Témoignages accablants et douloureux des derniers Moudjahidine

Serkadji, Casbah d’Alger, Moudjahidine et Guerre de libération

Livrant leurs témoignages accablants lors de la rencontre organisée avant-hier à Alger par l’Association «Mechaâl Echahid» sur le rôle de La Casbah à l’époque de la colonisation française, de nombreux moudjahidine, comme c‘est le cas de Boualem Cherifi et Mahmoud Arbadji, ont remonté dans le temps pour apporter des aveux pesants sur les moments horribles qu’ils ont vécu à La Casbah et la prison de Serkadji sous l’emprise des soldats français.
A l’occasion de la Journée nationale de La Casbah célébrée le 23 février de chaque année, le temps était de célébrer le rôle crucial de La Casbah, cette vielle médina d’Alger qui a été, à l’époque du colonialisme français, le théâtre de grands événements qui sont, aujourd’hui, racontés par les moudjahidine. «Elle a joué un rôle majeur durant la révolution nationale», témoigne le moudjahid Boualem Cherifi, présent à la rencontre tenue avant-hier à Alger. A cette allégation, il a apporté son témoignage sur l’évasion collective de la prison de Serkadji (ex-Barberousse) survenue en février 1962, appelant à mettre en lumière cet événement, tant que «certains moudjahidine témoins de cette évasion sont encore en vie», exprimera-t-il. Témoignant davantage l’époque qu’il a vécue dans la prison de Serkadji en présence de nombreux d’autres moudjahidines, Boualem Cherifi a fait savoir que «les moudjahidines ont, à l’époque, réussi la première opération d’évasion grâce à une bonne organisation et une haute mobilisation», citant le rôle pionnier de certains moudjahidine dans cette évasion, y compris le regretté Mustapha Fettal et Mohamed Bousmaha, un officier de la wilaya IV, affirmant que les moudjahidine «n’avaient aucunement confiance en l’occupant français qui infligeait aux Algériens toute sorte de torture et de sévices», témoigne-t-il.
Il a également appelé à «accélérer le processus de transformation de la prison en musée afin de préserver cet endroit, étant un lieu qui témoigne de l’horreur de l’occupation française et des sacrifices des Algériens». Remontant dans le temps, le même moudjahid a rappelé, aussi, le rôle important de La Casbah pendant la Révolution en tant que lieu de rencontre des hauts cadres de l’ALN, tout en soulignant que la vielle ville a rayonné à travers l’histoire, notamment à l’ère ottomane, étant «un centre de civilisation, historique et politique», rapporte-t-il.
Pour sa part, le moudjahid Mahmoud Arbadji, présent également à la célébration de la Journée nationale de La Casbah, a mis en avant le rôle de ses habitants pendant la Guerre de libération, évoquant à l’occasion le parcours de son frère chahid Abderrahmane Arbadji. Pour le membre de «La Fondation Casbah», Réda Amrani, l’histoire de la Casbah est liée à la mer, d’où l’importance de sa réhabilitation, au vu des vestiges sous-marins qui témoignent de son histoire ancestrale. Rappelons-le, la rencontre à laquelle ont pris part plusieurs moudjahidine sur la Journée nationale de La Casbah, a été ponctuée par plusieurs interventions de moudjahidine originaires de La Casbah qui ont appelé à la préservation de cette ancienne ville et à rendre hommage aux martyrs de la Révolution, tout en condamnant les pratiques de torture exercées par les forces de l’occupant français.
L’espoir des derniers Moudjahidine en vie est de voir la symbolique Casbah d’Alger et l’historique prison de Serkadji en jaillissement et sous protection, pour que les nouvelles générations algériennes puissent voir, revivre et apprendre l’histoire et les grands événements des anciennes villes.
S. Abi