Monument cultuel le plus emblématique d’Alger

Mausolée de «Sidi Abderrahmane Thaâlibi»

Construit au 17e siècle à l’ère ottomane, le Mausolée de «Sidi Abderrahmane Thaâlibi», le plus célèbre des sites cultuels et spirituels d’Alger, ne cesse de susciter respect et considération des Algérois qui ont érigé ce théologien, savant et saint-patron, en père spirituel de leur ville des siècles durant.

Situé à la Basse Casbah, le Mausolée de «Sidi Abderrahmane Thaâlibi» est devenu, aujourd’hui, un complexe «cultuel et culturel» regroupant plusieurs sites et structures historiques, «restaurés récemment», a déclaré à l’APS, la responsable du bureau d’études techniques en charge de l’opération de restauration, «MonArt», Naïma Messaoudi. Le site est, aujourd’hui, flambant neuf. Outre le mausolée, la restauration a également touché la mosquée le jouxtant et d’autres tombeaux dans divers endroit de ce complexe, où sont inhumés des gouverneurs d’Alger et des érudits de l’ère ottomane, en plus d’autres espaces qui seront dédiés, une fois le site ouvert au public, à des fins «cultuelles et culturelles», précise Mme Messaoudi. S’étendant sur 2.300 m², ce site relevant du secteur sauvegardé de la Casbah d’Alger, classée patrimoine mondial de l’Unesco, permet au visiteur d’explorer les recoins de ce site riche de faits historiques, où se trouvent notamment les tombeaux de saints patrons, en l’occurrence, Wali Dada, Sidi Mansour, Sidi Flih et Sidi Ouadah. Le Mausolée de Thaâlibi reste, cependant, le plus vaste et le plus beau. L’espace abritant le mausolée est empreint de spiritualité et de mysticisme. La chambre sépulcrale est dotée d’un mihrab orné de zellige authentique qu’on retrouve également sur les murs. On y trouve également de nombreuses colonnes de marbre et un moucharabieh à l’entrée. Le plafond comporte des motifs et formes géométriques représentatifs de l’art musulman. Plusieurs lustres ornent la salle du cercueil, notamment un en bronze, offert par la reine Victoria d’Angleterre, lors de la visite de son fils, le roi Edouard VII et de son épouse. Autour du cercueil, on retrouve des «Khelwa» (lieu de retraite et de méditation), qui se distinguent par leurs portes en bois. Le lieu possède un minaret de style maghrébin sur trois étages qui surplombe la mer. D’autres espaces tels que la «salle de prière», la «douira», le «musée» et le «cimetière des Tolba» peuvent également être visités. L’aspect historique de ce monument se manifeste par l’architecture spécifique de ses édifices, construits et rénovés à travers différentes époques par les deys d’Alger. C’est aussi le lieu où sont inhumés plusieurs gouverneurs d’Alger de l’ère ottomane, dont le Dey Mustapha Pacha et Ahmed Bey, l’icône de la résistance populaire dans l’Est algérien, ainsi que d’éminentes personnalités culturelles à l’instar de Kaddour ben Merad Turki, dit Roudouci, fondateur de la première maison d’édition et de la première imprimerie algérienne «L’imprimerie Thaâlibia».

L’ouverture prochainement…
Mme Messaoudi précise que «la wilaya d’Alger à laquelle a été confié le dossier de la Casbah, a pris en charge la restauration de ce complexe qui était dans un état de dégradation avancé», ajoutant que les travaux qui avaient débuté en 2018 et pris fin en 2022, étaient accomplis par des mains artistiques algériennes et avec des matériaux authentiques et intemporels telles la pierre et la chaux.
Cette restauration «a été techniquement contrôlée et accompagnée par l’Agence nationale des secteurs sauvegardés (ANSS)», a-t-elle ajouté, précisant que «les opérations de restauration ont permis de découvrir l’usage de la technique très ancienne de polychromie qui caractérisait principalement le cercueil, le moucharabieh, les fenêtres et les portes». Ce complexe comprendra, désormais, «trois circuits suivant un cadre administratif organisé, le premier à caractère touristique, permet de faire le tour du complexe en vue de connaitre son histoire et ses structures religieuses et spirituelles, y compris les mausolées, la mosquée, un musée sur Thaâlibi et le cimetière des Tolba, tandis que le deuxième à caractère religieux inclut une salle de prière ouverte et une école coranique. Le troisième circuit concerne les rituels suivis lors des visites à l’occasion des fêtes religieuses dont la Mawlid Ennabaoui». Ce mausolée cultuel et funèbre, qui constitue «un joyau patrimonial où l’on se laisse gagner par la quiétude et la sérénité», était à l’ère ottomane «une grande institution religieuse et sociale», a-t-elle dit. Pour sa part, le directeur de l’aménagement urbain et de la restructuration des quartiers de la wilaya d’Alger, Abdelkader Ghida a fait savoir que la wilaya d’Alger a dégagé une enveloppe de près de 32 milliards de centimes pour les travaux de réhabilitation. Le wali d’Alger a confié le gardiennage et le nettoyage à la Régie foncière de la ville d’Alger (RFVA), a-t-il précisé, indiquant que la direction des affaires religieuses prendra en charge l’aspect religieux, en affectant trois imams pour assurer sa gestion interne. Né aux Issers dans la région d’El Mitidja, Sidi Abderrahmane Thaâlibi (1384-1479) est un penseur et théologien qui, en quête de savoir, s’est rendu à Béjaïa avant de continuer son apprentissage en Tunisie, en Egypte, en Arabie Saoudite et en Turquie. A son retour au pays, il consacre sa vie à l’enseignement des sciences religieuses. Abderrahmane Et-Thaâlibi compte à son actif plusieurs ouvrages dont «les Bons joyaux dans l’interprétation», «Les lumières éclatantes dans l’union de la loi et de la vérité» et «les nobles sciences dans l’observation des états de l’autre monde».
R.C.