Mandats d’arrêts contre quatre ex-hauts responsables pour corruption

Irak

La justice irakienne a émis avant-hier des mandats d’arrêts à l’encontre de quatre anciens responsables, dont un ex-ministre des Finances et des proches de l’ancien Premier ministre, qui sont accusés d’avoir «facilité» le vol de 2,5 milliards de dollars retirés d’un compte bancaire du fisc. Les quatre hommes, visés par ces mandats d’arrêts et un gel de leurs avoirs, faisaient partie de l’équipe de l’ancien Premier ministre Moustafa al-Kazimi. Ils sont tous à l’étranger, a reconnu un responsable au sein de l’Autorité gouvernementale anti-corruption, s’exprimant sous couvert de l’anonymat en raison de la sensibilité du sujet. Médiatisée à la mi-octobre, le «vol du siècle» comme a été surnommée l’affaire a provoqué une vive indignation dans un Irak riche en pétrole et gangréné par la corruption. Un document de l’Administration générale des impôts expliquait que les 2,5 milliards de dollars ont été subtilisés entre septembre 2021 et août 2022, via 247 chèques encaissés par cinq entreprises. L’argent a ensuite été retiré en espèces des comptes de ces sociétés, dont les propriétaires sont en fuite pour la plupart. Un juge d’instruction à Baghdad a «émis des mandats d’arrêts à l’encontre de quatre hauts responsables de l’ancien gouvernement», a indiqué avant-hier dans un communiqué l’Autorité gouvernementale anti-corruption. Ces mandats d’arrêts visent l’ex-ministre des Finances mais aussi l’ancien «directeur du cabinet» du chef du gouvernement, son «secrétaire personnel» ainsi qu’un ancien «conseiller communication», d’après le communiqué. Le texte ne donne pas de noms mais il s’agit de l’ancien ministre Ali Allawi — politicien et universitaire respecté qui avait démissionné en août 2022 et s’était dédouané de toute responsabilité quand le scandale a éclaté- – mais aussi le directeur de cabinet Raëd Jouhi, le secrétaire personnel Ahmed Najati, et le conseiller Mushrik Abbas, selon le responsable s’exprimant sous anonymat. Les quatre hommes sont accusés d’avoir «facilité le détournement de sommes appartenant au Fisc», selon le communiqué, précisant qu’ils étaient aussi visés par un gel de leurs avoirs. Ce dossier fait régulièrement l’objet d’annonces de la part du gouvernement actuel, qui veut ainsi prouver sa détermination à lutter contre la corruption, une des priorités affichées par le Premier ministre Mohamed Chia al-Soudani depuis sa nomination fin octobre.
L’ex-Premier ministre Kazimi avait toutefois défendu lui aussi son action anti-corruption, assurant que ce scandale avait été mis au jour par son équipe gouvernementale qui avait ouvert une enquête et engagé les mesures judiciaires nécessaires, selon un communiqué en octobre. n