Le gouvernement n’interdira pas le port du voile dans les écoles primaires

Danemark

Si, comme ce fut le cas en Suède et aux Pays-Bas, des bûchers de la haine ont été dressés sur son sol, lors de récents autodafés odieusement provocateurs qui ont livré le Saint Coran aux flammes de l’obscurantisme, le Danemark ne sera pas pour autant la terre d’une nouvelle chasse aux sorcières… N’en déplaise au ramassis de fous furieux nordiques qui, à l’instar du triste sire Rasmus Paludan, prennent un malin plaisir à jouer les pyromanes de la cohésion sociale, le gouvernement danois ne traquera pas le voile dans les écoles primaires. Et ce, au grand soulagement des écolières, des enseignantes ou encore des employées administratives voilées qui craignaient le pire. Il s’y refuse catégoriquement car, comme l’a annoncé Kaare Dybvad Bek, le ministre danois de l’Immigration et de l’Intégration, une telle interdiction contreviendrait à la loi en vigueur. Ce dernier a ainsi balayé d’un revers de main la motion visant à l’interdire, marquée de l’empreinte nationaliste, xénophobe et islamophobe du Parti populaire danois (DFP). Un veto gouvernemental qui ne souffre aucune discussion, ni aucun débat au Parlement qu’appelait ardemment de ses voeux le Dansk Folkeparti. « Suite à une analyse juridique, la proposition d’interdire le foulard islamique dans les écoles primaires ne peut pas être mise en œuvre dans le cadre de la Constitution et des obligations internationales du Danemark. Elle serait illégale », a expliqué le ministre de l’Immigration et de l’Intégration dans son communiqué officiel, avant d’enfoncer le clou : « Par conséquent, le gouvernement ne peut pas soutenir la proposition. Mais nous continuerons néanmoins à lutter contre la coercition et l’oppression liées à l’honneur et le contrôle social négatif ». La décision du gouvernement social-démocrate danois renvoie aussi à ses chères études la Commission pour la lutte des femmes oubliées – un organe pourtant créé par ses soins – dont les préconisations très controversées avaient appelé, en août dernier, à proscrire le hijab dans les écoles primaires pour mettre fin au « contrôle social lié à l’honneur » des filles issues de minorités. Des recommandations qui, loin de faire consensus, avaient eu pour conséquence de faire descendre dans la rue des milliers de femmes musulmanes indignées, jeunes et moins jeunes, toutes exhortant au respect de l’une des valeurs cardinales du pays : la liberté religieuse.n