L’entité sioniste : Dernier foyer colonial purulent de l’impérialisme occidental (1/0)

« Dans tout le monde colonisé, la véritable souveraineté des peuples indigènes est crainte par ceux qui ne peuvent jamais vraiment complètement masquer le fait et le crime, qu’ils vivent sur des terres volées. ».

Mais, en réalité, ce regain de violence recèle également un caractère social manifeste. En effet, l’explosion de violence est l’expression de la détresse sociale des Arabes israéliens durement touchés par la crise provoquée par les multiples confinements accompagnés de l’arrêt de l’activité économique. Représentant plus de 20% de la population totale d’Israël, occupant des emplois subalternes et précaires, souvent mal payés, précipités violemment dans le chômage et la paupérisation depuis la crise sanitaire de Covid-19, ces Arabes israéliens constituent une véritable bombe sociale. Pareillement pour le prolétariat juif israélien précipité dans la précarité et le désarroi social, pris en tenaille par la crise économique et la réaction religieuse, incarnée par les partis confessionnels judaïques hissés au pouvoir. Sans conteste, il n’est pas dans l’intérêt des gouvernants sionistes de voir surgir une convergence des luttes entre les prolétaires juifs et « arabes israéliens ».
Comme à l’accoutumée, non sans nous surprendre, ce qui était initialement une réelle révolte sociale menée au cœur d’Israël par la courageuse population arabe prolétarienne a été dévoyée par le Hamas, ces planqués de l’au-delà des frontières, par ses tirs de roquettes lancées sur les villes israéliennes (la plupart des roquettes a été interceptée par la défense antimissile) depuis la bande de Gaza qu’il dirige d’une main d’enfer. Après plusieurs jours de mobilisation des Arabes israéliens en soutien à des familles arabes de Jérusalem-Est, menacées d’expulsion de leurs logements, le Hamas, par opportunisme, a décidé d’entrer en lice (pourquoi depuis des années n’avait-il pas lancé un front de guerre en attaquant Israël ? Préférant aujourd’hui saborder le front social ouvert au cœur d’Israël par le prolétariat arabe). Son dessein machiavélique est non seulement de prendre la tête de la mobilisation initiée spontanément par les Arabes israéliens pour imposer son agenda islamiste à l’ensemble du mouvement palestinien, mais surtout, par ses déploiements de force ou plutôt coups de farce, d’être reconnu par l’État israélien comme l’unique légitime représentant des Palestiniens, au détriment de son rival (adversaire, ennemi ?), l’OLP. Pour preuve de son opportunisme, aussitôt lancés les premiers missiles, le Hamas a lancé plusieurs appels au cessez-le-feu. Espérant ainsi être invité à la table de négociation de l’État sioniste. Quoique le mouvement islamiste tente de s’imposer comme une force incontournable par sa stratégie de nuisance contre Israël, l’État sioniste n’est pas disposé à négocier avec le Hamas. Ni, à plus forte raison, le reconnaître comme partenaire diplomatique. Pour le moment, dans cette tentative de récupération de la révolte sociale des Arabes israéliens par le Hamas, au moyen de l’ouverture calculée d’un front de guerre asymétrique (car le Hamas n’a ni les moyens militaires ni l’envie de mener une guerre contre Israël, il cherche juste une reconnaissance officielle par la pression de l’usage du lancement des roquettes), ce sont les civils qui sont les principales victimes des massacres. Comme le notait judicieusement un commentateur algérien : « Comme toujours, lorsque les islamistes, passagers clandestins des Révolutions, prennent le volant du camion, vous pouvez être sûrs qu’il emmènent le camion droit dans l’impasse ou dans le fossé ! ». (…) « Si les Oulémas algériens avaient pris les rênes de la Révolution algérienne, l’Algérie serait encore une colonie », avait-il, à juste titre, conclu. Hier comme aujourd’hui, les masses prolétariennes palestiniennes sont seules, prises en otage par leurs prétendus représentants et les États arabes alliés de l’État hébreu et de l’impérialisme. Elles ne peuvent compter ni sur l’OLP, compromise avec l’entité sioniste, ni, à plus forte raison, sur les islamistes du Hamas qui ont imprimé une dimension confessionnelle au noble combat anticolonial des Palestiniens. L’implication opportuniste du Hamas de Gaza dans le mouvement de révolte antigouvernemental engagé par les prolétaires palestiniens d’Israël a pour dessein de transformer une révolte sociale en guerre par procuration.
Comme le soulignait à juste titre le site d’information libanais Daraj, « en déplaçant l’affrontement de Jérusalem à Gaza, le Hamas a rendu un service au gouvernement de Nétanyahou. » « L’oppression israélienne s’étalait au grand jour devant les yeux du monde, et personne ne pouvait mettre en doute que les Palestiniens étaient dans le rôle des victimes. Leur cause paraissait juste et c’était le moment de redonner vie à cette cause, après une longue éclipse. Mais le Hamas en a décidé autrement, en saisissant l’occasion pour transférer l’affrontement de Jérusalem à Gaza. Au lieu d’une intifada de la population civile en butte à une puissance d’occupation inique, on a donc désormais affaire à une guerre balistique. Israël n’a qu’à s’en féliciter, puisque cela lui permet de détourner l’attention. Au lieu de regarder les crimes commis par les colons, le monde extérieur a maintenant les yeux braqués sur le mouvement islamiste soutenu par l’Iran. Il y aurait pu y avoir une troisième intifada… ». En effet, par leur lutte contre les expulsions et les injustices sociales, les Arabes israéliens auraient pu conquérir la sympathie et le soutien du prolétariat juif israélien pareillement exaspéré par les mesures liberticides du régime sioniste, accablé douloureusement par la crise économique. Mais les roquettes du Hamas ont torpillé cet élan de solidarité, l’amorce d’une union entre les prolétaires arabes et juifs d’Israël contre l’État sioniste dirigé par une coalition d’extrême-droite honnie, fragilisée par la conjoncture de crise, aggravée par les successives mesures de confinement avec son lot d’interruption de l’activité économique pécuniairement préjudiciable pour l’ensemble du prolétariat israélien. Par la faute du Hamas, la cause palestinienne, problème colonial par essence, a été métamorphosée en guerre de religion entre juifs et musulmans, en combat intra-ethnique (entre la même population sémitique déchirée uniquement par des dissensions religieuses). La cause palestinienne a perdu son caractère politique et colonial. Indubitablement, ces trente dernières années, à la faveur de l’expansion de l’islamisme, la question palestinienne a été totalement phagocytée par ces entités réactionnaires islamistes. Nul doute, la cause palestinienne s’est diluée en combat religieux. De problème colonial international, la question palestinienne, par la faute des islamistes, a été fondamentalement dévoyée, transformée en guerre confessionnelle entre musulmans et juifs. Aussi a-t-elle perdu, aux yeux de l’opinion publique internationale, son caractère politique, sa matrice colonialiste.
Par ailleurs, l’islamisme sert d’alibi à Israël pour maintenir et pérenniser sa politique de la terre brûlée. Au vrai, comme l’a souligné un commentateur algérien : « l’islamisme et le sionisme ont des intérêts convergents, pour ne pas dire des intérêts identiques, dans la mesure où ils justifient, garantissent et pérennisent l’existence l’un de l’autre. Car la pérennité de l’entité sioniste et la garantie de sa domination perpétuelle sur ses voisins proches et lointains, requièrent que cette entité soit entourée de micro-états vassaux basés sur la religion et/ou sur l’ethnie . Ainsi, cette entité raciste basée sur la religion entourée d’entités racistes basées sur la religion ferait oublier sa nature de vestige colonial qui devrait disparaitre en tant que tel et n’apparaîtrait pas comme un anachronisme ». Assurément, outre la question sociale, le conflit israélo-palestinien revêt une dimension coloniale. Et l’unique solution : la décolonisation de la Palestine. Il n’y a pas deux narratifs possibles de ce conflit. Fondamentalement, nous avons affaire à une occupation territoriale par une entité sioniste dotée de l’armée la plus puissante du monde, coiffée de l’arme nucléaire. D’aucuns, en bons démocrates bourgeois, s’élèvent pour appeler la « communauté internationale » à réagir. Qu’est cette « communauté », sinon une fiction bourgeoise pour occulter les instances nationales et internationales de la classe dominante. S’agirait-il de ce « machin » dénommé ONU ? N’est-ce pas l’ONU, cette instance diplomatique de l’impérialisme mondial, qui a voté le 29 novembre 1947, de manière illégale et illégitime, le plan de partition de la terre palestinienne ? Où était la communauté internationale au moment de cet Hold-up territorial sioniste perpétré en Palestine ? En effet, c’est en 1948, année de « l’indépendance » israélienne selon l’historiographie dominante (en fait le 14 mai 1948 marque le début officiel de l’occupation militaire sioniste de la majorité de la Palestine, avec l’appui conjoint de Truman et de Staline), que les sionistes ont expatrié de force des centaines de milliers de palestiniens de leurs propres foyers et de leurs terres. Du jour au lendemain, par décision de l’ONU, le peuple palestinien a perdu son territoire national, désormais propriété de l’entité sioniste appelée « Israël ». Lors de cette dramatique spoliation, plus de 750.000 palestiniens ont été expulsés, réduits au statut de réfugiés. Cette expropriation s’est accompagnée de massacres de dizaines de Palestiniens, de destruction de centaines de villages (Deir Yassin), de pillages. C’est la fameuse Nakba, la grande catastrophe. Rappelons que, du point de vue des juifs orthodoxes antisionistes, la création de l’entité sioniste constitue également une catastrophe pour la « communauté juive », du fait de l’hérésie du projet sioniste. Car la Thora interdit aux juifs en exil d’avoir une domination juive en Terre sainte, autrement dit la Palestine. Mais les sionistes n’ont cure des textes sacrés hébraïques. Seule compte leur entreprise coloniale diabolique, qui leur permet de mener une vie paradisiaque, aux dépens de la population palestinienne erratique et famélique. Mandela l’a dit de façon catégorique : « Nous savons tous parfaitement bien que notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ». La libération de la Palestine de l’Apartheid sioniste est par conséquent l’affaire de tous les anticolonialistes.
Et pourtant cette terre appartient au peuple palestinien, proclament en chœur tous les anticolonialistes du monde entier, en dépit des dénégations sionistes. Le Tribunal de l’Histoire se chargera de rétablir la vérité. Galilée a triomphé contre l’imposture « scientifique » ecclésiastique. La cause palestinienne aura raison de la mystification sioniste. Tout comme le système erroné géocentrique a fini par disparaître de l’univers scientifique, la disparition d’Israël, dernier vestige colonial occidental, est inscrite dans le mouvement de l’Histoire.
Cependant, le sionisme ne s’effondrera pas pacifiquement seul par miracle. Seule une lutte mondiale de tous les anticolonialistes, particulièrement du prolétariat (car toutes les classes bourgeoises et dirigeantes du globe, particulièrement celles du monde arabe, sont complices et compromises avec le sionisme – plusieurs pays arabes, Bahreïn, Émirats arabes unis, Maroc, Soudan, ont même récemment normalisé leurs relations avec Israël -), pourrait neutraliser l’extension et annihiler la pérennité de l’entreprise coloniale sioniste. En tant que tête de pont impérialiste et abcès purulent colonialiste, Israël doit être combattu par tous les anticolonialistes. En réalité, seule la révolution prolétarienne mondiale pourrait abolir le sionisme par la démolition de l’État d’Israël (bien évidemment non des juifs : la lutte contre le sionisme vise le système colonial et les privilèges qu’il institue et non la présence physique de la communauté juive. Le FLN algérien n’avait jamais réclamé le départ des Européens d’Algérie, tout comme le mouvement de Mandela ne préconisait pas l’expulsion des Blancs), mais également de tous les États artificiels islamistes de cette région (dirigés par des dictatures féodales alliées de l’impérialisme), pour favoriser subséquemment l’établissement d’une confédération sans frontières étendue à tout le Moyen-Orient, au sein de laquelle tous les habitants (« Arabes », « Juifs », « Kurdes ») vivront librement en symbiose, dans le cadre d’une nouvelle communauté humaine universelle sans classe.
Suite et fin
Khider Mesloub