Documentaire sur une page sombre du colonialisme français

«Sur les traces des camps de regroupement»

Le film documentaire «Sur les traces des camps de regroupement», projeté lundi à Oran en présence de son réalisateur Saïd Oulmi, revient sur une des pages sombres de la colonisation française en Algérie.
D’une durée de 75 minutes, le film produit par l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC) et le Centre algérien pour le développement du cinéma, a été projeté au Centre de recherche en anthropologie culturelle et sociale (Crasc).
Réalisé en 2018, après un an et demi de recherches et d’investigation dans les archives à l’intérieur et à l’extérieur du pays, à travers des entretiens avec des témoins et des chercheurs ainsi que des visites menées sur des anciens sites des camps de regroupement, le film montre la souffrance des Algériens à l’intérieur de ces camps imposés par les colonialistes français, à partir de 1955, sur ordre des généraux Français, notamment Soustelle, dans le but d’isoler les moudjahidine de l’ALN de la société. M. Oulmi a présenté, à travers ce film, des témoignages vivants d’hommes et de femmes algériens des régions des Aurès et d’El-Bayadh ayant porté sur la façon dont ils ont été chassés de leurs maisons et leurs terres par le colonisateur français, qui les a brûlées, pour les transporter ensuite vers des camps de regroupement. Leurs conditions de vie dans ces lieux étaient insoutenables et inhumaines: ils dormaient à même le sol et à la belle étoile, avant de recourir à la construction de huttes. Ils ne trouvaient rien à manger au point où un certain nombre d’entre eux sont morts de faim et de détresse.
Le réalisateur a également présenté des témoignages oraux, écrits et des photographies de Français, dont certains étaient à l’époque infirmiers ou photographes au sein de l’armée coloniale française en Algérie. Ils ont reconnu la brutalité avec laquelle les officiers et soldats français avaient traité les Algériens sans défense, portant atteinte à leur dignité et causant leur mort et celle de leurs enfants de faim et de maladies.
A la fin de la projection, M. Oulmi a indiqué que ce travail contribue à présenter «une des pages noires du colonialisme français, plein de tragédies qui ont coûté la vie à des millions d’Algériens».
Il a en outre souligné l’importance pour les chercheurs en histoire d’aborder d’autres aspects des effets du déplacement des Algériens vers les camps, y compris l’impact psychologique de ce crime qui peut s’étendre à d’autres générations.
Il a appelé aussi à la préservation des sites des camps de regroupement comme preuves matérielles des crimes du colonisateur ainsi qu’à l’organisation de visites au profit des jeunes pour leurs faire connaître l’horreur du colonialisme français.
R.C.