fondé les villes : Tipasa, Cherchell, Souk Ahras, Tebessa, khenchela et quelques cités urbaines de moindre importance telles Tigzirt sur mer, Mila dont les ruines ont mises à jour tout récemment. Ainsi, les soldats romains, étrangers au pays, se sont installés contre la volonté des gens du pays, ils se sont emparés des richesses et cela a duré plus de quatre siècles. Aujourd’hui, ces ruines sont devenues des sites touristiques qui font partie du patrimoine mondial et qui sont de grande valeur.

Ruines individuelles en milieux isolés
C’est des ruines les plus déconsidérées et que nous trouvons intéressantes à plus d’un titre. Il s’agit de vestiges ayant appartenu, jadis, à des familles du pays et livrés à l’abandon. Personne ne se donne la peine de les visiter. On ne connait de ces maisons en ruines, par qui elles ont été habitées et en quelle période. Des fois, il s’agit d’habitations en terre qui ont résisté à tous les vents et tempêtes dont il ne reste que le bas des murs. Et, pourtant que de récits historiques peuvent-ils faire l’objet ! Et des récits passionnants pouvant inspirer des écrivains en mal de situations fantastiques. Là, il y avait avant un moulin à moudre le blé ou l’orge. Il n’en reste maintenant que des ruines, des restes de pans de murs, quelques tuiles encore accrochées à un coin comme pour défier le temps, vestige d’un toit disparu depuis bien longtemps. Et, au milieu du sol, on voit dispersées quelques grosses pièces comme les meules, et l’axe en acier autour duquel elles ont tourné pendant des décennies pour moudre les grains que les citoyens rapportaient à dos d’ânes. Avec l’introduction de l’électricité, le moulin a été modernisé, il a marché plus vite et a pu satisfaire tous les clients du jour, alors qu’avant, il fallait des fois revenir le lendemain. Et que d’histoires en lien avec le moulin on a racontées, quelques unes sont tristes, telle celle d’un vieillard tombé raide mort en soulevant un sac de semoule de près de quarante kilos pour l’installer sur le dos de son âne. Il est arrivé des accrochages entre le meunier et des clients non contents de la mouture. Dans un endroit, il y’a ces ruines d’une maison anciennement habitée par des générations d’une famille nombreuse et influente. Elle possédait des terres immenses et bien travaillées du vivant de ses membres. Rien ne pouvait dire, du temps de la prospérité, qu’elle allait disparaitre, et pourtant, c’est ce qui allait se produire.
Les membres de cette familles partaient un à un, soit en mourant, soit en choisissant d’aller vivre ailleurs sous d’autres cieux et cela pendant des générations jusqu’au jour où la maison s’est vidée et cela, depuis près d’un siècle, petit à petit, elle est tombée en ruines petit à petit, au début personne ne s’en rendait compte, mais au fil des décennies, la maisons perdait tout ce qui faisait son charme, la toiture se détériorait, les murs se disloquaient.

On aime les ruines, par goût des vestiges historiques
On les visite comme touriste pour aller à la découverte des vestiges important. Cela fait partie de l’histoire du pays, on y va comme si on se rendait à un musée. Et que de musées nous avons, quelques uns sont même à ciel ouvert, qui ne demandent qu’à être visités. Normalement ça doit faire partie des connaissances générales. Quant aux ruines perdues dans la nature, vestiges d’habitation, de moulin, de boutique de forgeron ou de maréchal ferrant, elles méritent qu’on s’y attarde, parce que derrière chacune d’elle, il y a l’homme qu’on ne connait pas et qui a construit pour un besoin quelquefois urgent d’habiter ou d’exercer un métier manuel. Il faut se dire qu’elles n’ont pas poussé seules, et que derrière, il y a l’œuvre de l’homme. Les ruines, c’est des pages d’histoire de l’homme à décrypter.
Boumediene Abed