Défis collectifs et menaces globales

La Chine, les USA, l’Europe face aux enjeux géostratégiques en Afrique

En ce début du 21e siècle, des disparités de niveau de vie criantes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur les six milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud – a moins d’un (1) dollar par jour de revenu. Si dans les pays du Nord, 5% de la population souffrent de malnutrition, ce taux monte à 50% dans les pays du tiers-monde.

Les sujets tels que l’intensification de la pauvreté et le sous-développement des pays africains ainsi que la constante marginalisation de l’Afrique nécessitaient une nouvelle intervention radicale, menée par des leaders africains, qui aurait une nouvelle vision garantissant la régénération de l’Afrique. C’est un plan d’action détaillé tiré du document-cadre du Nepad. Le programme d’action du Nepad est une initiative de développement durable holistique, complet et intégré pour la régénération de l’Afrique. Quant aux objectifs du Nepad, ils sont essentiellement cinq : supprimer la pauvreté ; placer les pays africains, tant individuellement que collectivement, sur la voie d’une croissance et un développement durable; mettre fin à la marginalisation de l’Afrique dans le processus de globalisation ; accélérer la libéralisation de la femme et intégrer l’Afrique dans l’économie mondiale. Aussi, les principes fondamentaux du Nepad sont d’ancrer la reconstruction du continent sur les ressources des populations africaines ; favoriser un partenariat avec et parmi les Africains; former un nouveau partenariat avec le monde industrialisé en s’assurant, entre autres choses, qu’il n’y ait plus de déséquilibre entre l’Afrique et le monde développé et s’engager à assurer que tous les partenariats avec le Nepad soient liés aux objectifs de développement du nouveau millénaire. Quant aux priorités, elles découlent des principes précédents qui peuvent s’articuler autour des axes interdépendants suivants :
a – Etablir des conditions favorables au développement en assurant la paix et la sécurité, la démocratie, la bonne gouvernance politique, économique et d’entreprise, avec un accent sur la gestion financière publique, la coopération et l’intégration sous- régionales ;
b– Changer les politiques et renforcer les investissements dans les secteurs, notamment l’agriculture qui est la priorité des priorités en raison de la famine croissante.
C’est pour tenir compte de ces contraintes qu’en mai 2002, le Nepad a établi, en collaboration avec la FAO, un « Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine » qui propose plusieurs initiatives axées sur la réalisation d’investissements dans trois « secteurs fondamentaux ».
Ces derniers seront dès lors susceptibles de contribuer à l’amélioration de l’agriculture, de la sécurité alimentaire et de la balance commerciale des pays africains. Un quatrième « secteur fondamental » est retenu, par la suite, qui fournira le « soutien scientifique nécessaire pour assurer la productivité et la compétitivité à long terme » de l’agriculture. Car la production agricole est triplement handicapée : – par l’irrégularité des précipitations, problème (le pourcentage de terres arables irriguées n’est que de 7% pour le continent, 3,7% pour l’Afrique subsaharienne; comparativement, il est de 10,29% en Amérique du Sud et de 41% pour l’Asie de l’Est, du Sud-Est et du Sud). Par la faiblesse des sols en éléments nutritifs : 16% des sols qui ont de faibles réserves en éléments nutritifs; à titre comparatif, 4% seulement des sols asiatiques sont touchés par ce problème, par la faible productivité des engrais qui serait inférieure à celle de l’Asie de 36% et à celle des pays développés de 92%. Pour cela, il s’agit également d’accorder une priorité au développement humain, particulièrement la santé, l’éducation, les sciences et technologies et le développement des compétences ; le renforcement et l’amélioration des infrastructures, y compris l’eau, le gaz, l’électricité, la technologie d’information et de communication (TIC) ; la promotion de la diversification de la production et des exportations, y compris la promotion de l’agro-industrie, des usines, des mines, des profils minéraux et du tourisme. Pour cela, il s’agira de mobiliser les ressources en renforçant l’épargne et les investissements nationaux par l’intégration, loin de mesures autoritaires de la sphère informelle dominante; l’amélioration de la gestion des revenus et des dépenses publiques ; la consolidation du flux de capitaux par plus de réduction de dettes, l’objectif étant de renforcer la participation de l’Afrique dans le commerce mondial. Et ce, afin que l’Afrique devienne plus efficace en termes de politique de développement au niveau international, s’assurant ainsi que les besoins du continent sont pris en considération, dans les négociations de l’OMC par exemple ; que l’intégration sous- régionales soit plus accélérée et que l’Afrique respecte davantage les principes de démocratie et la protection des droits de l’Homme. Car l’Afrique abritera en 2020 1,5 milliard d’habitants. Existant une mobilité du monde, que l’objectif est de fixer durablement les populations par un développement durable et éviter ce mythe d’eldorado artificiel, notamment l’Europe, l’Amérique ou l’Australie- Voir Abderrahmane Mebtoul notre contribution sur ce sujet à la revue internationale « Gaz d’aujourd’hui » Paris France novembre 2002 et à la revue mondiale « Pétrole et gaz arabe » en arabe, français, anglais octobre 2003).
En résumé, il est même impératif pour les pays développés et pour l’intérêt de l’humanité qu’à une vision strictement marchande se substitue un co-développement pour une richesse partagée tenant compte d’une bonne gouvernance par une lutte efficace contre la corruption qui mine les nations africaines, et de l’enjeu du XXIe siècle qui est celui d’une véritable politique écologique (tenant compte de la protection de l’environnement et du cadre de vie) impliquant une réorientation de la politique agricole, industrielle et énergétique. Le dialogue des civilisations et la tolérance sont des éléments plus que jamais nécessaires à la cohabitation entre les peuples et les nations.

Abderrahmane Mebtoul Pr des universités, docteur d’Etat en sciences économiques