« Cinéma algérien et Guerre de libération nationale : l’image du héros »

Un essai signé Abdelkrim Tazaroute paraît aux éditions ANEP

Dans son ouvrage «Cinéma algérien et Guerre de libération nationale: l’image du héros», le journaliste et critique de cinéma, Abdelkrim Tazaroute porte un éclairage sur le cinéma algérien dédié au combat libérateur à travers ses hauts faits et héros portés à l’écran au lendemain de l’indépendance.Paru récemment aux éditions Anep, cet essai de 129 pages, remonte aux premiers films qui ont marqué le 7e art algérien, consacré, durant les premières années, à des productions mettant en valeur les sacrifices du peuple algérien et glorifient le combat libérateur et ses héros.
Préfacé par l’universitaire et critique de cinéma, Ahmed Bedjaoui, l’ouvrage revisite le jeune cinéma algérien, né d’abord dans le maquis, à travers les premières œuvres documentant de hauts faits de guerre.
Dans sa préface, Ahmed Bedjaoui, souligne que ce livre a le mérite de «contribuer à raviver la mémoire nationale et pose des questions importantes sur la filmographie dédiée à la guerre de libération, fondatrice de la personnalité nationale contemporaine».
Subdivisé en trois parties, l’ouvrage donne une chronologie des premiers films dédiés au combat libérateur. Pour l’auteur, l’Algérie indépendante, «misait sur le cinéma» pour perpétuer la mémoire des héros de la nation durant la guerre de libération. Dans la première partie intitulée «Révolution sur grand écran», l’auteur s’étale sur la production de films sur l’histoire de l’Algérie notamment ceux consacrés à la Révolution de Novembre, réalisés depuis les années 1970 aux plus récents des jeunes cinéastes algériens qui n’ont pas abandonné la thématique historique.
Les premières productions cinématographiques ont vu le jour en 1965 avec «Une si jeune paix», une fiction de Jacques Charby, suivie de «L’Aube des damnés», un long- métrage documentaire d’Ahmed Rachedi, puis «La nuit a peur du soleil» de Mustapha Badie, «Le vent des Aurès» Hamina, «Hassan Terro» de Mohamed Lakhdar ou encore «La bataille d’Alger»», un long-métrage de Gilio Pontecorvo sorti en 1966 qui restitue la bataille d’Alger de l’année 1957.
Au début des années 1970, Ahmed Rachedi réalisera «L’opium et le bâton», Mohamed Zinet signera «Tahia ya dido» et Amar Laskri sort «Patrouille à l’Est», qualifié par l’auteur de «chef-d’œuvre du cinéma réaliste de la vie au maquis».
L’ouvrage revient également sur les films réalisés par des cinéastes engagés et militants anticolonialistes, à l’image de René Vautier, Pierre Clément et Cécile Decugis, militante du réseau Jeanson (Porteurs de valise) qui réalisera en 1957 «Les réfugiés», «premier court-métrage algérien».
Dans une démarche analytique sur cinéma algérien et les premières œuvres dédiées à la guerre de libération, l’auteur associe des professionnels du 7e art qui ont apporté des éclairages sur la production cinématographique consacrée à la guerre de libération, décryptée par le prisme de la thématique, de l’esthétique et du personnage-héros.
Dans la deuxième partie, l’ouvrage porte un regard rétrospectif sur une sélection de treize films dédiés à la guerre de libération tel que «La Bataille d’Alger» (1966) de Gillo Pontecorvo, l’un des premiers films sur le combat libérateur, «Chroniques des années de braise» (1975) de Mohamed Lakhdar Hamina.
D’autres productions plus récentes retraçant le parcours de chefs historiques de la Guerre de libération, comme «Ben Boulaid» (2008), Zabana ( 2012), «Krim Belkacem» (2014) et «Larbi Ben M’hidi» (2017) font partie de cette filmographie historique, en plus de fictions relatant des faits de guerre comme «Nous n’étions pas des héros» de Nasreddine Guenifi et «Héliopolis» de Djaffar Gacem.
L’auteur a également rendu hommage à des cinéastes et figures marquantes de la scène artistique algérienne, à travers des portraits dédiés à de grands noms du 7e art algérien comme les comédiens disparus Sid Ali Kouiret, Rachid Farès, Mustapha Preure, Chafia Boudraâ, Ahmed Benaissa, Said Hilmi, le producteur Yacef Saâdi, les cinéastes Yamina Bachir-Chouikh, Cherif Aggoune ou encore Farouk Beloufa.
Journaliste et cinéaste, Abdelkrim Tazaroute est l’auteur de plusieurs documentaires et ouvrages sur la musique et le cinéma.
«Cinéma algérien et guerre de libération, l’image du héros», est le troisième essai sur le 7e art algérien de ce critique de cinéma, membre du jury de plusieurs festivals en Algérie.
R.C.